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Qui la Fashion Week fait-elle encore rêver ?

Qui la Fashion Week fait-elle encore rêver ?

Snobisme, enjeux sociaux et rythme effréné : retour sur la dernière Fashion Week de Paris.

À l’heure d’une jeunesse en demande de forts engagements écologiques et sociaux, la nécessité de transparence et d’authenticité s’impose pour le secteur de la mode. Avec ses possibilités infinies, ses marqueurs sociaux et ses pouvoirs identitaires, la mode fascine, et toute son industrie avec. Rêve pour certain·es, milieu exécrable pour d’autres, alors qu’une nouvelle semaine de la mode s’est tenue à Paris avec près de cinquante défilés et plus d’une centaine d’événements, une question légitime se pose : la Fashion Week reste-t-elle une immense mascarade ? Récit d’une semaine d’événements au cœur du système. 

L’art de taper l’incruste

Paris, 19 septembre 2022. Depuis quelques jours déjà, je rafraîchis chaque matin la page web de la Fédération de la haute couture et de la mode, l’organisme de référence qui organise deux fois par an la Fashion Week dans la capitale. Le calendrier pour la saison été 2023 est enfin tombé. Du 26 septembre au 4 octobre, plus de cinquante présentations auront lieu, et autant d’autres événements, soirées, dîners, défilés, non répertoriés dans le calendrier officiel. Bien sûr, je sais que les invitations officielles sont déjà parties il y a une semaine, mais moi qui ne suis qu’un petit journaliste indépendant, a priori non spécialisé dans la mode, il est normal que personne ne pense à moi pour son show. C’est peut-être l’une des premières choses à savoir quand on décide de faire la Fashion Week : pour en être, il faut connaître, pour s’incruster, il faut ruser. Comme me l’explique la doctorante et chercheuse en sociologie de la mode Saveria Mendella, la Fashion est d’abord et avant tout un événement professionnel avec des enjeux stratégiques et symboliques pour chaque capitale qui l’accueille (les quatre plus importantes étant New York, Londres, Milan et Paris). Y sont donc invité·es les acteur·ices phares du secteur comme les journalistes de mode, les acheteur·ses, les influenceur·ses et les célébrités : un monde à part entière à la hiérarchie bien cadrée provoquant son lot de jalousies, crises de nerf, déceptions et euphories pendant une dizaine de jours, le tout arrosé de champagne.

Tout le monde se jauge du regard, chacun·e essaye de deviner qui sont les autres, ce qu’iels font là, s’iels sont connu·es ou pas. La notion de « connu·e » défie les lois du monde réel dans ce petit microcosme.

J’avais lu il y a bien longtemps dans les chroniques d’une blogueuse mode qu’au fond, les célébrités adoraient la Fashion Week car c’était le seul endroit où elles se faisaient traiter comme tout le monde, c’est-à-dire un peu ignorer. Se comporter comme un·e fan déluré·e est bien un des comportements qui soit le plus considéré comme indigne : poker face de rigueur même si vous êtes assis·e juste derrière Rihanna ! La question se pose tout de même : les Fashion Week sont-elles de plus en plus un lieu pour que les célébrités se pavanent ? Pour Saveria Mendella, « les défilés ont toujours été des événements mondains, mais à partir des années 70 ils sont devenus the place to be. Dès qu’elles se sont ralliées au milieu du cinéma, de la chanson, des élites, les Fashion Week sont devenues cool ». Croiser des stars, pourquoi pas, mais dans mon cas, je sais d’avance qu’on ne m’ouvrira pas les portes de Dior ou de Chanel, et d’ailleurs ce n’est pas ça qui m’intéresse particulièrement. Par contre, je pense quand même avoir une chance avec les plus petites marques qui organisent des présentations ou des petits défilés, souvent hors du calendrier officiel.

C’est dans ces moments-là qu’appartenir à la communauté queer se révèle être un atout insoupçonné, car parmi mon carnet d’adresses lesbien se trouve une copine super sympa, meilleure amie de l’ex de l’ex de l’ex de mon ex ou quelque chose comme ça, qui est aussi la rédactrice en chef d’un magazine de mode. Habituée du milieu depuis plus d’une décennie, elle a accès à peu près à tout ce que la Fashion Week peut m’offrir. Je lui fais une première liste des shows auxquels je voudrais assister et, un coup de fil plus tard, ma boîte mail regorge d’invitations à des soirées, des présentations, des défilés et autres événements presse en tout genre. Est-ce que tout le monde fonctionne comme ça ? Bien sûr, alors aucun scrupule. Avec un défilé ou une présentation par jour et une soirée ou un cocktail chaque soir, j’ai enfin matière à chroniquer. 

La lutte des classes, en lunettes de soleil 

À peine le premier jour et le premier défilé passé que les souvenirs me remontent. J’ai déjà assisté à tout cela, quand j’avais dix-huit ans et que je venais d’arriver à Paris. Je tenais un blog de mode et j’avais innocemment envoyé des mails à tous·tes les attaché·es de presse que j’avais pu trouver pour essayer de me faire inviter quelque part. J’avais évidemment été recalé de partout, mais j’avais tout de même tenté ma chance en attendant à l’entrée des défilés dans mes meilleurs outfits colorés. Tout le monde se jauge du regard, chacun·e essaye de deviner qui sont les autres, ce qu’iels font là, s’iels sont connu·es ou pas. La notion de « connu·e » défie les lois du monde réel dans ce petit microcosme. Entre les mannequins, les attaché·es de presse, les stylistes, les photographes, les influenceur·ses et les réelles célébrités, tout le monde fait semblant de ne pas se reconnaître, tout en se demandant bien qui est qui. Sept ans plus tard, rien n’a changé, sauf peut-être moi qui ne cherche même plus à faire d’effort et vient systématiquement habillé en noir. Des hordes d’étudiant·es en mode et wannabe influenceur·ses se pressent toujours à l’entrée du show espérant peut-être pouvoir rentrer, ou à défaut se faire prendre en photo par les photographes de streetstyle qui pullulent (pour shooter des streetstyle qui n’en sont plus vraiment d’ailleurs, puisque les looks aussi extravagants et provocants de la faune fashion sont maintenant avant tout portés pour être pris en photo plutôt que pour vaquer à ses occupations dans la rue).

Je sais que bon nombre de personnes y entretiennent des relations très superficielles et peuvent se montrer très méchantes entre elles, il faut avoir un certain recul pour y travailler [la mode].

Fayna, étudiante en mode

Le schéma se répète chaque jour, j’attends patiemment dans la file presse devant l’entrée du défilé et je me laisse dépasser par des collègues à l’air pressé et concentré, moins sapé·es que la plupart de celles et ceux qui poireautent à côté. Je ressens moi aussi cette étrange satisfaction, qui nous est commune, d’être au-dessus de la nécessité d’être surlooké·e, car nous les journalistes, on travaille. Sentiment absolument artificiel et égoïste parce qu’au fond, tout le monde travaille, ou du moins, tout le monde se pointe au défilé avec la volonté d’être un·e travailleur·se à part entière de ce système. C’est le cas de Fayna. Étudiante en mode dans une école privée renommée, elle participe au défilé en tant que petite-main, c’est-à-dire qu’elle s’occupe d’habiller les mannequins, d’arranger les vêtements et d’aider pour tout et rien. Alors que je suis placé en standing, soit debout derrière celles et ceux plus important·es que moi qui sont assis·es, elle arrive essoufflée juste avant le début avec un de ses camarades, vêtu·es d’un tee-shirt « staff » de la marque. Je leur fais un peu de place, tout le monde les ignore. Je reconnais quelques journalistes et influenceur·ses au premier rang, mais aucune grosse célébrité n’a fait le déplacement pour ce défilé d’une petite marque en plein après-midi. Beyoncé, Marion Cotillard ou Léna Situations ne font l’honneur de leur présence que pour les shows de grandes marques, ayant généralement lieu le soir. Le défilé se passe, que je juge plutôt médiocre, rempli de mannequins plus maigres et plus blancs les uns que les autres, et les lumières se rallument.

Fayna repart rapidement pour s’occuper du retour des mannequins en backstage mais j’arrive à l’interpeller cinq minutes. Elle me détaille la raison de sa présence ici : « On a eu l’info qu’ils cherchaient du monde via notre école et j’ai tout de suite postulé. Entre hier et aujourd’hui, cela va faire à peu près 15h de présence. » Travailler gratuitement ne l’a pas rebutée, bien au contraire, elle raconte pour elle l’occasion de découvrir les coulisses, d’assister au défilé et surtout d’agrandir son réseau professionnel. C’est son tout premier show. Quand je lui demande comment elle perçoit ce milieu, elle reste modérée : « Je sais que bon nombre de personnes y entretiennent des relations très superficielles et peuvent se montrer très méchantes entre elles, il faut avoir un certain recul pour y travailler. » L’étudiante qui cite Prada et Gucci comme ses marques préférées n’a malheureusement pas plus de temps à m’accorder, et doit retourner en backstage. Fayna n’est pas la seule à travailler gratuitement, c’est le cas de beaucoup de participant·es de toute la semaine de la mode, sans qui l’industrie retomberait comme un soufflé mal cuit. Mannequins, maquilleur·ses, coiffeur·ses, assistant·es de production, habilleur·ses, nombreux·ses sont celles et ceux à participer gratuitement aux défilés, sans pour autant être invité·es aux événements et fêtes qui les entourent.

Les défilés doivent rester des espaces professionnels, des enjeux économiques et symboliques y sont joués pour les marques.

Saveria Mendella, doctorante et chercheuse en sociologie de la mode

Mon amie Claude-Emmanuelle, mannequin ayant participé à deux défilés, me le confirme : « Pour deux défilés je touche moins qu’un smic, pour environ 8h de travail par marque, et encore je suis sans agence, donc je suis bookée directement sans donner de pourcentage à un tiers, là où certaines de mes amies membres de grandes agences peuvent toucher près de 10k par Fashion Week. » Beaucoup sont prêt·es à payer le prix de l’épuisement et de la dévalorisation pour se faire une place et augmenter leur capital social, c’est-à-dire leur réseau stratégique de connaissances dans le milieu pour un jour espérer y gagner sa vie, là où une minorité ultra-reconnue « qui a percé » va gagner des sommes astronomiques, parfois pour exactement le même travail. C’est ce qu’explique la sociologue Giulia Mensitieri dans son ouvrage de référence Le plus beau métier du monde (La Découverte, 2018). Dans son chapitre dédié au travail gratuit, elle souligne : « Les travaux les plus valorisants symboliquement et les plus décisifs pour la carrière ne sont pas rémunérés, tandis que les travaux bien rémunérés sont pénalisants pour la carrière. » C’est-à-dire que travailler gratuitement est plus qu’une pratique courante, elle est même encouragée. Ce fonctionnement totalement en dehors des clous du travail a, quand on y pense, de quoi se révolter. Dehors, les hordes d’étudiant·es et de fashionistas qui n’ont pas eu l’opportunité de rentrer attendent que nous sortions. Il n’y a pas grand-chose à faire car chacun·e doit repartir au prochain show ou événement qui l’attend, mais iels restent là, dans le froid, super sapé·es, à nous voir passer. La sensation d’être ainsi envié·e et suspecté·e d’occuper un poste haut placé, alors que pas du tout, est particulièrement étrange.

Je m’approche de deux d’entre elleux. Ariel est habillé d’une cravate noire sur une chemise argentée et d’un jean multiplement troué, Emma a un béret rouge et un manteau moumoute rose fluo. Iels sont très jeunes, visiblement frigorifié·es, mais l’air absolument heureux de participer à tout cela là, d’en être. Prenant leur interview très à cœur, iels répondent à mes questions très solennellement : « Nous sommes tous·tes les deux étudiant·es à Bruxelles et on est venu·es spécialement pour la Fashion Week ! Attendre dehors ne nous dérange pas, on adore être au cœur de l’ébullition, voir passer les gens, regarder les looks, c’est très excitant ! » Habiles, iels traquent les adresses des défilés sur les réseaux sociaux et se rencardent sur place entre étudiant·es. Aucun·e d’elleux n’est parvenu·e à se rendre à un défilé pour le moment, mais iels ne désespèrent pas de pouvoir rentrer. « Certaines petites marques laissent entrer le public dehors en standing, alors on tente notre chance partout ! » Leur enthousiasme est particulièrement touchant, loin de la mine blasée affichée par la plupart de celles et ceux qui assistent aux shows. Devrait-on les laisser rentrer ? Pour Saveria Mendella, cette hiérarchie fait partie du jeu. « Les défilés doivent rester des espaces professionnels, des enjeux économiques et symboliques y sont joués pour les marques. Néanmoins, le covid a laissé place à de nombreux questionnements quant à la digitalisation et la démocratisation des défilés. S’il n’est pas plus simple qu’avant d’y entrer, les diffusions en direct sur les réseaux permettent tout de même de pouvoir y assister, et sont autant de leviers pour les marques de toucher les plus jeunes. » C’est bien là tout le tour de force de la mode, rendre des événements professionnels aussi désirables pour le grand public. Mais, de son côté, est-ce que la mode veut du grand public à sa table ? 

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C’est super dur de se faire booker quand tu ne rentres pas dans les codes parisiens c’est-à-dire être la plus blanche, la plus anorexique, la plus jeune possible.

Claude-Emmanuelle, mannequin
La Fashion Week fait-elle partie de la société ? 

Les jours défilent, je cours de défilés en présentations l’après-midi et le soir je me rends à des cocktails et des soirées. Ici plus que n’importe où ailleurs se joue la notion de capital social, où le jeu du paraître et du cool prend une tournure quasi vitale. Alors que je suis déjà pas mal épuisé (et encore, je me contente d’un ou deux événements par jour), je rejoins en route une amie influenceuse pour l’une des plus importantes soirées de la semaine. Dans la queue pour y entrer, nous discutons. Son cas est intéressant : elle n’est pas une influenceuse mode, elle est connue sur Instagram pour son activisme et pour son statut d’artiste. Néanmoins, elle ne tire pas tous ses revenus de ses partenariats mais travaille tout de même avec certaines marques de mode. Ce genre de soirée est une manière de sociabiliser, de montrer aux marques qu’elle fait quand même partie de leur industrie et que son influence en ligne, c’est-à-dire les stories sur la soirée qu’elle publie en temps réel, apporte à la marque hôte un cachet inclusif. Tout cela est évidemment très cynique et elle le dit bien elle-même. Mon amie rédactrice en chef est également de la partie. Pour elle, les enjeux sont liés à son média. Être présente permet de témoigner de son intérêt pour la marque, qui espère en retour une parution presse, et qui, à l’inverse, peut se montrer intéressée à l’achat d’espaces publicitaires, crucial à la santé financière de tout magazine de mode. Les liens sont donc a priori gagnant-gagnant, mais en vérité, entre marque et média, l’une pèse beaucoup plus que l’autre.

Lorsque je demande à une autre amie journaliste de mode indépendante, elle m’explique : « On ne peut plus vraiment critiquer qui que ce soit, on a beaucoup trop besoin des marques comme annonceuses. Aujourd’hui, les retombées presse sont des photos des défilés et quelques mots sur les tendances qui en ressortent, mais personne ne se risque à juger les vêtements, comme le ferait un·e critique de cinéma par exemple. On travaille avec les marques en plaçant leurs produits sur des shootings et en échange elles nous achètent des espaces de publicité. Il est impossible de nous les mettre à dos en critiquant certains aspects qui peuvent paraître problématiques par exemple, notre équilibre financier en dépend. » Mais quand une marque déconne, n’y a-t-il vraiment aucun moyen de faire pression ? Autrement dit, quand Dolce & Gabbana enchaîne les publicités racistes, le boycott est-il efficace ? Pas vraiment. Depuis des années, des activistes dénoncent la maigreur mortifère des mannequins, de même que la blanchité, le validisme, comme le manque d’inclusivité LGBTQI+ dans une industrie où les travailleur·ses sont pourtant légions à l’être. 

Empêtrée dans sa volonté de faire rêver, la mode semble passer à côté de tous les enjeux pourtant si cruciaux de notre époque.

Si des efforts peuvent être remarqués dans certaines images promotionnelles ces dernières années, et si certaines créatrices aux profils plus divers comme Ester Manas ou Nix Lecourt Mansion intègrent le calendrier, force est de constater que les podiums sont bien loin de proposer une réelle diversité des corps. Sur un défilé par exemple, je compte 41 silhouettes dont 12 sont des modèles racisés, et tous, hommes comme femmes, d’une incroyable maigreur. Certains shows font quelques exceptions en invitant des mannequins un poil plus remplumés, mais qui pour le commun des mortels ne dépassent même pas le 42, soit quand même la taille moyenne des Françaises. Le reste plafonne au 34, voire 32. Pour Claude-Emmanuelle, les choses ne bougent pas vraiment : « Personnellement je fais entre du 38 et du 40, et je suis considérée comme curvy, et on peut me booker spécialement pour des vêtements dits élastiques, mais dans lesquels parfois je ne rentre même pas. » Elle insiste aussi sur la spécificité de Paris : « C’est super dur de se faire booker quand tu ne rentres pas dans les codes parisiens c’est-à-dire être la plus blanche, la plus anorexique, la plus jeune possible. Si j’habitais à Londres ou New York, je serais beaucoup plus bookée car les standards ne sont pas aussi drastiques. Mais je ne gagne pas assez ma vie pour pouvoir me payer les billets pour passer des castings ailleurs que là où j’habite. » 

Pire, après deux années confiné·es, cette saison semble s’être donné pour mission d’exister dans l’outrance, la flamboyance et l’abondance de ses événements, de la robe faite sur mesure en direct sur le corps de Bella Hadid chez Coperni, aux danseur·ses contemporain·es qui accompagnent les mannequins au défilé Issey Miyake, en passant par la fausse fontaine Yves Saint Laurent installée sur le Trocadéro, à deux pas d’une fontaine réelle. Empreinte écologique, sobriété, économie d’énergie ? La mode ne connaît pas ces mots-là. Empêtrée dans sa volonté de faire rêver, elle semble passer à côté de tous les enjeux pourtant si cruciaux de notre époque. Maltraitante envers ses travailleur·ses, méprisante envers le grand public et les luttes sociales, la mode de luxe en 2022 reste celle qu’elle a toujours été, par et pour les élites, sans inviter qui que ce soit à partager le bout de gras. Content d’avoir pu profiter gratuitement de nombreuses réjouissances, là où les autres travailleur·ses plus précaires n’avaient pas accès, je reste révolté d’un bon nombre de choses. La Fashion Week et moi, on en restera là. 

Image à la Une : courtesy de l’auteur

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