Après presque trois semaines de confinement en France (et dans pas mal d’autres pays également), on s’attendait à ne voir plus que des clips tournés à l’iPhone dans des appartements ou des maisons de campagne. Heureusement que de superbes vidéos étaient déjà dans les cartons, pour notre plus grand bonheur. De la fête, du cirque et du ménage… c’est le Catch-Up Clips de Manifesto XXI.
Swan Melani – Long Island
« L’amour c’est avant tout le chaos. C’est une violence admirable, une chute consentie. » Avec « Long Island », Swan Melani nous invite à doucement plonger dans les profondeurs de l’ivresse amoureuse. Entre doux songe et sombre réalité, le clip raconte la quête du souvenir d’un amour perdu. La grâce et l’humilité de Swan Melani éblouissent. Sa voix vibrante se confond avec les ondulations de l’eau. L’esthétique somptueuse enivre, donne le vertige et nous élève dans un état second.
Eco Plus – Wash My Pool
Nettoyer les fonds aquatiques, récurer les océans et désinfecter la biodiversité marine, d’accord, mais avec des produits chimiques et polluants sinon ça ne serait pas aussi efficace – surtout si c’était un homme qui s’y collait ! Ce paradoxe qui joue de la provocation envers l’écologie et le statut de la femme, c’est l’idée des artistes, réalisateurs et musiciens basés à Bruxelles, Harold Lechien et Léo Luccioni aka Eco Plus, pour le clip de « Wash My Pool ». Comme pour « Velolove », Eco Plus s’attache à rire de la fascination pour les objets du quotidien, à renverser l’image des articles de consommation de masse et à les détourner de leurs fonctions initiales pour imaginer des situations aussi comiques qu’absurdes.
Zebra Katz – Moor
Il y a quelques semaines, Zebra Katz livrait au monde son premier album Less is moor. Petit à petit, il explore ses sons à travers des visus post-apocalyptiques et satyriques. Dans « Moor », il se retrouve dans un huis clos aux allures brutalistes où tout tourne mal. Nous retrouvons deux facettes de sa personnalité : l’une qui contrôle et traque, l’autre emprise de furie. Les deux parviendront-elles à trouver l’osmose ? Dans tous les cas, ce clip tombe à pic pour cette période d’isolation, dans laquelle les questionnements personnels sont à même d’émerger. Stay safe !
Train Fantôme – Coup de Crosse
Énervé, le trio Train Fantôme nous entraîne dans un univers qui a les codes du rap, et l’énergie du punk. Le genre de crossover musical qui nous ravit avec un clip glitché dans une cave. Et qui prétend faire du rap sans prendre position ? Certainement pas eux, et clairement pas du côté des forces de l’ordre.
The Irrepressibles – Let Go
Le clip de « Let Go » nous tire de notre confinement vers un club underground baigné de néons. Les foules dansantes évoluent librement et se déplacent avec énergie sur le plateau. Dans ce voyage à la découverte de soi, Jamie Irrepressible, aka The Irrepressibles, rejette les normes imposées par la société, élimine les constructions sociales et les idéaux de genre et de sexualité. Ce titre avant-gardiste, influencé par un séjour berlinois, explose les notions dépassées de sexualité et crée un espace libertaire d’acceptation de soi et de ses sentiments amoureux. Finalement, on a envie de dire : let go.
Princess Nokia – Gross
Dans son tout dernier clip, la majestueuse Princess Nokia se retrouve dans un monde entre burlesque et cirque : métaphore directe de l’aspect performatif de l’artiste dans le milieu de la musique qui peut en angoisser plus d’un.e. Princess Nokia nous revient donc plus décidée que jamais d’accepter son talent et de dénoncer les haters. Souvent critiquée, rarement égalée, la chanteuse livre également un sacré texte féministe, dans lequel elle clame ne plus vouloir se plier aux diktats patriarcaux qui pèsent toujours.
Gauthier – Live in Ravolution
Ce sentiment d’impatience qui obsède minute après minute, qui empêche de se concentrer sur quoi que ce soit, mais aussi cette euphorie qui submerge en prévision de la teuf qui aura lieu dans quelques heures. C’est cette sensation que retranscrit le clip du titre techno « Live in Ravolution ». Sept personnages de milieux divers passent le temps et se préparent, empressés d’échapper à l’espace-temps pour la durée d’une nuit à danser, flirter et se déchaîner tous ensemble, libérés de leurs préjugés.
Bonus : Romeo+Techno feat. Max Wyrd – La techno mon gars
Bon eh bien ça y est : on en connaît qui sont devenus foldingos avec cette histoire de confinement. Une boite de lessive Skip, un synthé, une tondeuse à cheveux et des haltères… Il n’en faudra pas plus pour mettre en image un track bien perché de Romeo+Techno et Max Wyrd (guitariste de Princess Thailand). Idéal pour nous faire découvrir quoi ? la techno, mon gars.
Par Michel-Angelo Fedida, Adélaïde de Cerjat, Laure Thébert & Robin Gillet