Le 24 mars dernier, nous organisions à Petit Bain, avec Les Femmes S’en Mêlent, une soirée précédée d’un talk : « Déconstruire le mythe de l’artiste tourmentée : réflexions sur la santé mentale des artistes », avec Cœur, artiste interprète, Priscilla Adam, manageuse, fondatrice de l’agence hydr et membre du collectif Cura, et Virginia Galván-Blas, comédienne et intervenante attitude-aisance scénique. À réécouter juste ici !
En 2022, le collectif Cura, qui œuvre pour la santé mentale des artistes et professionnel·les de la musique, publie une enquête aux résultats alarmants : sur les 518 personnes interrogées, 40% se sentent déprimé·es au moins 1 fois par mois et 38% des artistes se disent extrêmement anxieux·ses (entre 7 et 9 sur une échelle de 9). En tête, les personnes de moins de 24 ans, les femmes, et les personnes aux faibles revenus. Parallèlement, 70% d’entre elleux déclarent ne pas avoir accès aux soins. Des chiffres qui mettent en lumière un manque cuisant de discussions et solutions autour du sujet.
C’est de cette urgence que nous est venue l’envie d’avancer ensemble sur cette problématique. Pour ce faire, nous nous penchons sur le thème de l’artiste tourmenté·e, ce mythe vieux comme l’art qui voudrait que les artistes naissent incompris·es, torturé·es, vivant reclus·es de la société, soumis·es à des addictions, des comportements auto-destructeurs et des maladies mentales, pour finir par mourir sur scène, sacrifié·es au public, à l’art. Ce mythe qui suggère que plus la souffrance est grande, plus l’art est beau, que l’inspiration naît dans la douleur et que prendre soin de soi, c’est enterrer un peu sa créativité. Ce mythe, qui fait partie intégrante de notre histoire de l’art, qui a, au fil des siècles, infusé tous les corps de métiers artistiques et qui aujourd’hui pèse lourd sur la santé mentale des artistes.
Réseaux sociaux, durabilité de la carrière, travail avec les émotions, modèles et représentations, addictions, maladies mentales, précarité financière (analysée plus largement dans le podcast Paye ta vie d’artiste)… nos trois invitées partagent leurs expériences dans la filière musicale, pour décrypter les impacts de cette idée reçue sur la qualité de vie des artistes et réfléchir à une façon d’inverser la tendance, de remettre au centre de la création leur bien-être et leur santé mentale. Et de cette discussion est né un nouveau constat : en 1 heure 30, il est impossible de faire le tour de la question. Il faudra encore nombre de talks et d’initiatives pour panser les plaies de notre industrie musicale et de ses acteurices. C’est pourquoi Les Femmes S’en Mêlent et Manifesto XXI continueront à se réunir autour de ces questions à travers un cycle de talks, et à défendre la santé mentale des artistes, parce que la musique est et doit rester un art fédérateur et libérateur.