Le voilà. Emotional Eternal, le troisième album de Melody’s Echo Chamber sort, quatre ans après son dernier tour de piste, Bon Voyage. C’est encore une fois en Suède, auprès de ses collègues et amis Reine Fiske et Fredrik Swahn que Melody Prochet, de son vrai nom, a travaillé pour ce nouvel épisode. Un disque brillant et émouvant.
Melody’s Echo Chamber est de ces artistes qui sont rattrapées par leur musique, prises à contre temps par la création. Alors qu’elle ne comptait pas continuer sa carrière, un « surgissement » la prend à rebours et déclenche un processus créatif dans lequel elle finit par se lover complètement. Et quel plaisir pour nous, qu’elle se soit retrouvée soudain avec sous les doigts ces mélodies, suivies par magie ou par talent par un album. Qui l’eut cru ? Depuis deux ans déjà, l’album se construit, pierre par pierre jusqu’à ériger cet objet, cette cathédrale. Les morceaux en ont tout : l’écho, la beauté, la grandeur, le calme. Pour Melody’s Echo Chamber, comme la vie et comme la nature, la musique répond à une loi de circularité : « les choses se détruisent, meurent et renaissent ». Emotional Eternal est une perpétuelle renaissance, intimement liée à la nature. Un album qui retourne à l’essentiel et se recentre. Ce disque balaye les fioritures pour creuser au cœur de la musique de Melody’s Echo Chamber et offre peut-être l’un de ses plus beaux gestes. Dans l’orchestration, la précision de la production, la richesse de la composition, se cachent les subtilités des discours des arbres centenaires dont elle se fait l’oracle. Elle traduit dans sa musique, dans ses archers, ses flûtes, claviers, guitares et falsettos, le moindre bruissement de la nature. L’aile qui bat, le vent qui souffle, la racine qui pousse. Dans ces textes et ces métaphores, elle fait le lien entre son intimité et ce cycle de la vie qui la fascine. C’est par les phénomènes naturels qu’elle choisit de nous parler de ses émotions. Melody’s Echo Chamber, c’est sûr, entend les langages secrets des arbres et pendues à leurs branches, nous rapporte de leurs forêts sombres toutes les pensées merveilleuses qui agitent leurs cimes.
Manifesto XXI : Au moment où l’on se parle, tu n’as sorti que deux morceaux, et l’album est prévu dans un peu plus d’un mois. Tu as hâte qu’il sorte ?
Melody’s Echo Chamber : Oui, mais j’aurais préféré que tout sorte d’un coup, plutôt qu’en échantillon, un morceau après l’autre. Parce que c’est un album qui est cohérent dans son ensemble. Mais bon, ce n’est pas comme ça que fonctionne une sortie. Donc oui, j’ai vraiment hâte que ça sorte. C’est plutôt joyeux comme moment.
Tu peux me parler un peu de la construction de cet album ?
Ça a commencé par la chanson « Alma », qui était le premier surgissement après Bon Voyage. C’est arrivé lors de ma première séparation avec ma fille, qui était un petit bébé d’un an à l’époque. Quand on a été séparées, j’ai été prise d’une sorte de débordement émotionnel que j’ai dû gérer et qui m’a remise dans cette spirale, cette mécanique de la création d’une manière un peu cathartique. C’était presque une expérience spirituelle, de purification. C’est la seule méthode qui me soit familière pour gérer ces moments dans lesquels mes émotions débordent. C’est arrivé alors que je ne voulais plus faire de disque. Je voulais arrêter. Pas la musique, mais du moins ma carrière. Ça a donc été le premier surgissement. Et cette chanson, pour moi, c’est un papillon, un petit poème à ma fille, un petit poème d’amour à la vie.
En réécoutant la bande démo je me suis dis « ok, il y a quelque chose ». Je l’ai envoyé à mes collègues, qui ont eu envie de travailler dessus. Ils ont aimé le morceau, l’essence du morceau. Et c’est parti, la mécanique s’est enclenchée par surprise. On s’est échangé tous les trois des morceaux, des démos, j’ai chanté sur ce qu’ils m’envoyaient et vice versa. On a commencé à travailler comme ça, à distance. Puis je les ai rejoins en Suède pour enregistrer. On faisait des petites séances de cinq jours. Et il y a eu le confinement, qui était finalement une bonne chose pour moi. Ça m’a permis de structurer un peu mes moments de rêveries, qui ont besoin de limites pour aboutir et ne pas me perdre dans une errance de rêveries. C’était très positif et joyeux de construire ce disque. Je crois que ça s’entend. Il est plus serein, plus posé, plus direct.
C’est ta deuxième collaboration avec Reine Fiske et Fredrik Swahn. Selon toi, qu’ont-ils apporté à ta musique ?
C’est avant tout une rencontre et une amitié profonde. Je les ai rencontrés à un moment particulier de ma vie et la confiance et l’amitié qu’ils m’ont apportées m’ont vraiment aidé à réparer les brèches qui s’étaient creusées en moi, en tant que musicienne. Peut-être que j’avais perdu confiance. J’étais un peu déstructurée à l’époque. On s’est connecté de façon vibratoire assez étonnante. On se complète de manière très angulaire, c’est très étrange. On a une sensibilité commune, on travaille de façon complémentaire, assez naturellement. Je leur dois beaucoup. Ils m’ont énormément apporté, notamment ce côté plus boisé, plus acoustique. Ils m’ont permis de me détacher un peu du rock psyché, de toutes ces strats de sons, que j’aime beaucoup pour leur côté éthéré et psyché, mais qu’on a réussi à réinventer différemment. Je trouve ça intéressant parce que ce qu’on a fait avant, on l’a fait, et maintenant on a envie de faire autre chose. En travaillant une deuxième fois ensemble, on a aussi appris à mieux se connaître, ce qui nous a permis d’aller plus vite à l’essentiel. On a pris plus de temps, c’était plus professionnel.
Ton premier album, tu l’as composé en Australie et la découverte de ce pays et ses paysages t’avait énormément inspirée. Pour le deuxième, tu découvrais la Suède et là aussi, ce nouveau décor avait influencé ton son. Cette fois tu as travaillé sur ce disque dans un endroit qui t’était déjà connu. Est-ce que ça change la création ?
C’est vrai, l’Australie était ma première grande échappée belle. Ça a été une libération. Ces paysages grandioses, cette nature magnifique, ces horizons : tout était très inspirant. Je pense que ça s’est entendu dans la musique. La Suède, c’était carrément l’opposé. C’était en hiver donc il y avait, en opposition à la chaleur extrême que j’avais connue en Australie, le froid extrême. La neige, la pureté, les forêts un peu sombres – qui d’ailleurs ce sont enchantées dans la musique. L’idée était d’aller ailleurs pour voir un autre monde, se sentir voyager.
Cette fois, j’ai effectivement trouvé mon autre monde en terre presque connue, en Suède. Mais je suis aussi retournée à mes origines. Je vis maintenant près de l’endroit où je suis née. J’ai trouvé un bout de terre dans les Alpes-de-Haute-Provence, au milieu des champs d’oliviers et de lavande et j’y ai trouvé comme un autre monde, mais qui existe chez toi, à l’origine. Ça donne cette espèce de boucle qui est bouclée, cette idée de circularité de la vie, qui est d’ailleurs un peu le thème du disque.
Tu parles régulièrement d’expériences spirituelles, tu fais de la méditation, au-delà d’être un leitmotiv, c’est quelque chose qui fait partie de ton processus créatif ?
Déjà, j’ai extrêmement besoin de silence et de temps de rien, pour que la créativité surgisse. Je me nourris aussi beaucoup de mes débordements émotionnels, mais c’est vrai que j’ai besoin de silence, d’absence… Je m’absente beaucoup. Parfois je suis là, mais je ne suis pas là, on ne sait pas et c’est dans ma nature. La vie m’a menée dans le sud et je n’y suis pas dérangée constamment, c’est agréable. En ville, il y a trop de bruit pour moi. J’y suis trop sensible, ça me pollue. C’est ce qui m’a amené à la méditation, au début. Maintenant j’en ai moins besoin, elle se fait naturellement, disons de manière organique. Ça prend la forme de marches dans la forêt, c’est très, très salutaire pour moi. Il y a une forêt juste à côté de chez moi dans laquelle je vais marcher quand j’en ai besoin. J’y trouve une sorte de sanctuaire naturel qui fait office de méditation.
Trop de créativité sans cadre, sans avoir les pieds dans la terre, dans la vraie vie, dans la réalité, ça peut être un peu dangereux psychologiquement.
Melody’s Echo Chamber
Dans ton dossier presse, il est dit que cet album est « une brillante consolidation des leçons apprises en cours de route ». Quelles sont ces leçons qui ont éclairé ton album et ta musique ?
Je pense que ça évoque d’abord l’idée de faire un pas de côté, de prendre de la distance. Ça a été très bénéfique pour moi, parce qu’à une époque j’ai pu avoir une sensation d’errance dans mes rêveries. Trop de créativité sans cadre, sans avoir les pieds dans la terre, dans la vraie vie, dans la réalité, ça peut être un peu dangereux psychologiquement. Donc j’ai construit ces leçons en me butant à mes rêveries, jusqu’à me dire « maintenant j’ai besoin d’une vie plus ordinaire, plus simple, j’ai besoin de rencontrer des vrais gens ».
Ensuite, en travaillant sur Bon Voyage, on a appris beaucoup de choses avec mes collègues. On a appris à se détacher du maximalisme, pour aller vers l’essentiel, vers de la simplicité, ce qui n’est pas facile à faire. Et je me suis construit un cadre. Je suis une formation d’art thérapie. Je me suis structurée, et c’est très agréable pour vivre une vie plus sereine.
Ça doit être plutôt complémentaire avec ta musique, cette formation d’art thérapie ?
Oui, j’apprends beaucoup de choses, ça me passionne. Déjà, c’est éclairé par la psychanalyse, même s’il ne faut pas trop le dire parce que ça dérange les gens. Donc je fais des liens avec ma psyché, avec mon besoin de créer : d’où ça sort ? Récemment on a beaucoup étudié Louise Bourgeois qui disait : « I’ve been to hell and believe me it’s wonderful / Je suis allée en enfer et croyez-moi c’est magnifique » ou quelque chose comme ça. J’ai trouvé ça génial. Je me suis penchée sur son travail, j’ai regardé ses interviews, elle est incroyable. Ce n’est pas un parcours facile, mais c’est très intéressant. J’étudie beaucoup d’artistes, la création, la structure. Donc je fais des liens, évidemment, mais ce qui m’apporte le plus, c’est d’expérimenter. J’aimerais me spécialiser, en musicothérapie bien sûr, et j’en expérimente déjà un peu les bénéfices sur les personnes âgées. Je travaille en Ehpad trois fois par semaine, c’est très enrichissant. Je rencontre des gens que je ne rencontrerai pas dans mon milieu, des gens très différents, des gens simples, des paysans. C’est un tout autre monde que Paris.
J’ai regardé beaucoup de documentaires sur la communication des arbres, le système des forêts… Il y a quelque chose de très organique et de cyclique qui m’intéresse.
Melody’s Echo Chamber
Ça instaure un rapport différent à la musique, j’imagine ?
Oui, on relativise, c’est sûr. D’un coup ma musique devient un hobby, ce n’est plus aussi important. Au travail pour mes collègues, je fais mes petites musiques dans un coin, c’est tout, et d’ailleurs c’est exactement ça en vérité. Ça fait sortir de son petit ego. Même si de toute façon, en devenant mère, on en sort, de son petit ego. On vit pour ses enfants et ça m’a fait prendre beaucoup de recul. Ce sont des leçons d’humilité tous les jours, d’aller travailler et c’est que du positif pour moi.
Maintenant qu’il est bouclé, qu’est ce que tu as voulu dire avec ce disque finalement ?
Dans un premier temps, c’était un besoin vital. J’ai besoin de transformer mes émotions en quelque chose pour que ça tienne, pour continuer à avancer. C’est la seule manière que je connaisse d’avancer. Il me faudrait des années de recul pour percevoir clairement le thème de cet album, mais s’il y en a un que je perçois, c’est cette idée de circularité de la vie. On a utilisé pas mal d’archer, de guitare électrique, qui évoquent l’éternel, le cycle naturel. La nature m’a énormément inspiré pour ce disque. J’ai regardé beaucoup de documentaires sur la communication des arbres, le système des forêts… Il y a quelque chose de très organique et de cyclique qui m’intéresse.
Il y a quelque chose que je trouve très intéressant et beau dans ton rapport à ta voix dans tes chansons. Elle fait complètement partie de l’orchestration, ce n’est pas une voix par-dessus des pistes instrumentales, elle se mêle totalement aux autres couches. En un sens, ça me fait penser aux chants classiques, dans la structure.
C’est rigolo que tu aies remarqué ça parce que ma première expérience de félicitée dans la musique, c’était l’orchestre. Je me rappelle même du morceau : c’était Sibelius, « La Valse Triste ». J’étais altiste, je devais avoir 14 ou 15 ans et je me souviens de cette transe, cette communion avec les autres, avec la musique qui était assez dingue. J’étais donc altiste et les altistes font toujours la partie du milieu. Ce ne sont pas les premiers violons qui jouent le thème et qui se régalent, c’est toujours la même note, au milieu. On pourrait se passer de toi, mais pas vraiment… Cette position me convenait très bien d’ailleurs, peut-être parce que j’ai pas assez confiance ou simplement parce que je n’aime pas tellement être dans la lumière. Ce n’est pas trop mon truc d’aller me mettre sur scène. Mais donc non, ma voix n’est pas plus importante que le reste. Peut être que je me cache, je n’en sais rien, mais c’est comme ça que ça sort.
Ça me rassure face à la destruction de la planète de me dire que c’est l’humain qui va disparaître. La Terre est là depuis je ne sais pas combien d’années, elle se régénérera.
Melody’s Echo Chamber
Dans tes textes il y a justement un aller-retour permanent entre une profonde intimité et une universalité qui ne te dévoile pas trop, et nous laisse accéder complètement à tes textes. C’est quelque chose de conscient ?
C’est un super résumé, je trouve ça très chouette que tu aies perçu ça, parce que je me suis fait la réflexion plusieurs fois. Encore une fois de manière inconsciente parce que, même si je réfléchis de plus en plus professionnellement à ce que je dois dire ou non, je ne calcule pas tellement ça. Je suis plutôt intuitive. J’apprends à garder mes distances et je sais aussi que c’est plus intéressant de chercher quelque chose d’universel pour que les gens puissent rêver dans ma musique. C’est d’ailleurs ce à quoi je veux tendre : des paysages plus silencieux, avec plus de place pour l’autre. En art thérapie, on apprend à désaturer un espace de rêverie, pour l’autre. Ça fait écho à ce que je veux créer. Donc tu as très bien résumé, c’est vraiment mon âme qui se dévoile, puis je fais ce pont vers l’universel pour que ce ne soit pas seulement pour moi. Je commence à m’ouvrir plus. Avant c’était vraiment très introspectif, c’était pour moi. Là, je m’ouvre un peu plus.
Tu parlais de ta formation d’altiste au conservatoire, et j’ai lu quelque part que tu n’étais pas allée à ton examen de fin de cursus…
Au plus grand regret de ma mère, elle m’en parle encore : « Et ton examen !!! ».
Et aujourd’hui, ton album se termine avec un très beau moment de cordes à la fin du morceau « Alma ». C’est une boucle qui se boucle ?
C’est exactement ça, tu as très bien résumé. Je ne m’en suis rendu compte qu’à la fin. L’ordre s’est fait un peu sans y penser et finalement, ça se termine par le premier morceau que j’ai composé, celui qui a fait que ce disque existe. Alors qu’à la base je ne pensais pas en faire d’autres. C’est encore ce cycle, qu’on retrouve dans la nature. Un renouveau : les choses se détruisent, meurent et renaissent. C’est très organique. Cette notion m’émeut beaucoup, ainsi que la notion de mort. C’est rassurant de se dire que c’est comme ça, que la Terre continue. Ça me rassure face à la destruction de la planète de me dire que c’est l’humain qui va disparaître. La Terre est là depuis je ne sais pas combien d’années, elle se régénérera.
En fait, je ne comprends pas que l’être humain manque autant d’humilité.
Melody’s Echo Chamber
Tu as sorti un clip dans lequel on voit deux humains dans un monde où les villes sont recouvertes par la nature qui semble avoir repris le dessus. Puis un deuxième dans lequel on voit les arbres communiquer, vivre. Ce monde où les humains ont disparu, c’est une utopie ou une dystopie pour toi ?
Oui, il y avait encore des humains dans le premier et puis je les ai complètement virés (rires). Mais c’est une rêverie. Je trouve les espaces où la nature a repris le dessus, magnifiques. D’ailleurs, ma première idée était de créer une sorte de bande d’images avec des cathédrales recouvertes de plantes. Ça créait un autre monde assez sublime. En fait, je ne comprends pas que l’être humain manque autant d’humilité. C’est peut-être l’une des seules choses qui peut me mettre en colère. L’humain manque tellement, terriblement d’humilité face à la nature. D’ailleurs, je me suis retrouvée végétarienne, par surprise. Ce n’était pas forcément prévu. Tu vois les boîtes remplies de livres, tu en poses un, tu en prends un ? Il y en a une en face de ma maison. J’ai fait une balade, je me suis arrêtée, j’ai pris un livre alors que je n’en prends jamais. Et je vois Combat de Brigitte Bardot, son dernier livre. Je ne suis pas attirée par Brigitte Bardot à la base, mais ceci dit j’ai lu le livre, j’ai chialé tout le long et je suis devenue végétarienne.
En parlant de Brigitte Bardot, est-ce que les accords de piano de « Alma » viennent de « Initial B.B. » de Gainsbourg ?
Non, enfin pas volontairement. C’est inspiré de Sébastien Tellier qui s’est, je pense, lui-même inspiré de Gainsbourg. Ce sont des accords qui font très français. C’est drôle, c’est un hommage, un clin d’œil à Gainsbourg qui revient dans ma musique, dans « The Hypnotist » aussi par exemple. Mais ce n’est pas voulu, ça revient tout seul. Pourtant, même si j’adore, je n’écoute plus. Je n’écoute plus de musique d’ailleurs.
Plus du tout ?
Après Bon Voyage, j’ai eu besoin de silence. J’en ai tellement emmagasiné qu’au bout d’un moment, on passe du stade passion à… autre chose. Du coup, j’ai eu besoin de silence. Et mon compagnon écoute beaucoup d’ondes d’état, de musique méditative, beaucoup de Sigur Rós et d’ambient. C’est de là que vient la petite goutte d’ambient du disque.
Ça me stresse et je n’ai pas encore trouvé une manière assez sereine de me mettre en lumière.
Melody’s Echo Chamber
Tu disais plus tôt que ce n’était pas ton truc d’aller te mettre sur scène. Tu n’as pas prévu de concerts pour cet album ?
Je n’ai pas envie, et du coup je n’en ai pas prévu. C’est compliqué, parce que je suis extrêmement reconnaissante que les gens me soutiennent et aient envie de nous voir jouer. C’est un éternel dialogue dans ma tête en ce moment. Je me dis « mais vas-y, vas-y ! » et chaque fois que je suis presque en train de me décider à y aller, j’ai cette voix qui me dit non. Ça me stresse et je n’ai pas encore trouvé une manière assez sereine de me mettre en lumière. Et en même temps je ne pensais pas refaire un disque, donc tout est possible ! En revanche j’ai déjà aimé faire des concerts, notamment aux États-Unis. On arrivait dans des états de transe qui étaient assez chouettes et on a eu des super retours. Mais c’est beaucoup de stress pour moi qui suis très sensible, je n’arrive pas encore à gérer.
Faire un album et faire des concerts, c’est réellement deux métiers différents. Mon rêve c’est d’écrire un livre maintenant. J’adore écrire, de la poésie notamment. J’ai presque plus une vie de poète que de musicienne. Quand tu écris un livre, tu le termines et ça y est, tu as fait ton travail. Après tu tournes, tu discutes avec des gens, mais tu ne fais pas un autre travail, tu as terminé ton œuvre. Ils ne savent pas ce que c’est réellement, l’organisation d’un concert, d’une tournée. C’est beaucoup, beaucoup de travail, si tu veux faire quelque chose de bien. Il y a plein de gens qui le font, qui se régalent, qui adorent ça, mais ce n’est pas le cas pour moi.
Un mot de la fin ?
Je veux remercier encore mes collègues, et être sûre qu’ils soient bien mentionnés. Parce que ça sort sous mon nom, Melody, mais ils ont énormément travaillé sur le projet. Ils avaient accès au studio, en Suède, ils n’étaient pas confinés donc ils ont presque plus bossé que moi. Toujours sous ma supervision, mais ils ont énormément donné pour ce disque. Je veux leur rendre hommage, parce que c’est deux personnes vraiment extraordinaires avec qui j’ai une amitié très profonde autour de la passion de la musique. Je les aime beaucoup et sans eux, je n’aurais pas fait ce disque. J’ai mis du temps à trouver des gens avec qui il se passait un truc. J’ai besoin d’être dans le partage. Faire de la musique seule, c’est sans fin pour moi. J’efface, je recommence, je fais, je recommence… Alors je ne sais pas ce que la vie décidera, mais j’aimerai bien retravailler avec eux, c’est sûr.
Pour un album qui accompagnerait la sortie de ton recueil de poésie ?
Un roman plutôt, mais il me faudrait du temps. J’ai déjà toute mon histoire… mais je ne vais pas te la raconter, sinon on va me la voler !