La pochette de Prettiest Virgin d’Agar Agar, c’est elles. Le visuel du Bateau Music Festival, c’est encore elles : nous avons poussé la porte de l’atelier du duo Groduk & Boucar pour tenter de cerner l’imaginaire des deux artistes.
Petite histoire du joyeux duo
Un peu comme Blanc Bonnet et Bonnet Blanc, les deux artistes ont un look sobre, presque la même coupe au carré et une même timidité rêveuse. On appelle Océane et Margaux Groduk & Boucar depuis longtemps – depuis qu’elles se sont rencontrées dans le DMA Gravure de l’école de Estienne : « On a commencé à signer nos première petites BD entre nous, sur les gens de la classe et sur les profs « une production Groduk & Boucar » ».
Ce qui leur vaut un florilège de fautes d’orthographe, avec des K et des C qui se font la guerre. Voire même jusqu’à ce qu’on écrive « Gros duck » nous dit Océane. La spécialité de Groduk & Boucar c’est la sérigraphie, technique d’impression qui s’apparente au principe des pochoirs, et le contraste entre l’esthétique du duo et cette technique ancestrale a occupé une grande partie de notre conversation.
Passion sérigraphie
Groduk & Boucar réalisent des illustrations sur commande mais la majeure partie de leur travail personnel est fait d’estampes. Rapidement, nos questions portent sur le caractère désuet de cette technique dans un monde toujours plus moderne. « Je pense que les gens s’intéressent un peu à ça, qu’il y a un regain. » soutient Margaux. Mais en fait, c’est quoi le petit plus de la sérigraphie ? « C’est au niveau de la diversité et la qualité du papier et des supports qu’on peut utiliser, et de la vivacité des couleurs. Puis même, c’est une série vraiment limitée faite à la main donc c’est comme une peinture mais en multiple » répond Margaux. Océane explique encore : « On contrôle toute la production c’est ça qui est intéressant. Même le papier. Ça s’adapte trop bien aux illus qu’on veut faire et les couleurs elles sont toujours flashy. Même quand on fait des illus sur Photoshop on est toujours un peu déçues quand on les imprime ».
Les ingrédients d’un style malicieux
Et pour cause, les couleurs sont vives dans les créations du duo. Cela fait même presque partie de leur signature. Dans les œuvres de G & B, un certain nombre de caractères reviennent. « Oui, on aime bien la gothique, l’épée, les tigres, les maisons en feu, les voitures et les serpents… ». Le sens de l’humour et de la dérision est omniprésent, les créations sont malicieuses. Pêle-mêle dans les illus et les estampes, on retrouve des éléments tirés de l’architecture, la street, et « des trucs un peu drôles, des peintres plus classiques comme Magritte… ». Difficile de coller une étiquette aux productions des deux artistes qui essaient de ne pas s’enfermer dans un style trop défini comme pour garder une marge de manœuvre créative.
Groduk & Boucar piochent aussi bien dans la pop culture que dans un imaginaire plus surréaliste, et c’est ça qui nous touche : c’est cette forme de synthèse entre le kitsch nostalgique et un onirisme plus symbolique. L’Amérique est quelque part en toile de fond de certaines créations, plutôt l’Amérique de Memphis d’ailleurs. La photographie des films de Gregg Araki parle particulièrement à Océane. C’est une Amérique idéale qu’on fantasme à travers le rétro, l’esprit teen movie 90s ambiant. Pourquoi autant de fascination pour cette esthétique ? « On a toujours une fascination pour la période de son enfance » d’après Océane, et Margaux renchérit : « C’est toujours un cycle, ça revient maintenant parce que c’est nous qui commençons à rentrer dans la vie active et à faire des illus sur ce genre de thèmes ». Mais la nostalgie-mania complète, non ce n’est pas chez Groduk & Boucar.
Les futures productions Groduk & Boucar
Je leur demande si elles souhaiteraient développer la BD, format de leurs premières créations communes. Océane répond : « Oui, je trouve ça sympa, mais peut-être plus le dessin animé. En fait on avait fait un fanzine et on aimerait bien le décliner en dessin animé à terme. C’est en projet ».
Et quand on leur demande si elles sont particulièrement attachées à la musique, s’il existe une playlist spéciale Groduk & Boucar, la réponse n’est pas évidente et Margaux avoue : « On s’est dit qu’il fallait qu’on achète une radio ! ». De nouvelles séries devraient bientôt venir enrichir le portfolio des deux artistes, l’une d’elles illustrerait de drôles de maisons en feu… Dans leurs projets il y a aussi l’organisation de workshops pour initier des novices aux subtilités de la sérigraphie.
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