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Douglas Dare livre une introspection poignante avec Milkteeth

Douglas Dare livre une introspection poignante avec Milkteeth

Manifesto 21 - Douglas Dare

Douglas Dare sort son nouveau projet Milkteeth, un parcours introspectif émotif au cours duquel l’auteur-compositeur lève le voile sur sa vulnérabilité avec une délicatesse qui lui est inée. Dans la continuité de ses précédents travaux, ce nouvel opus confirme les talents en matière de composition et la force d’une écriture qui exprime avec juste-mesure les tourments de son auteur.

Ce vendredi 21 Février, Douglas Dare, auteur-compositeur britannique, dévoile son troisième album Milkteeth sur le label Erased Tapes. Si ses deux premiers albums attestent déjà d’une composition minimaliste soignée, parfois agrémentée d’éléments rythmiques teintant les arrangements d’une obscurité inquiétante, Douglas Dare nous invite avec ce troisième opus, à plonger dans une introspection délicate et sensible. Sa musique rejoint timidement celle de James Blake, mais il y a chez Douglas Dare une dimension morne, une sorte d’amertume sourde qui résonne derrière chaque accord de piano. Son premier album, Whelm, nous laissait découvrir des ballades vertigineuses dans lesquelles le piano joue des mélodies lancinantes et expressives, laissant l’impression d’une composition guidée par un tourbillon intérieur. Son deuxième projet, Aforger, donnait l’impression d’une plus grande urgence à s’exprimer, les mélodies sont tourmentées, sans cesse parasitées par des bruits de fonds, dérangés par des instruments qui s’imposent dans l’espace sonore (la façon dont la section rythmique dans « Binary » se déchaîne progressivement jusqu’à atteindre un point culminant au milieu du morceau),  et la voix redoutable de Douglas Dare nous plonge dans un trouble émotionnel intense. 

© FURMAAN AHMED

En écoutant Milkteeth, nous mettons les pieds sur un chemin boisé épineux et parfois les phares d’une voiture se manifestent au loin. Ce nouvel opus est l’occasion pour son compositeur de poursuivre son processus d’introspection, de continuer à interroger le chagrin et l’isolement qu’il connût durant son enfance avec une clairvoyance sans faille.

Milkteeth est un objet précieux, tant chaleureux et réconfortant que languissant et maussade.

En se questionnant, Douglas Dare réveille, inévitablement, des interrogations propres à chaque auditeur. Qu’il s’agisse d’examiner son origine, de sonder son être, aucun obstacle ne lui barre le chemin lorsqu’il s’agit de dire la vérité sur soi. C’est ainsi qu’il faut comprendre la sobriété de sa composition, en réduisant la production à une suite d’accord — au piano, ou pour la première fois, à la guitare — sa voix ne connait nul autre choix que celui d’être exposée pleinement. On note alors que la voix du chanteur se détache avec clairvoyance,  son histoire résonne à travers les paroles des chansons qu’il chante en détachant les mots, comme pour mieux les isoler et leur donner, à chacun, un impact spécifique. 

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© FURMAAN AHMED

Finalement, l’album impressionne par sa qualité. Douglas Dare fait fi de la pudeur et délivre un concentré d’émotions trop longtemps enfouies. Bien différents de la sombre urgence qui se dégageait de Aforger, ici le chanteur est apaisé. Il n’est plus question d’une rythmique parfois pressante, ou de voix angoissantes comme sur le morceau « The Edge », mais une lenteur alanguie lui permet d’explorer sereinement, à nouveau, l’enfance d’un point de vue adulte.

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