Comme chaque année la Route du Rock a commencé pour nous par un covoiturage prévu pour midi qui ne part qu’à 15h. Comme chaque année donc, nous avons raté les premiers concerts sur la plage (les « incontournables » Aquagascallo). « On fera mieux l’année prochaine » (comme chaque année).
Une fois n’est pas coutume. Ainsi, il ne pleut pas toujours à la Route du Rock (ne croyez jamais les parisiens). Il faisait beau, si beau que nous n’avons même pas fait d’aquaplaning boueux à l’arrivée.
Bref, pour rattraper notre retard, nous nous pressons sur le site. On entame donc le festival en douceur avec Kevin Morby qui présente son troisième album solo, « Singing Saw », un folk enlevé à la Dylan. Mais pour nous, c’est Minor Victories qui lance véritablement les hostilités. Rachel Goswell de Slowdive, Stuart Brainwaithe de Mogwai, Justin Lockey d’Editors et James Lockey de Hand Held Cine Club confirment sur leur première date française qu’un « supergroupe » peut être pertinent sans faire du hard rock. C’est un shoegaze puissant et mystique qui porte la voix de Rachel dans les hauteurs du fort de Saint-Père.
Malgré cette collaboration détonnante, la première « claque » du festival sera indéniablement Pantha du Prince. Après avoir enregistré son nouvel album, «The Triad», aux côtés du chanteur Scott Mou et du batteur norvégien Bendik Hovik Kjeldsberg, le berlinois nous livre une performance solo à laquelle la vidéo n’apporte que très peu. Pourtant, dès le premier morceau, sa minimale ciselée nous couvre d’une ambiance particulière, le temps est comme suspendu, plus rien d’autre ne compte que la danse, la poursuite de la mélodie et le retour du kick. Lorsque la transe s’achève à notre plus grand regret, nous peinons à nous consoler devant Gold Panda. Si le beatmaker britannique livre un show parfaitement exécuté, nous restons accrochés à l’orfèvrerie synthétique de Pantha du Prince. Mais bon, « TEDDY RINER IL A GAGNÉ !! »
LOOK, I’M TRYING TO GET BETTER BUT,
I CAN’T DO THAT WHEN EVERY GODDAMNED THING IS ABOUT YOU
AND WHY DO I HAVE TO FIGURE OUT WHY I’M LIKE THIS
AND STILL TREAT YOU LIKE A PRINCESS
BUT WHAT ABOUT ME ?
I’M A FUCKING PRINCESS TOO
SO TREAT ME LIKE ONE
AND DON’T TELL ME WHAT TO DO » … Nous avons beaucoup crié.
Entre les cris, nous nous sommes quand même ressourcés à l’aide de ces fameux tacos « softs ». Délicieux, ils arrachaient au moins autant que les Sleaford Mods. Aussi influencés par le punk que les raves et le Wu-Tang Clan, Jason Williamson et son camarade Andrew Fearn vous insufflent une conscience de classe en moins de temps qu’il n’en faudrait pour lire le manifeste du parti communiste, avec un goût pour la bière tiède en plus.
Bien sûr tout ceci n’aurait pas été pareil sans l’infaillible comique de répétition des agents de sécurité Shark à chaque passage devant leur poste au camping : « attention à la marche » ou « ton lacet est défait » ! Mention spéciale à celui qui a le plus pris son travail à coeur en réveillant méticuleusement chaque personne lundi matin, beuglant au mégaphone devant chaque tente : « REVEIL FERMETURE DU CAMPING AVANT MIDIIII !! »