Cela fait déjà longtemps qu’on suit le parcours de Theodora (de son vrai prénom), musicienne, chanteuse, bassiste et productrice qui développe son projet pas à pas, dans une démarche qui se veut à la fois sincère et qualitative. Échappée du trio Théodore, Paul & Gabriel, et régulièrement instrumentiste dans d’autres groupes, comme Barbagallo actuellement, c’est toutefois dans son projet personnel qu’on découvre toute l’ampleur de sa créativité.
En mars 2016, elle pose les fondations de son univers avec un premier EP, Let Me In, en collaboration avec Rémi Alexandre. Ciselé, élégant, doux et puissant à la fois, cet opus se distingue d’entrée de jeu par la singularité du style, sorte de cold synthpop électronique à la modernité frappante.
Theodora y instaure cette signature vocale bien personnelle, stoïque mais légère, froide et pourtant intensément émouvante. Les arrangements sont fouillés et tout en subtilité, et chaque étage du mille-feuille mérite une attention soutenue. Les rythmiques aux motifs et sonorités recherchés côtoient une large palette de synthétiseurs hérités des eighties et de la cold wave, enveloppés de basses épaisses et menés par des lignes vocales d’outre-tombe souvent doublées de chœurs.
En supplément de ces quatre titres, Theodora ajoute une reprise caverneuse, sombre et tendue du tubesque « Jolene » de Dolly Parton. L’écriture et les clips viennent faire corps avec la musique, renforçant cette coloration cinématographique, nocturne, douloureuse et énigmatique.
Après de nombreux concerts aux côtés de son binôme Zoé Hochberg, notamment à Paris, la musicienne revient ce 2 juin avec un nouveau chapitre, Obsession EP. Pour accompagner cette sortie sur scène, elle organise une release party le 22 juin au Pop-Up du Label, avec Refuge en première partie. C’est à cette occasion qu’elle nous livre en exclusivité deux vidéos extraites de son live de février 2017 au Centre George-Pompidou, tournées par Dodi El Sherbini, avec en fond de scène les projections de Cassie Raptor.
Ce cinq titres s’inscrit dans le prolongement et l’approfondissement du travail déjà entamé par Theodora ; les fans de la première heure ne seront pas perdus. On y retrouve son goût pour les ambiances orageuses, nerveuses et obscures, et les instrumentations demeurent d’une qualité remarquable. On relève en revanche une véritable émancipation vocale, avec l’exploration de nouvelles nuances. Prise de risque également dans l’écriture, avec « Innocence », un premier morceau dans la langue de Molière.
Forte d’un navire colossal à l’architecture froide et imposante, mais d’une sensibilité à fleur de peau lorsque s’élève le doux chant des sirènes, Theodora poursuit avec justesse et fermeté son odyssée sur les mers de ses obsessions.