Quelques questions à l’intrigant rémois d’adoption Puzupuzu, à l’occasion de la sortie de son premier EP Boro d’Enjaillement chez le label sûr Highlife Recordings.
Manifesto XXI – Comme description Facebook, on trouve : « Music for weird kids ». Qui sont ces modernes « weird kids » auxquels tu adresses ta musique ?
Puzupuzu : À l’origine, ça venait un peu d’une blague : je regardais beaucoup Adult Swim (le créneau tardif de Cartoon Network, spécialisé dans les dessins animés et les vidéos allant du bizarre jusqu’à l’absurde le plus total), et des dessins animés comme Adventure Time et Steven Universe, qui repoussent de beaucoup les thématiques habituellement abordées dans le divertissement « jeunesse » (les questions de genre et d’origine notamment), tout comme la narration et l’humour.
J’en suis venu à me demander à quoi ressemblerait la musique de cette génération, la génération post-Internet en somme, intrinsèquement multiculturelle, sexuellement avertie et affranchie, musicalement post-moderne – mais avec le côté consommation instantanée en sus. Voilà le résultat !
Comment s’est faite la rencontre avec Highlife Recordings, chez qui tu sors ce nouvel EP ?
Avec Highlife, c’est une histoire de famille et de territoire : Reims n’étant pas très grande, les personnes passionnées de musiques électroniques et ne souhaitant pas s’enfermer dans une niche sont peu nombreuses et vouées à se côtoyer. Et Étienne, le boss du label, est vraiment très motivé, en plus d’être une crème.
Quelles sont tes principales méthodes de production ? Utilises-tu notamment du sampling, field recording ?
J’utilise effectivement beaucoup de sampling, qui est un outil un peu magique, qui permet de tout réinterpréter et re-contextualiser : cassettes audio de musique africaine, vidéos chinées sur YouTube à trois heures du matin, orgues Casio… Ableton, une MPC, un SP-404 et boum !
Boro d’Enjaillement. Sacré nom d’EP. Peux-tu nous en dire un peu plus sur ce choix ? Et sur cet EP aussi d’ailleurs : son concept, sa genèse, sa conception… ?
Le bôrô d’enjaillement (dont la traduction approximative serait « beaucoup d’amusement ») est un jeu auquel s’essayaient les jeunes lorsque j’étais ado en Côte d’Ivoire. Ils pouvaient aussi bien s’amuser à faire des flips sur des bus en marche que traverser des quatre voies les yeux bandés…
C’est un concept fascinant, entre le rite de passage initiatique, le résultat du désœuvrement adolescent, et l’inconscience qui peut régner lors des jeux d’enfants. En gros, tout ce qui se passe lorsque l’on décide de sortir un premier EP !
Quelques mots sur le clip de « Café », que tu viens de sortir ?
Il est réalisé par Boe Strummer, un artiste-musicien de Paris, très post-Internet. Boe a eu carte blanche, et j’aime beaucoup le résultat, le côté bricolage, le travail sur la texture, le found footage, et le contre-pied avec l’omniprésence du bleu sur une musique généralement qualifiée de « chaude ». C’est un gars sûr.
Sur scène, tu joues quoi et comment ?
Sur scène, je joue avec une MPC 500, un SP-404 et un SP-505, parfois un quatre pistes cassettes Tascam pour la compression (quand il ne déconne pas). En gros, des machines, j’appuie sur des trucs et je tourne des boutons.
Quels sont les artistes que tu as le plus poncés en 2016 ? Et ceux que tu vas suivre de près en 2017 ?
Ouh là… Jardin, Principe Discos, la scène footwork de Chicago et du Japon, la scène gqom de Durban, des trucs breakés de Hessle Audio et de Livity Sound, la house cassette de Tlim Shug et ses petits copains, des trucs de La Souterraine, la musique des copains de VAPEUR, etc.
Tes bonnes résolutions musicales pour cette nouvelle année qui commence ?
Jouer plus et produire plus, respecter les deadlines pour répondre aux mails !