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Le collage musical, théorisé par Lutto Lento

Le collage musical, théorisé par Lutto Lento

Le producteur Lutto Lento revient avec son nouveau projet Legendo, publié chez Haunter Records. Véritable sculpteur du son, il nous livre un album éclectique, où la musique électronique côtoie l’acoustique et les bruits qui nous entourent.

Lubomir Grzelak alias Lutto Lento est un artiste compositeur, producteur et DJ d’origine polonaise. Il a publié 7 EPs entre 2011 et 2015 avant de dévoiler en 2017 son premier album, Dark Secret World. La musique qu’il compose et produit explore divers paysages, allant de l’abstraite à la techno, en passant par l’ambient, l’électronique expérimentale et parfois même la house. Sans jamais s’enfermer dans un genre musical précis, la musique de Lutto Lento se reconnaît notamment à son utilisation récurrente du sample.

Lutto Lento modèle un matériau brut (un son de la nature, une voix humaine) en véritable bruitage FX d’un film de science-fiction. Sa démarche créative s’apparente à celle d’un artiste plasticien fabriquant des collages, tel David Hockney, chez qui la juxtaposition de dizaines de photographies donne à voir une image nette. L’artiste polonais organise un espace unique en combinant différents éléments, l’unité de l’ensemble tient à cette superposition d’éléments divers, liés par la musique. En résulte un ensemble sonore cohérent, harmonieux. 

LEGENDO – COVER © Lubomir Grzelak

Lutto Lento écrit aujourd’hui un nouveau chapitre de son aventure musicale avec la parution de Legendo chez Haunter Records. Ce nouvel opus se présente comme la suite de Dark Secret World, album de musique électronique dans lequel les rythmiques trip-hop façon Massive Attack habillent des nappes atmosphériques sombres et texturées. L’essence de ce nouveau projet prend racine, selon les dires de l’artiste, dans sa volonté de « subvertir l’atmosphère de Dark Secret World en s’aventurant plus loin dans la dérision et la ruse surréaliste » . Pour parvenir à ses fins Lutto Lento troque son penchant pour une dub ténébreuse habitée par des basses lourdes contre une musique qu’il décrit comme « folklorique, provenant d’un autre monde » dans laquelle il intègre « des instruments à cordes déterritorialisés, une batterie qui rappelle autant le heavy metal que le néo-classicisme hollywoodien et un design sonore numérique insolent »

Dans Legendo, les 12 morceaux défilent et se succèdent naturellement. L’organisation de l’album ne dépend d’aucune logique, elle est au contraire engendrée par l’existence d’une force intérieure qui s’exprime et circule librement de piste en piste, se mue et se transforme en fonction de son bon vouloir. Comme le mouvement d’une vague, à la fois régulier et imprévisible, le caractère apparemment constant et simple de ses mélodies est toujours creusé temporairement, comme un court-circuit informatique dont la durée se mesure au temps d’un sursaut, par des bruitages éphémères et surprenants. 

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