Deborah Sheedy est une photographe irlandaise originaire de Dublin. Dans son travail, elle se sert de défauts techniques et différents outils en donnant ainsi vie à des clichés absolument fascinants.
Un monde cauchemardesque et empreint de force narrative se dégage de ses clichés brumeux.
Comment tu décrirais ton travail ?
Probablement comme une séquence d’images surréalistes et abstraites, comme dans un rêve qui peut se terminer par un cauchemar.
Y-a t-il une réflexion autour de cette esthétique sombre ?
Je ne fais pas exprès de construire quelque chose de sombre. C’est généralement un aboutissement spontané. Je fais beaucoup de cauchemars alors il y a toujours quelque chose de perturbant dans mon subconscient. Juste avant de dormir, je commence à sur-analyser plein de situations, comme beaucoup de personnes d’ailleurs.
Est-ce que cela te fait peur de te confronter à des sujets aussi intimes et graves que la mort ?
Oui, c’est vrai, j’explore beaucoup la mort dans mes travaux. Mon frère est décédé quand j’étais très jeune, je pense que beaucoup de travaux sont une réflexion sur mon passé. Je ne me focalise pas là-dessus pour obtenir quelque chose d’étrange ou morbide, je le fais simplement pour explorer, parce que c’est tout le temps dans ma tête. Les personnes qui souffrent doivent faire avec la perte, c’est un sentiment bizarre, tout s’effondre mais toi, tu es encore là.
Quelles autres aspects de la psychologie humaine tu abordes dans ton travail ?
La solitude, la solitude après avoir perdu quelqu’un. Je pense au courage de ma mère, cela m’a beaucoup marquée. Il y a un poème d’Emily Dickinson, « And If I Go While You’re Still Here », qui nous a aidé dans des moments difficiles.
And if I go, while you’re still here…
Know that I live on,
Vibrating to a different measure
Behind a thin veil you cannot see through.
You will not see me,
So you must have faith.
I wait for the time when
We can soar together again,
Both aware of each other.
Until then, live your life to the fullest
And when you need me,
Just whisper my name in your heart,
… I will be there
Quels médiums tu aimes utiliser ?
J’adore en utiliser plusieurs. Par exemple, j’ai déjà utilisé l’acrylique pour cacher les sentiments. Les yeux sont le reflet de l’âme, donc si je les coupe et je les enlève, je peux ainsi garder un peu de mystère dans mon univers. J’aime aussi incorporer mes croquis, ma peinture, des films, de la musique, du montage, des fois j’utilise aussi des poupées.
C’est pour cela que je travaille actuellement sur un projet d’animation basé sur une poésie d’Emily Dickinson, « I’m Nobody! Who are you? ».