On ne s’ennuie jamais au Pop-Up du Label… Espace-restaurant, concert, galerie, il y fait bon vivre. Toujours à la pointe des nouveaux talents, c’est ZDEY qu’ils invitent à occuper les lieux à partir du mercredi 29 mars. Partenaire de l’exposition, Manifesto XXI rencontre l’artiste et l’équipe du Pop-Up autour d’une tasse de café. Soyez dans le vent, on vous attend.
Nos questions au Pop-Up
Quelle est l’origine du lieu ? Comment en êtes-vous arrivés au « Pop-Up », et pourquoi ce nom ?
Initialement, le lieu devait être éphémère. L’idée était de créer un établissement collaboratif et évolutif autour de la restauration et de la musique.
Dès la première semaine, on a accueilli Radio Nova pour les Nova[Mix] tous les vendredis en direct du Pop-Up. On a fait ça pendant quatre mois, et ça a bien lancé le lieu.
Au final, les gens ont plutôt bien répondu au concept et on a eu envie de pousser le projet plus loin, mais en gardant le même nom, du coup !
Quelle est la ligne directrice du Pop-Up ?
De manière générale, l’idée est de promouvoir les artistes émergents qui sont à l’origine de projets intéressants. En musique comme en art, on essaie de réunir les projets pour lesquels on a des coups de cœur, et qui pour nous ont une chance de réussir dans un futur proche. On aime bien voir le Pop-Up comme un tremplin, une maison, un lieu de vie et d’échange par lequel beaucoup d’artistes sont passés et par lequel il repasseront faire des concerts, des exclus, des after-shows, et surtout boire des coups dans un esprit familial ! Je pense notamment à des artistes comme Fishbach, Loyle Carner et Juliette Armanet, pour qui c’était leur première scène parisienne.
Pourquoi est-ce important d’avoir un lieu pluridisciplinaire, mélangeant restaurant, concerts, et galerie d’exposition ?
Ces trois activités sont avant tout nos centres d’intérêt. Réunir les gens autour de ces trois vecteurs fait donc sens à nos yeux, et créer des événements autour de ces trois composantes, c’est aussi un moyen de créer une dynamique au sein du Pop-Up. Des habitués se mélangent à des gens qui découvrent tout juste le lieu, mais tous sont là pour partager un intérêt commun pour toutes les formes d’art. C’est aussi un moyen de mettre en place des événements « uniques » qu’on ne retrouve pas ailleurs, pour une expérience plus immersive. C’est un trois en un, quoi !
ZDEY répond à Manifesto XXI
Ton parcours ? Comment en es-tu venu au street art ?
J’ai commencé à peindre des tags vers l’âge de 14 ans en banlieue parisienne, avec mes potes Panar, Nomé, Kamtwo… Quatorze ans après, on est toujours là avec notre crew S1TR ! J’ai peint pendant dix ans en me concentrant uniquement sur le lettrage, jusqu’à ce que je ressente le besoin de parler, via mes peintures, à un public plus large qu’aux autres tagueurs seulement. Avec mon master de finance en poche, je suis allé m’installer en Inde en 2013, où je travaillais pour une grosse entreprise française. C’est là-bas que j’ai eu le déclic. J’ai toujours voulu trouver un personnage à faire vivre dans la rue. J’ai alors pensé à la double vie que je menais à Mumbai : en costume-cravate la journée et avec mes pots de peinture la nuit. Le parallèle avec Don Diego de la Vega/Zorro m’a fait marrer… C’est de là que vient mon personnage. Mon « blaze » (pseudonyme de graffeur) était Sodey, à l’époque, j’ai donc gardé le fameux « Z » du renard rusé et ZDEY était né. Deux ans passés derrière un bureau m’ont convaincu que ce n’était pas comme cela que je voyais ma vie. J’ai donc démissionné, je suis revenu à Paris et j’ai commencé cette nouvelle carrière à temps plein !
Exposer du street art, est-ce contradictoire ?
En appelant cela du street art, cela n’a pas beaucoup de sens, effectivement… C’est pourquoi je préfère me définir comme un artiste tout court, mais issu du graffiti. Le travail d’atelier est très différent du travail sur mur et dans la rue. Je trouve qu’il est intéressant quand il permet d’explorer des choses qu’il est impossible ou plus compliqué de faire dans d’autres contextes.
C’est dommage que l’on ait quelque chose à redire des artistes « urbains » qui travaillent aussi sur toile (s’il y en a encore qui trouvent ça étrange). Ce mouvement a permis à beaucoup de talents de s’exprimer et c’est intéressant de voir ce qu’ils ont à montrer sur différents supports. Finalement, c’est de la peinture, c’est ça qui compte. De nombreux artistes d’atelier ont fait la démarche dans l’autre sens, sans soulever de questions.
Pour revenir sur l’appellation « street art », terme trop galvaudé aujourd’hui : c’est un générique qui permet de nommer et de marketer tout ce qui se passe dans ou qui vient de la rue. S’il est utile pour mettre un contexte, il empêche aussi beaucoup de précisions qui sont fondamentales pour définir l’origine des artistes. Le graffiti (avec un grand « G ») est pour moi une culture bien différente du street art et trop peu de gens saisissent la subtilité, malheureusement. Dans l’absolu, le développement de ce grand mouvement est vraiment fantastique ; à nous de faire connaître la profondeur des différentes cultures qui le composent !
Tu travailles beaucoup avec des associations, notamment pour des activités avec les enfants, peux-tu nous en parler ?
J’aime beaucoup échanger, partager, impliquer toutes sortes de publics dans mes différentes réalisations. Les couleurs sont universelles et la peinture est un moyen génial de travailler ensemble sur des projets. Tout le monde est artiste au fond, tout le monde peut créer, il faut juste casser les barrières et les filtres qui nous bloquent. Les jeunes sont les plus enclins à se laisser aller et à proposer des choses. J’aime beaucoup cette liberté chez eux. L’été dernier, j’ai accompagné un groupe pris en charge par l’aide à l’enfance de Paris sur un gros projet dans le 13e arrondissement. La plupart ont des parcours de vie difficiles. J’ai senti que cela avait été pour eux un moyen de s’accomplir et de regagner confiance. La fierté que l’on a vue dans leurs yeux lorsque l’on a inauguré le bâtiment a donné tout son sens à ce projet. C’était une aventure fantastique !