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Rencontre avec les organisateurs de Rituel, festival rennais audacieux

Rencontre avec les organisateurs de Rituel, festival rennais audacieux

Petite nouvelle dans le paysage des associations rennaises, Rituel 111 s’apprête à lancer du 2 au 4 novembre la première édition de son festival, Rituel 1. Manon Hody et Pierre-Louis Thomas, ses organisateurs, ont parié sur une programmation de pointe mêlant musique (Forever Pavot, Heimat, Ko Shin Moon…), arts visuels et tatouage ; une audace qui les démarquera sans aucun doute de l’effervescence des festivals de la capitale bretonne. Rencontre.

D’emblée, vous apparaissez comme un festival avant-gardiste. Comment avez-vous élaboré la programmation ?

Pierre-Louis : C’est moi qui suis entièrement à la programmation. Je choisis les groupes essentiellement au coup de cœur. Je vais chez le disquaire, j’écoute aussi beaucoup de choses sur Internet, je lis la presse. J’essaie surtout de mettre en avant des petits groupes qui ont peu tourné avant, mais tous styles confondus. Musique du monde, rock, musique électronique…

Vous avez quand même laissé la place à des artistes rennais, c’était une condition que tu t’étais fixée en faisant la programmation ?

Pierre-Louis : Oui, c’était important pour nous de mettre en avant la scène rennaise, parmi des artistes de la scène nationale et internationale. Il y a des groupes qui viennent d’Ukraine, de Suisse et de Belgique.

Qu’est-ce qui vous a poussés à lancer votre festival ?

Manon : Au départ, en lançant Rituel 111, nous n’avions pas forcément comme objectif de faire un festival. On était partis dans l’optique de simplement faire des soirées de concerts dans des bars. Mais l’idée est quand même venue assez rapidement. En fait, on avait envie de travailler avec des tatoueurs, on parlait de faire des journées DJ sets et tatouages, d’autres projets comme ça, donc c’est en ayant plein d’idées d’activités que tout a fusionné dans le projet d’un festival.

Pierre-Louis : On s’est dit que ce serait bien de faire un événement un peu plus gros que d’habitude, afin que je puisse inviter des groupes qui me plaisent vraiment sur trois jours. Je souhaitais élargir la programmation aussi, en invitant des groupes de plus loin.

Manon : Et surtout, ça nous permet d’avoir une « excuse » pour inviter des groupes qui viennent de plus loin ! Parce que sur les dates qu’on a fait en concert, on invitait des artistes qui venaient de Paris au plus loin.

Pourquoi le tatouage particulièrement ?

Pierre-Louis : C’est une culture qu’on apprécie, et on trouvait sympa de mettre le tatouage en avant en hiver, parce qu’à Rennes, mise à part la convention de tatouage qui a lieu au printemps, il n’y a rien d’autre en termes de rassemblement de tatoueurs. Donc Rituel, c’est un peu comme une mini-convention. Même si on ne fera pas ça à toutes les éditions…

Et comment ça se programme, un tatoueur ?

Pierre-Louis : Là, pour le coup, j’ai plutôt cherché sur Instagram.

Le tatouage est un art plutôt mal connu, peu représenté et victime d’a priori assez négatifs, surtout pour certaines générations. Avez-vous fait face à des réticences pour financer le projet de la part de certains acteurs ?

Pierre-Louis : Clairement, on a dû faire face à quelques réticences… Mais finalement, on s’est débrouillés et on a trouvé les subventions ailleurs pour financer le festival.

Manon : Ça ne nous a pas rebutés tant que ça au final, on n’a pas baissé les bras, et voilà.

Qui vous subventionne ? 

Manon : En ce qui concerne les subventions publiques, on est soutenus par le FRIJ (Fonds Rennais d’Initiative Jeunes), c’est une bourse du CRIJ (Centre Régional d’Information Jeunesse) en partenariat avec la ville de Rennes, attribuée aux projets de jeunes de 18 à 25 ans, dans tous les domaines. Pour donner une idée, Columbine a été subventionné par eux aussi l’année dernière, cette année il y a eu La Meute… Et outre l’aspect financier, ils aident aussi sur les plans administratifs et juridiques, pour monter les dossiers, etc.

Et du côté des subventions privées et des mécènes ?

Manon : De ce côté, on n’en a pas vraiment. On est un peu en mode roots sur ce coup-là ! C’est vrai que pour le premier événement d’une association créée en février dernier, c’est compliqué de faire confiance à des gens qui débarquent. Mais on s’y attendait, donc heureusement, on ne s’est pas basés dessus. Après, la taille de l’événement est suffisamment réduite pour que l’on puisse se débrouiller avec peu d’aides extérieures.

Pierre-Louis : Cette première édition est à notre échelle en termes de groupes, de lieux de concerts, donc ça ne demande par forcément énormément de financements.

En tant que toute jeune structure, comment vous sentez-vous implantés dans le paysage événementiel et musical rennais ? C’est difficile d’y faire sa place et de fédérer un public quand on débarque comme ça ?

Pierre-Louis : Je ne sais pas si notre place est vraiment définie, parce qu’on est vraiment tout jeunes et qu’il y a beaucoup de monde ; mais notre association est particulière parce que l’on fait partager tous les styles de musique, donc le public visé est différent à chaque fois. C’est ce qui nous intéresse aussi.

Manon : Et comme ça, on n’a pas le stress de vraiment devoir fédérer un seul public.

Quel est votre coup de cœur de la programmation ?

Pierre-Louis : Pour moi, c’est Ko Shin Moon. C’est un duo qui est dans la même veine qu’Acid Arab, et qui utilise des synthétiseurs analogiques avec des instruments traditionnels, c’est un mélange assez fascinant. Après, il y a aussi Blind Butcher que j’aime beaucoup et que j’ai déjà vu en live, j’ai hâte de les revoir. Sinon, Mercury Child’s, un duo rennais. Ils n’ont encore rien sorti, mais d’après ce que j’ai pu écouter je pense que ça va être un show incroyable !

Manon : Sur les tatoueurs, pour moi, c’est IUL. Il a une patte particulière que j’aime beaucoup. Quand tu regardes ses tatouages, tu reconnais directement que c’est lui, c’est super efficace. Mais en même temps, il peut te faire des trucs assez personnalisés, il est très polyvalent.

Pierre-Louis : Dans tous les cas, la programmation n’est faite que de coups de cœur !

Pourquoi avoir choisi d’investir l’Hôtel Pasteur et le Jardin Moderne particulièrement ?

Pierre-Louis : On voulait vraiment faire de l’Hôtel Pasteur le QG du festival. Vous pourrez y retrouver l’exposition, les tatoueurs, et je voulais aussi qu’il y ait des DJ sets. C’était important pour moi, afin d’organiser différents voyages sonores, notamment le vendredi qui sera sous le thème des musique du monde, essentiellement sur vinyles, avec DJ Kantes, Voodoo Ambassadors et le jeune DJ Tamovèzmin. Et le samedi, une programmation 100% féminine de DJ sets post-punk, new wave et synth pop avec Badame l’Ambasadrise, Philomene & Colette, ainsi qu’un live de l’artiste ukrainienne Bryozone du label cистема | system, pour son premier live hors-Ukraine.

Manon : Après, pour le Jardin Moderne, ce sont plus les aspects pratique et financier qui sont entrés en jeu. On aurait pu faire rentrer deux cents personnes dans un bar, mais on voulait vraiment des conditions de concerts idéales, avec une scène, du bon matériel, etc.

Quelles sont vos attentes pour cette première édition, en termes de fréquentation et de réception ?

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Pierre-Louis : On espère simplement que ça va marcher ! En termes de communication, on fait tout pour qu’il y ait un maximum de visibilité, donc on espère atteindre le plus de gens possible.

Manon : Après, on n’a pas d’attentes spécifiques. Mais je crois que ce qui nous ferait kiffer, c’est que les gens viennent nous voir à la fin du festival en nous remerciant d’avoir découvert tel ou tel artiste. Ça nous est arrivé avec les premiers concerts que l’on a organisés, tu participes au développement d’un petit groupe et c’est génial. En fait, c’est le maximum que l’on pourrait espérer, que le public et les artistes soient contents. Pour le moment, on peut se concentrer sur ces attentes-là, c’est déjà pas mal.

Pierre-Louis : C’est encourageant, bien sûr !

C’est quoi la suite, après le festival ?

Pierre-Louis : Avant le festival, vous pourrez retrouver quelques soirées, plutôt rock pour le coup. Après le festival, on fera peut-être une petite pause jusqu’en janvier et on repartira sur d’autres événements, et on l’espère la deuxième édition du festival.

Vous arrivez à jongler entre la préparation des soirées et la préparation du festival ?

Pierre-Louis : On est directement confrontés au truc, on n’a pas eu d’expériences avant, donc on y va la tête la première, on rentre dedans. On est passionnés par ce que l’on fait donc ce n’est jamais un calvaire de passer du temps sur tout ça, au contraire.

Manon : Et puis ce sont quand même deux choses différentes, cela ne demande pas le même travail. Pour le festival, il y a énormément de choses à prévoir, les moindres petits détails. Ça reste beaucoup plus simple d’organiser une soirée dans un bar qu’un festival.

Pierre-Louis : Et puis c’est important pour nous de montrer que l’on est présents, que l’association bouge dans le paysage rennais.

Rituel est avant tout le fruit d’une rencontre, la vôtre. Comment ça s’est fait ?

Pierre-Louis : Avec Manon, nous nous sommes rencontrés en tant que bénévoles aux Rencontres Trans Musicales, on est passionnés tous les deux par la musique et on a décidé de lancer ce projet. Nous sommes sur la même longueur d’onde, ça facilite les choses.

De A à Z, vous avez tout fait à deux. Comment faites-vous pour assumer autant de travail et de responsabilités ?

Pierre-Louis : On s’occupe de tout, chacun a son rôle dans l’association. On placarde les affiches, on fait à manger aux groupes, on va les chercher à la gare… On n’a pas le choix, mais ça nous plaît.

Manon : Et n’être que deux, au final, ce n’est pas un problème, au contraire. C’est une volonté, en fait, on ne veut pas étendre l’association pour le moment. On ne veut pas qu’il y ait quarante personnes d’un coup, avec trente personnes qui ne savent pas quoi faire et dix autres qui carburent. On fonctionne comme ça ; après, si on sent qu’on a de plus en plus de taf, qu’on n’y arrive plus, on s’agrandira bien sûr.


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