Sous l’énigmatique pseudo Blondino se cache Tiphaine Lozupone, une jeune chanteuse parisienne qui vient de sortir un EP éponyme de quatre titres le 15 janvier dernier, sur le label indépendant Tom Boy Lab (qui signe également Jackie Palmer et Pain-Noir). Un premier clip sur le titre « Oslo » a également vu le jour. Déjà repérée par les InrocksLab, Grazia, Glamour, ou encore Madame Figaro, fort est à parier que l’intérêt pour Blondino ira croissant ces prochains mois. Certains n’hésitent pas à invoquer l’ombre du grand Bashung, et elle fait prochainement la première partie des très en vogue Feu! Chatterton. Les morceaux sont à la fois intimes et orchestrés, planants et mélancoliques. Les textes, composés dans la langue de Molière, sont eux d’une poésie qui respire l’authenticité et l’élégance, emmenés par une voix rêveuse au timbre bien particulier. Du haut de cette fragile nonchalance douce-amère, Blondino vient proposer un nouvel univers musical original dans le paysage de la chanson et de la pop française. De la chanson, on retrouve la profondeur, les images et la poésie, tandis que de la pop, on retrouve la légèreté, la musicalité et la douceur. C’est dans un petit café parisien que nous avons eu l’occasion de faire la rencontre de cette personnalité quelque peu évanescente et insaisissable, à l’image de sa musique.
Manifesto XXI – Peux-tu nous décrire un peu ton parcours musical ?
Blondino : Je suis autodidacte, enfant j’avais déjà très envie d’apprendre à faire de la musique, mais je n’en ai pas eu l’opportunité. J’ai commencé plutôt à l’adolescence, je me suis acheté un petit clavier, et une guitare et j’ai exploré à l’oreille, c’est comme ça que j’ai écrit mes premières chansons. Il y a quelques années, lorsque je suis arrivée à Paris, j’ai souhaité rencontrer des personnes avec qui travailler, créer. C’est à ce moment là que j’ai contacté Jean-Christophe Ortega, avec qui je compose aujourd’hui. Par la suite j’ai rencontré François Baurin, ingénieur du son, avec qui nous travaillons en petit comité en studio.
Manifesto XXI – Combien de musiciens êtes-vous sur scène lors des live ?
B : Cinq, mais je travaille aussi sur un live en formation trio, pour multiplier les occasions de jouer.
Manifesto XXI – Quelles étaient les motivations et influences du projet ?
B : C’était l’envie de faire des chansons, mais pas type folk guitare-voix. J’avais envie de travailler avec une variété de sons, mélanger acoustique, synthétique, ambiances, pour me rapprocher de quelque chose de cinématographique. En matière de production, j’aime bien être surprise. Les productions que j’aime sont éclectiques, elles vont du rap américain d’Asap Rocky, par exemple, à Son lux, Hundred Waters, Radiohead, Goldfrapp etc…
Manifesto XXI – Quelles sont tes actualités et projets en termes de sorties ?
B : Je viens de sortir un EP 4 titres avec Tom Boy Lab, et ensuite je prévois de terminer l’enregistrement d’un album, qui devrait comprendre certaines des chansons déjà sorties et être complété par d’autres morceaux.
Manifesto XXI – Comment écris-tu les textes ? Quelles sont tes influences, qu’il s’agisse d’écrivains, de poètes ou d’auteurs de chansons ? Es-tu une grande lectrice ?
B : Tout est composé à deux avec Jean-Christophe. Les influences sont nombreuses. Le titre Sylvia, par exemple, fait référence à la poétesse américaine Sylvia Plath. J’avais découvert ses écrits, sa vie, et cela m’a vraiment touchée. Je lis beaucoup. La littérature, me permet de découvrir des styles d’écritures, des histoires, des personnages, autant de matière pour mes chansons. C’est aussi important pour moi, que le cinéma, auquel j’accorde une place tout aussi grande.
Manifesto XXI – Quels types de cinéma t’attirent particulièrement ?
B : Il y a beaucoup de choses que j’aime… les films de Lynch, Cronenberg, par exemple… j’aime beaucoup le cinéma d’auteur, d’ailleurs le film « Oslo, 31 août » réalisé par Joachim Trier fait partie de ces films qui m’ont marquée, au point que cela m’a inspiré la chanson Oslo de mon EP.
Manifesto XXI – Est-ce que ce n’est pas difficile de travailler à deux sur quelque chose d’aussi intime que l’écriture des textes ?
B : Je pense que c’est dur de trouver la bonne personne avec qui le faire, mais quand tu l’as trouvée, c’est parfait. C’est ce qui m’arrive avec Jean-Christophe et notre manière de travailler est fluide.
Manifesto XXI – Comment s’est déroulé le projet de clip sur « Oslo » ?
B : On s’est décidés à tourner un clip avec le label, on a reçu des propositions venant de plusieurs réalisateurs et j’aimais celle de Romain Winkler. Je me suis dit qu’il avait compris la chanson car il parlait d’états intérieurs et d’autres choses qui m’ont plu. Il nous a proposé de filmer dans le sud de l’Angleterre à l’occasion d’un événement qui permettait de filmer différents tableaux, les ambiances de feu, de mer, de marche…On s’est très bien entendus là-bas, j’ai aimé cette expérience, et je suis contente du résultat, je n’imaginerais aujourd’hui rien d’autre pour ce clip, je trouve qu’il a ce caractère étrange, poétique et énigmatique que je recherchais.
Manifesto XXI – C’est quelque chose d’important pour toi ce rapport à l’image et à la vidéo ? Est-ce que tu penses que c’est indispensable aujourd’hui à un projet musical ?
B : J’aime l’idée d’avoir à la fois le son, l’image, d’être plongée dans un univers singulier. Si le je pouvais, je ferais un clip pour chaque titre…Malheureusement, ce projet est difficile à réaliser.
Manifesto XXI – Visuellement, qu’est-ce que tu souhaiterais développer pour ton live ?
B : Dans l’idéal, j’imaginerais différents tableaux, différentes ambiances… avec peut-être une projection d’images…
Manifesto XXI – Dans quel ordre sont composés la musique et le chant, et de quelle manière ?
On commence toujours par la musique, que je peux proposer ou que Jean-Christophe propose, on écoute, on réfléchit et on évoque les premières idées que l’on voudrait travailler. Concernant mon chant, celui-ci est plutôt spontané… et donc proche d’une première vérité à laquelle je tiens.
Manifesto XXI – On observe un vrai retour du chant en français ces derniers temps dans les musiques actuelles, ce qui est souvent d’ailleurs sujet à controverses, pourquoi dans ton cas avoir fait ce choix ?
B : C’est vrai qu’on observe un retour en force du français depuis quelques temps et c’est tant mieux. Pour ma part je n’ai pas choisi de chanter en Français, cela s’est imposé à moi de façon naturelle car c’est ma langue maternelle. C’est sûr, que l’anglais comporte une palette de sonorités à laquelle on s’est habitué dans la pop, le rock, et du coup, le français a toujours été plus difficile à défendre notamment dans ces deux genres musicaux. Mais ça fait un moment qu’on sait que ce n’est pas indépassable !
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Retrouvez Blondino prochainement en live :
Le 18/03 à la Flèche d’Or
Le 23/03 à Paul B, Massy (+ Feu! Chatterton)
31/03 à Le Plan, Ris Orangis (+ Minuit)
Et sur le web :
J’adore le dernier album de Blondino (https://fr-fr.facebook.com/blondinoofficiel/), c’est mon artiste préférée avec Trazaac (http://www.mp3trazaac.com)