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Retina Set, la fin du musicalement correct ?

Retina Set, la fin du musicalement correct ?

Retina Set

Connu de la sphère Soundcloud et underground pour ses remixes audacieux et décomplexés, Retina Set s’illustre en dj set comme dans ses edits par une capacité originale à créer du lien entre les styles, les milieux et les époques. De Dire Straits au hardstyle, de Rihanna à Era, du footwork aux Spice Girls, aucune limite de genre ou carcan du politiquement correct ne semble restreindre la redoutable créativité du mélomane. Rencontre avec un artiste fer de lance d’une nouvelle génération post-internet qui transcende – non sans humour – les querelles de chapelle et hiérarchies historiques par un brassage culturel aussi inédit qu’excitant.

/// en dj set jeudi 13.12 à la JJ & Conspiration, La Java, PARIS ///

Manifesto XXI : Comment es-tu arrivé à la musique telle que tu la pratiques aujourd’hui ? par des études instrumentales, classiques ? une certaine culture geek & internet ? 

Retina Set : J’ai fait 7 ans de guitare quand j’étais petit, je saignais alors pas mal de trucs rock. Cette époque m’a bien marquée, je remets souvent le nez dans cet univers dans le but de piocher les trucs intéressants.

J’ai commencé à mixer en 2015 afin de m’occuper lors de mon semestre passé au Vietnam. J’avais contacté tous les bars du coin et un a fini par accepter, je me suis retrouvé à mixer tous les vendredi soirs de la deep house saxophone (le seul truc qu’il restait dans ma bibliothèque itunes que le public local voulait bien entendre) dans un bar à cocktail ambiance lounge. En rentrant à Paris j’ai continué le mix et on m’a proposé des dates peu à peu grâce à Soundcloud et Facebook.

Tu es notamment connu pour ta pratique audacieuse des edits, à savoir reprendre un morceau existant (souvent un hit retro) et en proposer une nouvelle version modernisée, qu’est-ce qui te plait dans cet exercice ?

J’aime bien jouer avec les genres en mélangeant ce que j’ai aimé hier et ce que j’aime aujourd’hui, m’amuser avec différents samples pour faire quelque chose d’inattendu, souvent adapté au club.

De quel edit es-tu le plus fier et pourquoi ?

Fier je sais pas mais je dirais ‘BBHAMENO’ parce-que moi-même je ne sais pas comment je suis arrivé à ce résultat. Il réunit différents éléments qui comptent pour moi en musique : un rythme percussif, des voix qui font danser et des sortes d’ambiances religieuses que j’avais l’habitude d’écouter quand j’étais plus jeune.

Un edit que tu rêverais de faire auquel tu ne t’es pas encore attaqué ?

Utiliser la guitare de ‘Killing In The Name’ de Rage Against The Machine.

La production ça reste un horizon pour toi, ou vraiment pas une priorité ?

Bof, j’ai déjà tenté plusieurs fois mais j’ai un peu le syndrome de la page blanche, j’arrive pas à me détacher de ma culture musicale quand je stimule ma créativité. Non seulement je ne sais pas dans quelle direction aller du fait des différents styles de musique qui me touchent, mais je n’arrive pas non plus à créer quelque de nouveau, d’original, et je ne trouve donc pas ça intéressant.

Est-ce que c’est important pour toi le second degré en musique ? (que ce soit dans la production ou dans le mix)

Pas forcément important, chacun a sa vision et son approche mais je trouve ça cool d’apporter un peu de diversité et de légèreté au paysage.

Est-ce que le plaisir coupable est à la mode musicalement parlant ? On vit enfin une ère décomplexée dans le rapport indé/mainstream d’après toi ?

À la mode je ne sais pas, personnellement je m’autorise souvent des plaisirs coupables comme écouter du country/blues.

Je pense que la facilité d’accès à l’information aujourd’hui fait que le mainstream et l’underground sont tous deux conscients de ce qu’ils sont et de ce qui les différencie de l’autre. Le divertissement est alors assumé et je pense qu’on peut parler d’ère décomplexée.

Pour toi c’est quoi un dj set de club réussi ? Quelle est la principale mission que tu te donnes quand tu en construis un ?

Quand ça crie c’est cool. Sinon simplement quand les gens dansent, pas seulement mes potes. J’aime bien passer de tout donc je commence souvent à 100BPM pour terminer à 160BPM quand la durée du set le permet.

Qui t’impressionne dernièrement dans le monde du djing et pourquoi ?

Kablam m’a plusieurs fois mis une claque, elle mixe à 3 platines vraiment bien et m’a convaincu de passer du hardstyle en club. Je respecte aussi Teki Latex qui joue beaucoup avec les acapellas en live.

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Tu as fait une Boiler Room récemment, quelles sont tes impressions sur cette expérience réputée comme assez pressurisante ?

C’était pressurisant jusqu’au moment de passer derrière les platines, c’est un évènement qui a généré une belle ébullition au niveau du public (avec le fait que ça se passe dans un parking souterrain), l’ambiance était chaude donc il n’y a pas vraiment eu cette appréhension de faire danser les gens ou pas. J’ai principalement joué du footwork, je trouvais l’idée cool de jouer ça pour ma Boiler Room, c’est un petit symbole car c’est par cette porte que je suis entré dans la musique underground.

Tes projets pour les prochains mois ?

Peut-être démarrer une nouvelle soirée à Paris longtemps après la fin des BYE BYE OCEAN.

***

JUKEBOX

Une track pour…

Se motiver à bouger en soirée après une dure semaine en entamant un redbull ?

Peak time sur le dancefloor ?

Choper sur la piste ?

Dernier son de closing set à 6h du mat ?

Pour rentrer d’after en mood chéper-mélancolique en solo un casque sur les oreilles ?

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