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À la rencontre de NZCA Lines, ces Anglais venus du futur

À la rencontre de NZCA Lines, ces Anglais venus du futur

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Noirceur, chaos et fin du monde, c’est ce que l’on retient des paroles et de la prestation de NZCA Lines. Et pourtant ! Le concert donné à La Douve Blanche par deux de ses trois membres, Michael Lovett et Sarah Jones (manquant Charlotte Hatherley), était transcendant dans le bon sens du terme. Nous étions envoûtés par leur voix suaves et délicates, mais également par une instrumentale très futuriste, tout comme l’étaient leurs tenues ! Nous avons donc eu l’occasion d’assister à un de ces grands lives offerts par La Douve Blanche 2016, mais également d’interviewer ce binôme timide, discret et particulièrement tendre. Les deux chanteurs étaient, en effet, d’une douceur indescriptible, mais l’engouement pour la présentation de leur musique les a fait s’égarer petit à petit hors d’Égreville au fur et à mesure de l’entretien.

Manifesto XXI – Bienvenue en France, pour le festival de La Douve Blanche. Comment vous sentez-vous quant au fait de jouer devant des artistes et un public majoritairement français ?

Michael : C’est mieux, on aimerait pouvoir le faire plus souvent. On aime ça. Nous avons beaucoup de musique française dans nos influences et pourtant nous n’avons pas assez joué en France.

Manifesto XXI – J’ai vu que vous aviez d’autres dates en France.

Sarah : Nous avons une date en Normandie.

Michael : On est censés jouer au festival Pete the Monkey. Il s’agit d’un festival en Normandie. Mais on ne nous a rien dit dessus, peut-être qu’on ne jouera pas (rires). Disons qu’on est censés jouer, espérons !

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Manifesto XXI – Comme vous l’avez dit, vous êtes influencés par la musique française, par exemple j’ai pu lire par Daft Punk, entre autres.

Michael : Oui c’est très bon. C’est un bon niveau de musique. On accroche avec ce genre de musique-là.

Manifesto XXI – Comment cela a-t-il influencé votre musique ?

Michael : Par exemple, avec la musique animée, avec le film d’animation lié à l’album Discovery. (À Sarah : « Tu connais Interstella 5555 ? »). J’ai été très influencé par ça. Tout l’album a une idée générale, pourtant il ne sonne pas particulièrement science-fiction en lui-même ou comme s’il avait une histoire mais il y a tout ce film derrière l’album à propos d’aliens kidnappés par ce manager maléfique qui les force à jouer dans un groupe de pop. J’aime l’idée que l’album marche avec ou sans cette histoire. Au début, je voulais essayer de créer des images pour chaque chanson de l’album. Je ne l’ai pas fait, c’est quand même assez dur à faire. Mais j’ai fait une vidéo pour une chanson de l’album, c’était un peu comme le début. Il y a aussi les gens comme Sébastien Tellier, avec Sexuality, la façon dont c’est produit…

Sarah : Dusty Springfield.

Michael :  Dusty Springfield, French work. Nous réalisons notamment grâce à cette influence aujourd’hui !

Sarah : Est-ce que vous aviez réalisé qu’elle chante en français des fois ? Vous avez entendu ?

Michael : Sarah a pris ce CD à la maison ce matin, le premier morceau était normal et après il y avait comme…

Sarah : « Normal » (rires).

Michael : Est-ce que tu as dit « normal » ? (rires). Non mais pour Dusty Springfield je veux dire, parce qu’elle ne chante pas en français normalement !

Sarah : Pour ça, je ne sais pas!

Michael : Peut-être qu’elle le fait alors.

Manifesto XXI – Toujours concernant les influences, parlons de vos collaborations, Christine and The Queens par exemple, parce que ce n’est pas seulement pop ou électro, c’est aussi de la variété française.

Michael : Oh oui. Christine and The Queens ? De la variété française ? Qu’est-ce que cela veut dire exactement ?

Manifesto XXI – C’est un genre de musique en France. Quand il y a un vrai travail sur les paroles en français, avec des jeux de mots, par exemple. On peut aussi parler de chanson française avec des artistes comme Gainsbourg ou Brel. C’est un mouvement français typique qui essaye de « promouvoir » la musique française alors que la musique anglaise est toujours privilégiée. Que pensez-vous de ce genre de mélange dans des chansons ?

Michael : Yeah yeah yeah. C’est très intéressant parce que ça marche. Des amis français m’ont dit que nos paroles sonnaient très intelligentes en français. Je pense que je n’ai jamais été capable de les comprendre parce que je ne parle pas français.

Sarah : C’est une honte.

Michael : Ce qui est bien une honte, en effet. Christine a fait quelques traductions de chansons pour l’album avec mon frère. J’ai joué sur l’album et mon frère aussi, il joue avec elle. Donc il l’a aidée à traduire la chanson « Christine », qui est devenue « Tilted » en anglais. Il l’a aidée à traduire des paroles et certaines chansons ont maintenant des paroles anglaises. Quelqu’un m’a dit que le refrain de « Saint Claude », pour nous tous c’est… (chante le refrain), mais quand elle répète le mot, il veut dire quelque chose en lui-même mais ça en change le sens en quelque sorte. Je pense que c’est super qu’elle s’en tienne au français. Même si elle a traduit quelques chansons en anglais. Tous les artistes français… Pas tous mais bon nombre d’entre eux chantent en anglais. D’autres comme Sébastien Tellier chantent beaucoup en français. Christine aussi. C’est une bonne chose.

Manifesto XXI – Plus à propos du début de votre carrière, vous avez commencé avec des influences plus pop, comment et pourquoi êtes-vous plus orientés vers l’électro aujourd’hui ?

Michael : Le premier album était une sorte de travail solo, enfin je pense que ça l’était… J’écoute beaucoup de musique et je n’avais pas l’impression d’être autorisé à faire ce genre de musique. Je pensais qu’il fallait faire partie d’un groupe et jouer de la guitare, des trucs comme ça. J’essaye d’aller contre ça, d’offrir des options. Mon ami Charlie March est producteur, il a écouté mes démos et il a commencé à les produire en m’aidant à avoir une autre vision de tout ça. Par exemple, en écoutant du RnB et la façon dont ils enregistrent les voix et s’amusent. C’était rigolo parce que c’était différent. Maintenant que j’ai fait un album électro je vais essayer de revenir à ces influences et faire des trucs que je n’ai jamais faits auparavant. Tu peux faire vraiment ce que tu veux.

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Manifesto XXI – Est-ce que c’est parce que vous écoutiez plutôt de la pop sixties avant et que vous avez commencé à écouter de nouvelles choses, de nouveaux artistes ?

Michael : Qu’est-ce que j’écoutais… J’écoutais du RnB par exemple. Mais oui, c’étaient plutôt des trucs comme les Weezer ou les Beach Boys. Des trucs propres aux sixties. Mais aussi de la pop des eighties. Des fois, on DJ ensemble et occasionnellement, je DJ tout seul, mais si ça m’arrive, je joue des chansons pop faites pour danser, comme du Britney Spears ou du Rihanna.

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Manifesto XXI – Vous avez commencé seul, comment les autres membres du groupe ont-ils influencé votre musique ?

Michael : J’ai commencé à faire cet album de la même manière que le premier concernant l’écriture. Sarah a commencé à jouer de la batterie et tout. Le son de sa voix a aussi changé des chansons. Cela change complètement la façon dont tu conçois l’album. Quand tu es tout seul il n’y a qu’une dimension, une voix, etc. Là, ça changeait en permanence.

Manifesto XXI – Dites-moi si je me trompe, avez-vous écrit cet album lorsque vous étiez en tournée avec Metronomy ?

Michael : Plus ou moins. Disons plutôt, « fini », en quelque sorte. Quelques trucs ont été écrits sur la route aussi. Ça a pris plus de temps. Par exemple, la chanson « Persephone Dreams » : on avait les couplets, le refrain et, en commençant à l’enregistrer, on l’a rallongée. J’avais un microphone et j’enregistrais un peu quelque part et après autre part. J’ai enregistré des trucs dans des chambres d’hôtels. C’est bien mieux d’être concentré sur le travail donc, pour cela, je ne veux  pas avoir à le refaire à l’avenir.

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Manifesto XXI – Comment se déroule le processus de création ? Y a-t-il un leader ou chacun amène sa pierre à l’édifice ?

Michael : Pour cet album, c’était encore moi. Avec l’aide de Charlie March. Il me donnait des conseils, me disait ce qui sonnait le mieux, etc. Il y a différentes versions de chansons et à la fin, tu peux retourner à la première si la version initiale te semble la meilleure.

Manifesto XXI – Qui a le dernier mot ?

Michael : Charlie, je pense (Charlie March, producteur de Michael Lovett, ndlr). Il y avait une chanson, on a fait une démo, après une nouvelle démo, cela sonnait mieux, on a changé les arrangements, puis rechangé les percussions. Au final, on est presque revenus à la version d’origine. Faire de la musique peut être dur, difficile parfois !

Manifesto XXI – Quels sont vos plans pour le futur ? Plutôt faire des dates live ou écrire un nouvel album ?

Faire plus de concerts. On a un headline show à Londres en septembre. On va jouer nos chansons en live et, oui, commencer à faire de nouvelles chansons. Faire un nouvel album semble un peu bizarre maintenant, mais on va faire de nouvelles musiques rapidement.

Traduit de l’anglais par Zoé Labarrère.

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Le binôme en plein live à La Douve Blanche, 2016

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