Nous étions fanatiques, sans exagération aucune, des récits spatiaux des Blind Digital Citizen, cette meute de musiciens qui semblait tout droit sortie d’un trip psychédélique aux arrière-goûts doucement seventies. Nous attendions le retour de ces chevaliers des étoiles et ils sont enfin revenus, mais sous une autre forme, car panta rhei, toutes les choses coulent et évoluent. Voici donc le premier EP de PION, nouvelle pépite du label Entreprise.
Qui êtes-vous ? Pourquoi arrêter Blind Digital Citizen ?
Nous sommes PION, entité composée de trois acolytes effectivement membres de Blind Digital Citizen. L’arrêt de Blind est dû à une mutation des besoins récréatifs des cinq membres du groupe.
Chacun poursuit maintenant sa route, et elles se croisent, comme pour donner PION, mais rien n’est jamais vraiment terminé. Les choses naissent, meurent, renaissent et évoluent sans cesse. Telle est la loi.
Vous continuez à aller vers l’expérimentation avec PION. Cette fois-ci, quelles pistes avez-vous envie de suivre ?
Nous n’expérimentons pas vraiment, notre approche est plus primitive. On cherche assez aléatoirement dans une sorte de tas d’ossements et de vestiges. Ensuite, des époques, des lieux, des personnages et leurs mythes respectifs sont apparus au fur et à mesure du processus de composition. On s’ancre dans une histoire extrêmement vaste, du Big Bang jusqu’à un spéculatif nouveau déluge, lui-même suivi de possibilités infinies.
Le titre « Sympacide » semble être investi d’une réflexion politique. Des choses dans l’actualité vous ont particulièrement touchés ?
Le titre « Sympacide » est sympa. Il y a des échassiers, sûrement des cracheurs de feu, un limbo rituel, un orateur fou, une foule… Nous préférons réfléchir à ce qui aurait pu être ou à ce qui n’est pas encore, à l’émotion d’un son, à des formes nouvelles et amusantes, à des découvertes archéologiques, pour échapper au réel et se retrouver. On tend des perches et des miroirs.
Dans l’EP, vous nous offrez deux beaux remix. Qui sont ces artistes avec qui vous avez collaborés ? Est-ce qu’il y a eu une volonté d’enrichir votre univers avec un côté un peu plus club / dance ?
Alors, il y a les superbes Sabrina et Samantha, deux super nanas qui en ont, et le duo Clément Froissart / Pilooski. Nous avons enregistré les guitares, basses et batteries de l’album à venir au studio de Clément. Il n’y a pas de volonté d’enrichir notre univers, mais plutôt d’entendre quelque chose qu’on n’aurait pas pu faire. Ça prolonge l’histoire dans une cave suante ou sur une plage, deux salles, deux ambiances.
Vous avez renouvelé votre collaboration avec Entreprise. Vous sentez que certaines choses sont acquises, maintenant que chanter en français n’est plus un tabou ? Comment c’était Entreprise, il y a quatre/cinq ans (quand on a eu notre première interview), et maintenant ?
Il n’y a jamais vraiment eu de tabou avec le français. Mais s’il y en avait un et qu’il est brisé tant mieux ! Qu’importe la langue, pourvu qu’il y ait l’audace et la sincérité. Chez Entreprise, ils nous ont offert à nouveau l’opportunité d’enregistrer de la musique à notre rythme, à notre manière et ils comprennent bien les pistes qu’on emprunte. Il y a cinq ans, c’était presque pareil, mais avec plus de cheveux peut- être. On se marre bien avec tous ces gens d’un peu partout, ça fait du chemin. Après, chacun roule sa bosse et poursuit sa quête.