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Mentrix inaugure sa « post-immigrant-pop »

Mentrix inaugure sa « post-immigrant-pop »

Manifesto 21 - Mentrix
Alors que beaucoup de médias occidentaux diabolisent l’Iran, pourtant terre de poètes, penseurs et artistes à la culture millénaire, Mentrix décide de partager son amour pour ses origines à travers un album qui mêle tradition et modernité. Avec ce premier long format, Samar Rad (son vrai nom) édifie un pont entre son Iran natal et l’occident dans lequel elle a évolué.

En ce début d’année nous découvrions « Walk » et « Nature », deux premiers singles de Mentrix accompagnés de clips mettant en exergue les femmes dans une région où leurs droits sont considérablement limités, réalisés par le Français Gilles Estève entre Téhéran et le désert iranien. Mentrix – nom de scène choisi en cherchant un féminin au terme mentor – dévoile son album My Enemy, My Love, ode à la féminité, à la liberté, et déclaration d’amour à son pays natal.

Samar Rad rejoint sa tante en France à la fin des années 1980 lorsque la guerre entre l’Irak et l’Iran arrive à son terme. À l’adolescence, elle revient sur ses terres d’origine où elle réapprend le farsi et reconnecte avec ses racines culturelles. Pour poursuivre ses études elle repart à Paris, puis voyage en Angleterre, mais aussi aux États-Unis et en Allemagne où elle vit désormais. C’est avec ce vécu d’immigrée coincée entre plusieurs mondes que Mentrix façonne ce qu’elle qualifie de « post-immigrant-pop ».

© Gilles Estève

Ses compositions sont gorgées de culture persane, s’inspirent de poésie traditionnelle (n’oublions pas que les œuvres du célèbre poète iranien du XIVe siècle, Hafiz de Chiraz, influencèrent ni plus ni moins que Goethe, Victor Hugo ou André Gide) et de mysticisme soufi. C’est sous le soleil des plaines et des montagnes de la région du Lorestan que Mentrix est allée puiser cette inspiration. Interviewée par la publication allemande Lodown Magazine, l’artiste répondait : « Ce que je fais cependant, c’est vous donner une idée de ma culture, j’utilise des rythmes et des mélodies spécifiques qui sont des parties intégrantes de la musique traditionnelle iranienne. »

© Kathy Le Sant

Ce qui ressort principalement de cet opus, c’est le recours à des instruments traditionnels tels que le tombak, le kamancheh, le ney et le daf, qui est dans le soufisme un appel à l’éveil. L’ésotérisme d’un orient fantasmé émerge à l’écoute des roulements de percussions tribales, quasi martiales, et de la voix profonde, captivante et éthérée de la chanteuse. L’artiste modernise l’utilisation de ces traditions musicales en les mélangeant aux sons des synthétiseurs et aux boîtes à rythmes qui apportent une dimension électronique aux titres de l’album.

© Samira Hodaei

My Enemy, My Love est une véritable exposition de la richesse artistique et spirituelle de la musique iranienne. Avec ce premier long format mystique et envoûtant, Mentrix inaugure également le catalogue de son propre label féminin, House of Strength, qui cherche à se démarquer de l’hégémonie masculine dans l’industrie musicale.

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Surprise inopinée, l’artiste a également récemment mis en ligne une vidéo d’une trentaine de minutes regroupant sous forme de voyage psychédélique les visuels d’Emile Barret qui devaient être projetés lors de sa tournée promotionnelle, malheureusement annulée pour les raisons sanitaires que nous connaissons.

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