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De La Montagne, chansons électro-pop enthousiastes

De La Montagne, chansons électro-pop enthousiastes

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Derrière De La Montagne, il y a le duo  formé par Alto et Camille. Pour la sortie de leur premier album, Hors Piste, ils ont répondu à nos questions autour d’un verre de blanc (pour lui) et de rouge (pour elle). Rencontre au sommet, dans la joie et la bonne humeur.

Manifesto XXI – Alors, sur votre site, on tombe sur une description bien drôle de votre enfance et sur une galaxie de vos groupes préférés. Comment on la lit cette carte ? Parce que dans les étoiles les plus proches, il y a Marilyn Monroe.

Alto : Ben, c’est une pote. (rires)

Camille : C’est une influence Marilyn ! Ses chansons, le fait qu’elle ait joué dans des comédies musicales… Plus ses chansons, que la vie de la personne.

Alto : Sa vie n’était pas hyper hyper joyeuse donc on ne peut pas dire que ce soit ça qui nous ait inspirés. (rires)

Camille : Par contre, les chansons des films hollywoodiens des années 1950, la construction de l’identité de la femme entre dépendance et indépendance… Ça, ouais ! Cette carte, elle se lit comme une carte de l’espace, que j’ai classée par genre, avec les artistes qui nous inspiraient au moment où elle a été faite. Je pense qu’il y a plusieurs systèmes solaires, exoplanètes qui se sont ajoutés depuis.

De La Montagne - manifesto21
© Hélène Birlouez

On retrouve beaucoup de synthé et d’arrangements électro dans vos chansons. Est-ce que vous êtes nostalgiques de la pop des années 1980, 1990 ?

Camille : Non, on n’est pas nostalgiques. Par contre, il y avait un enthousiasme de ces années qui continue de nous coller à la peau, par rapport aux années 2000 qui sont un peu plus mélancoliques.

Alto : Il y avait une espèce de fraîcheur dans les années 1990. En plus, pour nous c’était l’époque où on était ados, où tu t’en fous de tout. Tout est possible à cette époque. C’est assez cool de se dire que même aujourd’hui, tu peux faire tout ce que tu veux, que la seule barrière est celle que tu vas te mettre, toi. Au niveau des sonorités, ce sont celles qui nous plaisent.

Camille : Dans les chansons pop des années 1990, il y a beaucoup de slogans qui m’ont beaucoup marquée dans mon envie de faire de la musique. Des mots qu’on pourrait crier presque comme dans une manif’.

Alto : Ça se retrouve avec le retour de la mode des années 1990 aujourd’hui, avec des paroles imprimées sur des tee-shirts. Sans le savoir, ils avaient compris qu’il y avait de la maille à se faire dans la mode vingt ans après ! (rires)

C’est un jour un peu triste d’ailleurs, c’est l’investiture de Donald Trump. Est-ce qu’on a besoin de cet esprit catchy de la pop ?

Camille : J’étais avec une pote récemment qui me disait que ce serait vraiment impossible de faire Elli et Jacno aujourd’hui, après les attentats. Je crois au contraire que c’est comme quand on prend des drogues et qu’on a une grosse descente. Bon, nous on n’en prend pas, mais bon. (rires) Je crois que c’est dans les moments les plus tristes qu’on arrive à fabriquer quelque chose de plus joyeux.

Hors Piste, c’est donc votre premier album. Qu’est-ce que vous avez appris depuis le premier EP ?

Camille : On l’appelle notre premier album parce qu’on a mis énormément de temps à l’écrire, on a mis énormément de soin à le mixer, à le masteriser, donc il est dans une temporalité plus longue qu’un EP. Il y aussi la volonté d’être cohérent entre chaque morceau.

Alto : On n’a pas fonctionné de la même manière pour le travailler, on a vraiment composé ensemble dans la même pièce. Le premier EP a démarré quand Camille était au Canada, donc ce n’est pas la même énergie. On a exploré de nouvelles sonorités. Dans les paroles, ça correspond pas mal à des sujets de discussion ou à des choses de l’actualité que Camille avait repérées et sur lesquelles elle écrivait. Comme pour « Canadair » par exemple, c’était au moment des élections régionales.

Camille : Il y a des chansons en français aussi. Jusqu’à présent, on n’était pas en France, on composait soit au Canada, soit en Belgique ; et avec ce retour en France, on s’est dit qu’on allait évoluer dans un autre vocabulaire.

Dans les articles qui parlent de vous, on vous qualifie souvent de « décalés », de « frais ». Est-ce que vous vous retrouvez dans ces mots ? Comment vous cultivez ça ?

Alto : On ne le cultive pas vraiment, je crois.

Camille : Ça dépend. Parfois, il y a des mots qui sont extrêmement galvaudés pour décrire de la musique, « pop sautillante », etc., qui ne veulent pas dire grand-chose finalement.

Alto : Comme en philo, quand tu essaies de faire de longues phrases pour enfumer ton prof, alors que tu n’as rien compris.

Camille : Oui, après on est bien conscients que le format de chansons qu’on propose contient de la surprise en tout cas. Je pense que ça vient de notre façon de composer. On aime se surprendre Alto et moi, et quand on compose, on compose à deux. C’est extrêmement spontané, c’est-à-dire qu’il n’y a pas d’écriture la veille de la séance. En fait, c’est un peu comme Marion Cotillard et Guillaume Canet, on va venir se surprendre avec tel break de batterie, tel rythme… Et en conséquence, je pense que l’auditeur peut ressentir ça. Il y a un élément de surprise en tout cas, dans nos chansons. Après, le côté décalé, c’est malgré nous. C’est-à-dire qu’on n’essaie pas d’être calé ou décalé, on essaie d’être sincères et on fabrique un objet qui nous semble au plus proche de ce qu’on aime. Nos chansons sont assez libres.

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© Hélène Birlouez

Donc vous en parleriez comment, de votre musique ?

Alto : Il y a des chansons, il y a une narration dans ce qu’on dit. Une partie pop très importante – c’est de là qu’on vient –, et électro parce que c’est les instruments qu’on utilise. « Chansons électro-pop » résume assez bien ce qu’on fait. Le côté pop, c’est aussi le côté catchy de ce qu’on essaie de faire.

Camille : La notion de territoire aussi est importante. C’est un peu comme une petite pièce de théâtre, on explique qui sont les protagonistes, où ça se passe… Chaque chanson est un petit territoire. Ce n’est pas pour rien qu’on s’appelle « De La Montagne ». C’est pour ça que dans les chansons, on ne vient pas convoquer les mêmes imaginaires que dans la langue de Trump ou la langue de Fillon. (rires)

Il y a des choses qui se chantent mieux en anglais qu’en français ?

Camille : Non, je ne crois pas ; après, au niveau du phrasé, c’est différent. L’anglais est la langue la plus coulante, on peut l’étirer comme le spray de serpentin des fêtes qui te colle aux habits. La langue anglaise, c’est ça. La langue française ce serait plutôt les boules que tu dois tirer une à une dans la sarbacane. Tu peux mettre dix boules d’un coup et souffler un grand coup, mais elles vont retomber un peu mollement, donc il faut que chaque boule soit tirée avec une précision redoutable. (rires) Pour les thèmes non, on peut parler de tout en anglais et en français. Mais ce n’est pas la même mythologie. Dans l’EP précédent, il y avait une chanson, « Sweet Sixteen », qui parle de ces fêtes très américaines de familles ultra riches dont les ados gagnent une voiture pour leurs 16 ans. Ce n’est clairement pas dans la tradition française, en tout cas ce n’est pas filmé par MTV. Pour les chansons en français, on sent qu’on est plus localisés.

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© Samuel Eckert

Vous ne vous définiriez pas comme des gens drôles ? Pourtant, ça se sent dans les chansons que vous aimez bien vous marrer !

Alto : En vrai, on passe notre temps à se marrer.

Camille : Je pense que ça se sent qu’on a énormément de plaisir à composer, qu’on passe notre temps à se faire des blagues, à se titiller comme Marion Cotillard et Guillaume Canet. Je pense que oui, sur scène le public se marre, mais je pense qu’« enthousiastes » nous décrirait mieux que « drôles ».

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[S’ensuit une « minute people » sur la filmographie et la vie de couple de Marion Cotillard et Guillaume Canet.]

Alto : On n’est pas des fanfarons, quoi. Sur scène, on se sourit mutuellement parce qu’on est contents d’être là et qu’on aime ça. Il y a un truc communicatif et les gens le sentent, c’est une générosité qui se ressent ; on fait les choses sérieusement mais en souriant. On est contents de défendre nos chansons. Il y a une adrénaline sur scène qui fait que c’est compliqué de ne pas être heureux d’être là.

Camille : Oui, et puis dans nos vies on n’est pas là à se regarder le nombril. En fait c’est notre caractère, on a plutôt envie d’être dans un certain second degré. On est aussi des gros bosseurs, mais on est plutôt du genre à voir la vie du côté marrant que triste. D’ailleurs, Alto m’a fait une blague géniale hier, il m’a dit : « Je crois qu’on s’est pris tellement de bâches qu’on pourrait repeindre un salon »(rires)

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© Hélène Birlouez

Comment s’est déroulée la réalisation du clip pour « Canadair » ? La rencontre avec la réalisatrice Marine Dricot ?

Camille : C’est quelqu’un qu’on a rencontré à Bruxelles. J’avais vu des clips qu’elle avait faits pour Robbing Millions et j’avais trouvé qu’il y avait quelque chose d’intéressant dans les personnages mis en place. Un peu comme une Agnès Varda contemporaine, Agnès Varda d’Ostende. Elle, je pense que c’est foncièrement une artiste : c’est-à-dire qu’elle ne répond pas à une commande. J’ai très vite senti qu’il fallait lui laisser le champ libre. On a quand même mis notre veto sur deux, trois trucs, et puis en fait elle a construit le scénario toute seule, et nous on a posé nos limites.

Alto : On n’est pas acteurs, on l’a bien vu.

Camille : C’est pour ça qu’on a commencé à avoir un rôle à côté pendant la prod. En fait, on était les Catherine et Liliane de la caserne des sapeurs-pompiers. (rires)

Pour la direction artistique de l’album, vous avez travaillé avec Samuel Eckert : qu’est-ce qui vous plaît dans son style ? Il y a aussi eu les émoticônes spéciales pour l’album, comment avez-vous envie de communiquer ?

Camille : Pour les émojis, on s’est dit : « Comment annoncer l’album visuellement ? ». Moi, quand j’avais cinq ans, j’avais un livre de Babar, mélangé texte-images, ça m’a beaucoup marquée. (rires) Quand tu mets beaucoup de soin aux paroles, le médium chanson est très bien mais ce n’est pas forcément le meilleur pour visualiser le message. Donc je me suis dit que ce serait bien de sélectionner des éléments pour se ré-approprier les paroles. Par exemple, « Scooter Forum », ça parle d’un banc typique de la Normandie. C’est-à-dire un banc en front de mer avec des petits cailloux agglutinés. Donc on a travaillé avec cette agence de design Méthode, dont on apprécie le travail mais qui sont aussi des amis. Ensuite, on a travaillé avec un ami d’Alto, Damien Bais, qui nous a gratuitement créé une application qui a complètement suppléé le clip, Do It Yourself.

Alto : On avait juste donné des indices sur les paroles des chansons, mais par contre, c’était aux gens de reconstruire une narration, comme dans un Cluedo.

Camille : Donc on a eu des gens qui nous on écrit totalement autre chose, mais c’est super ! D’un seul coup, tu te dis « ça marche ! ». C’est un peu comme une métaphore de la chanson, la personne qui l’écoute se la ré-approprie. Pour le travail de Samuel, on l’a découvert sur Instagram. Ce qui nous plaît le plus, c’est son travail de graphes surréalistes.

Alto : Il a trois milliards d’idées à la seconde, donc c’est génial d’avoir quelqu’un qui est généreux et intense dans ses idées. Lui nous a très vite dit qu’il aimait bien ce qu’on faisait, mais qu’il aimerait bien faire notre direction artistique de A à Z, et donc voilà. On est allés peindre la pochette de l’album à Ivry et c’était cool !

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Release Party le 2 février à La Maison Sage
En concert le 9 février au Pop-Up du Label

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