– Formidable, c’est Octobre, c’est la FIAC : quotient pique-assiette à 1000% !
– Trop bien, t’es invité ?
– Non. Toi ?
– Non plus.
Festival : Fey Rencontres d’art
Samedi 6 Octobre – 12:00 – Chateau de Fey, 78570 Andrésy
Qu’est-ce donc ?
Après Trouville le mois passé, Manifesto frise le délit d’embourgeoisement. Pour la bonne cause, cependant, puisqu’il s’agira de se faire chatelain avec une belle portion de la jeune création, invitée à prendre ses quartiers d’Automne dans cette demeure cossue de proche bourgogne. Le Monde en perd d’ailleurs ses manières, et avoue ne connaître aucun des artistes présentés. C’est plutôt bon signe (et l’on passera cette avant-gardiste trouvaille littéraire pour décrire un festival d’arts et de gastronomie : « manifestation savoureuse »). Ah bon, Camille Henrot ne représente pas la création émergente ?
Une bonne raison d’y aller ?
Pour la démesure presque baroque du projet, qui profite de la candeur de sa première édition pour inviter près d’une cinquantaine de plasticiens, performeurs, cinéastes, chefs, dans son fief bourguignon. Pour le panache des organisateurs, qui joignent à l’abondance un goût sûr, sélection hétéroclite où l’on sera ravi de découvrir la performance d’Elsa Philippe et Wanda Rivière, les oeuvres de Louis Granet ou Paul Créange, les films de Clément Cogitore, Thomas James, Yann Gonzales. Liste non exhaustive, se référer sinon au communiqué de presse.
Quotient Pique-Assiette : 0%
Diable, vous rentrez à Paris le soir-même en voiture, un peu de tenue.
Nuit Blanche 2018
Samedi 8 Septembre – 14:00 – Paris et ses constellations multiples.
Qu’est-ce donc ?
A moins que vous veniez de Mars ou de Strasbourg, pas besoin de vous faire un topo. Et pourquoi on en parle dans Manifesto XXI ? Parce que Gaël Charbau, directeur artistique de cette édition en compagnie d’Aurélie Faure, a fait cette année la part belle à « l’émergence », qui ne sonne pas ici comme une formule vide. Manifestement, le vortex devenu jacuzzi d’Anish Kapoor (circa 2016, voir ici) a laissé des traces, et l’on fait confiance en 2018 à la jeune création locale.
Une bonne raison d’y aller ?
Elles sont légion, comme la cohorte de badauds qui pourrait se dresser entre vous et les oeuvres. En premier lieu, Edgar Sarin, pompeux adorable, qui fera de l’Ile Saint Louis sa chose, assisté de 300 interprètes. La démesure toujours plus phallique de Fabien Léaustic, qui giclera ponctuellement aux alentours de la Villette. Une création futuriste du chorégraphe Eric Minh Cuong Castaing, à voir sans faute. Enfin, entre autres, le « superkilomètre » des Invalides, qui subtilisera aux footeux et lycéens fortunés les pelouses pour de plus nobles desseins.
Quotient Pique-Assiette : 11,6%
Comme la teneur alcoolique de votre fidèle Maximator le long des métros bondés.
Vernissage : Artagon IV
Vendredi 12 Octobre – 18:00 – Les Magasins Généraux, 93500 Pantin
Qu’est-ce donc ?
En un mot, l’une des premières expositions internationales d’étudiants en école d’art. En deux ? Le nec plus ultra de la hype émergente, en son nouveau temple du bon goût, où l’on rira fort en sirotant sa coupe de Champagne au milieu de Pantin. Et qui se permet un avertissement – certaines oeuvres pouvant « nuire à la sensibilité des spectateurs » – dans un délicat soupçon de subversion.
Une bonne raison d’y aller ?
Pour le jury, dont l’énumération est plus longue que celle des artistes invités. Et ressemble fort à la guest list de la soirée FIAC à laquelle vous n’avez pas été convié. Sans mauvaise foi, ni jeu de mot estampillé Gamma GT, une occasion unique de découvrir les travaux en provenance de 16 écoles européennes, avec une exergue particulière, cette année, pour l’Est effervescent.
Quotient Pique-Assiette : 80%
On nous promet à mi-mot un open bar à la Vodka, ce qui nous permet d’espérer un saut d’Emmanuel Perrotin, déguisé en lapin-penis (voir ici), dans le canal de l’Ourcq sur les coups de 23h.
Vernissage : Gina Proenza
Vendredi 26 Octobre – 18:00 – 32-38 rue des Francs-Bourgeois, 75003 Paris
Qu’est-ce donc ?
Vous l’ignorez certainement, mais il existe au cœur du Marais un Centre Culturel Suisse, à l’ambitieuse et foisonnante programmation. Vaillamment sise entre un restaurant de crêpes pour touristes et une boutique Maje (placement produit non rémunéré), l’auguste institution propose certaines des expositions les plus pointues de la capitale dans une discrétion toute helvète. (Poncif de journaliste que d’utiliser ce gentilé aux consonances drolatiques). Le CCS accueille donc fin Octobre Gina Proenza, jeune artiste franco-colombienne et fraîche lauréate du Prix Helvetica, dont il s’agit de la première exposition monographique.
Une bonne raison d’y aller ?
Artiste et commissaire, passée notamment par DOC, Gina Proenza cultive une oeuvre rare et subtile, dont on a hâte de découvrir les contours. Encore étudiante à l’ECAL, Lausanne, elle avait contribué à l’aventure Pazioli, espace plus exigu par la taille que les idées, qui avaient presque caché une cantatrice dans le placard, et invité des artistes à concevoir des œuvres à déguster. Manifestation savoureuse.
Quotient Pique-Assiette : 75%
Fun fact : insérer un artiste suisse dans une exposition collective permet normalement d’en tripler le budget, au gré des largesses de nos voisins vallonnées.
Une fois n’est pas coutume, on sacrifiera l’actualité brûlante à un achèvement tout aussi torride. Il vous reste moins de deux jours pour découvrir l’exposition Fusions Froides de Pauline Lavogez à la Galerie du Crous. C’est peu, mais ça vaut plus que le détour. Bouleversant, et ce malgré un quotient pique-assiette évidemment proche de zéro (il reste peut-être des madeleines à l’étage, cela dit).