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Comment Vancouver est devenue la ville la plus triste du Canada

Comment Vancouver est devenue la ville la plus triste du Canada

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En avril dernier, le même sondage a fait la une de tous les canards locaux de Colombie Britannique : Vancouver avait été élue  » Ville la plus malheureuse du Canada »  selon une enquête menée par Statistics Canada évaluant le degré de satisfaction des canadiens par rapport à leurs vies.

Cette métropole de la côte-ouest ne manque pourtant ni de charmes, ni d’attraits : proche à la fois de la mer et de la montagne, un climat doux toute l’année, un taux de violence très faible, un accès légal à de la marijuana de qualité…

Alors pourquoi un tel marasme ? Qu’est-ce que les Vancouverois ont de moins que leurs compatriotes de Québec ou de Trois-Rivières (en tête du classement) ?

La vérité est que la déprime des Vancouverois n’est pas tant due à leur environnement qu’au changement de structure sociale de la métropole, et que cela nous concerne aussi.

Après le stress et le burn-out, le mal du siècle à Vancouver s’avère être la solitude prégnante de ses habitants.

La ville s’est massivement  peuplée ces dernières années par des jeunes que beaucoup qualifieraient de  hipsters ou encore de yuccies (pour prendre un terme plus récent). Au-delà du phénomène de mode, c’est un problème de répartition sociologique qui se joue : la hausse des loyers et des prix de l’immobilier font que les seuls pouvant encore se permettre de vivre en ville sont les plus aisés ou les célibataires et les couples d’actifs sans enfants. Les familles plus modestes et les seniors sont repoussés  dans la banlieue.

Le problème de ce manque de mixité est qu’elle est essentielle au lien social et au dynamisme de la vie de quartier : ce dont les Vancouverois manquent parfois cruellement. Dans les critiques qui sont faites sur Vancouver, revient le fait  qu’il est très dur de s’y faire des amis et que les gens prennent peu le temps d’aller à la rencontre de leurs voisins ou de ceux qui partagent les transports en commun. Le manque de mélange entre communautés ethniques et culturelles est également souvent pointé du doigt et même si c’est un problème global en Amérique du Nord, ce n’est  pas un facteur négligeable dans une ville ou près la moitié de la population est d’origine asiatique.

Les restrictions contre l’alcool et le tapage nocturne en Colombie Britannique font aussi qu’il est plus compliqué de s’y rassembler et d’y faire la fête qu’à Montréal ou Toronto, ce qui n’est pas non plus propice aux rencontres.

Il devient donc vite dur de s’intégrer dans la ville, surtout quand on est immigré, ce qui est le cas de beaucoup.

Si on ajoute à ce triste constat le coût exorbitant  de la vie dans cette ville, qui oblige à faire beaucoup d’heures de transport pour cumuler parfois deux ou trois jobs à la fois et à grappiller ses heures de sommeil dans les bus ou dans les salles d’attentes, on ne peut plus vraiment s’étonner que l’ambiance ne soit pas franchement à la bonne humeur générale.

En avril dernier, le même sondage a fait la une de tous les canards locaux de Colombie Britannique : Vancouver avait été élue " Ville la plus malheureuse du Canada" selon une enquête menée par Statistics Canada évaluant le degré de satisfaction des canadiens par rapport à leurs vies. Cette métropole de la côte-ouest ne manque pourtant ni de charmes, ni d'attraits : proche à la fois de la mer et de la montagne, un climat doux toute l'année, un taux de violence très faible, un accès légal à de la marijuana de qualité... Alors pourquoi un tel marasme ? Qu'est-ce que les Vancouvérois ont de moins que leurs compatriotes de Québec ou de Trois-Rivières (en tête du classement) ? La vérité est que la déprime des Vancouverois n'est pas tant due à leur environnement qu'au changement de structure sociale de la métropole, et que cela nous concerne aussi. Après le stress et le burn-out, le mal du siècle à Vancouver s'avère être la solitude prégnante de ses habitants. La ville s'est massivement peuplée ces dernières années par des jeunes que beaucoup qualifieraient de hipsters ou encore de yuccies (pour prendre un terme plus récent). Au-delà du phénomène de mode, c'est un problème de répartition sociologique qui se joue : la hausse des loyers et des prix de l'immobilier font que les seuls pouvant encore se permettre de vivre en ville sont les plus aisés ou les célibataires et les couples d'actifs sans enfants. Les familles plus modestes et les seniors sont repoussés dans la banlieue. Le problème de ce manque de mixité est qu’elle est essentielle au lien social et au dynamisme de la vie de quartier : ce dont les Vancouverois manquent parfois cruellement. Dans les critiques qui sont faites sur Vancouver, revient le fait qu'il est très dur de s'y faire des amis et que les gens prennent peu le temps d'aller à la rencontre de leurs voisins ou de ceux qui partagent les transports en commun. Le manque de mélange entre communautés ethniques et culturelles est également souvent pointé du doigt et même si c'est un problème global en Amérique du Nord, ce n'est pas un facteur négligeable dans une ville ou près la moitié de la population est d'origine asiatique. Les restrictions contre l'alcool et le tapage nocturne en Colombie Britannique font aussi qu'il est plus compliqué de s'y rassembler et d'y faire la fête qu'à Montréal ou Toronto, ce qui n'est pas non plus propice aux rencontres. Il devient donc vite dur de s'intégrer dans la ville, surtout quand on est immigré, ce qui est le cas de beaucoup. Si on ajoute à ce triste constat le coût exorbitant de la vie dans cette ville, qui oblige à faire beaucoup d'heures de transport pour cumuler parfois deux ou trois jobs à la fois et à grappiller ses heures de sommeil dans les bus ou dans les salles d'attentes, on ne peut plus vraiment s'étonner que l'ambiance ne soit pas franchement à la bonne humeur générale.

Le tumblr acide et cynique « I Hate Van » montre bien le sentiment de ras le bol de certains habitants qui dénoncent pêle-mêle leurs griefs contre Vancouver : le racisme bienveillant, la politesse et la tolérance qui cachent surtout un désintérêt envers autrui, les « healthies »,  » vegans » et autres « hipsters » qui imposeraient leurs modes de vie d’ascètes à tout le monde, les séances de thérapies par le rire ou par les câlins pour tenter de remédier à la solitude….

Voir Aussi

Mais est-ce que tous les problèmes que je viens de vous lister ne vous rappellent rien ? Vancouver est-elle un cas isolé ? Plusieurs grandes métropoles ont été dernièrement sous les feux des mêmes critiques : les célibataires sont majoritaires à New-York, Paris devient une ville-musée où le moindre fêtard innocent peut se faire poursuivre par un « Pierrot de la Nuit », Tokyo est peuplé de cadres encore puceaux à 30 ans et dans toutes les métropoles le coût de la vie et du logement devient de plus en plus problématique.

Le malheur en ville n’est pourtant pas une fatalité : suite à la publication du sondage et à l’impulsion de l’artiste Stefan Segmeister qui expose son installation « The Happy Show » au Museum of Vancouver, certains Vancouverois se sont retroussé leurs manches et ont décidé de se mobiliser pour créer plus d’évènements sociaux ou tout simplement d’être plus cordiaux avec leurs voisins.

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The happy show

 

Les prévisions montrent que dans les années qui viennent, nous serons de plus en plus nombreux à vivre dans les grandes villes et les métropoles, alors tâchons d’y être aussi heureux que dans un clip de Pharrell Williams : let’s be happy in the city !

 

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