Jusqu’au 23 septembre, les Riot Girls vous attendent de pied ferme à la galerie Arts Factory. Celine Guichard, Maya Mc Callum, Anne Van der Linden et Nadia Valentine ont chacune leur charme un peu canaille. Grâce au mécénat de l’association Clovis Trouille, cette exposition rassemble des artistes figuratives qui ont de la répartie. Mais que l’on ne s’y trompe pas, ce quatuor est aussi pétaradant qu’hétéroclite : chacune a son terrain où sévir…
Le trait poilu de Céline Guichard engendre des chimères obsédantes et transgressives. Ni homme, ni femme, ni humain, ni animal, le bestiaire de l’artiste échappe au déjà-vu. Avouons-le, cette cour des miracles est pour le moins provocante. On ne peut qu’être fasciné par ces univers sans tabou et déconstruits qui habitent des erreurs de la nature aux visages obscènes et grimaçants. Images sorties tout droit de l’inconscient et du bizarre pour mieux vous manger, mon enfant…
En ce qui concerne Anne Van der Linden, le moins qu’on puisse dire c’est que l’artiste n’a pas son pinceau dans sa poche. Dans un registre expressionniste, la peintre et dessinatrice donne du chien à sa pâte picturale. Chacune de ses toiles est un exorcisme qui exerce sur le spectateur une fascination mystique.
Anne Van der Linden nous explique effectivement que « L’art doit forcément déranger car on est supposé proposer quelque chose d’inédit en art contemporain, qui déstabilise par rapport à ce qu’on a pu engranger auparavant. Puis on s’habitue et donc il faut de nouveau déranger ailleurs. L’art est un exutoire. On se fait du bien en faisant ça. On se dit qu’on n’est pas seulement des petits robots ».
C’est un humour grinçant et fin que nous livre Maya Mc Callum. Avec une technique de dentellière, la sulfureuse dessinatrice multiplie les fresques grotesques à la symbolique acerbe. On se noie dans les détails de ces frises psychédéliques néo-Renaissance, c’est délicieux.
Familières et subversives, les icônes de Maya mettent en scène des personnages étonnants… À l’instar de ce Jésus trans. Explications : « À la base je collectionnais des objets religieux et j’ai halluciné lorsque j’ai remarqué sur les crucifix que j’achetais en brocante que le corps du Christ était très féminin. Je leur ai rajouté des bikinis et commencé à faire des Jésus pin-up ».
Nadia Valentine a quant à elle un parler franc et sans détour. En mettant à mal tous les clichés de l’imagerie coloniale, ses oeuvres forment un cocktail détonnant et ne laissent pas indemne. C’est que l’artiste ne se ménage pas pour crier haut et pointer du pinceau.
« Je travaille sur la question de la publicité colonialiste avec Banania qui est ressorti et qu’on trouve dans tous les magasins. Cette affiche qui avait disparu est réapparue et des gens ont porté plainte. Le résultat du jugement a été que les termes « Ya Bon » disparaissent mais la figure du tirailleur reste. Faire réapparaître cette affiche signifie que tout cela n’est pas si grave et qu’on peut continuer à avoir une idée biaisée de l’autre. Pourquoi cette image réapparaît ? Elle aurait dû disparaître. C’est pour ça que j’ai fait ce travail-là, un travail de questionnement du sens de la publicité, de ce qu’elle veut nous montrer et nous imposer. »