Les mini-miss ou l’anti-minimalisme

Pour comprendre une notion, il est parfois important de faire appel à ses antonymes. Quand je me suis demandée ce qui n’était pas du tout minimaliste, j’ai pensé aux mini-miss, qui n’ont de minime que le nom.

art mini miss

Cette fillette est très jeune et en tant que femme je n’ai jamais utilisé les artifices dont elle se sert pour sa « mise en beauté ». Parce que c’est ça être mini-miss, et ça commence dès le plus jeune âge. Tout est faux et/ou trafiqué pour plaire. Le seul critère du concours de mini-miss est l’apparence; aucun talent, aucune capacité n’est requise en dehors de celle de savoir sourire. Les canons de beauté sont ceux des poupées. L’ennemi de ces concours : le naturel.

Aux Etats-Unis, le pays du non-minimalisme par excellence, les concours de mini-miss sont devenus une véritable institution. Ils commencent dès l’âge de 2 ans, et en même temps qu’on leur apprend à marcher, on apprend à ces fillettes à sourire et saluer un jury. Les mères assurent que ce sont leurs filles qui réclament de participer à un tel concours et non elles qui souhaitent régler un complexe personnel. En réalité, les concours sont très fatigants et éprouvants pour les fillettes qui doivent garder une posture et rester debout toute la journée.

En France, et c’est rassurant, une loi de janvier 2014 interdit le concours aux jeunes filles de moins de 13 ans pour lutter contre l’hypersexualisation des enfants. Parce qu’on peut très facilement percevoir les effets néfastes sur le développement d’une jeune fille. Les concours dégagent une image de la fille/femme-objet dont la seule qualité est d’être jolie d’après des critères plus que critiquables. Ces filles doivent avoir de belles dents ce qui est, sinon impossible, très rare à cet âge. Ces mini-miss doivent être capables de tenir une posture et sont mises sous la pression de leurs parents. L’expression « l’important, c’est de participer » ne s’applique pas véritablement à de tels concours. L’important ici c’est de montrer qu’on est la plus belle. Pour cela, il faut faire un régime dès le plus jeune âge et savoir comment camoufler ces défauts.

Et aux USA, on prend plutôt mal la nouvelle de l’interdiction de ces concours en France. Cela est perçu comme de l’hypocrisie et l’anti-américanisme vu que le concours est typiquement une manifestation populaire américaine ! Mais ces concours ne sont pas un jeu mais quelque chose que l’enfant prend très au sérieux. Si vous avez eu la chance (ou la malchance) de tomber sur un reportage sur les mini-miss, on voit que ces petites filles sont pourries-gâtées. Et oui participer à un tel concours, ça coûte cher aussi, très cher. Les robes et les accessoires d’abord, et puis le prix d’entrée.

L’éducation donnée à ces « petites princesses » ? Une éducation genrée à l’extrême ou être femme c’est être belle et rien d’autre. « Sois belle et tais-toi. » Alors même que les courants féministes se multiplient et se battent pour l’émancipation et la liberté de la femme, ces évènements se multiplient outre-Atlantique. Et pas de mini-boys…

Est-on en mesure d’accuser de telles pratiques d’incitation à la pornographie ? C’est certainement aller trop loin. Mais ce qui n’est pas aller trop loin, c’est dénoncer à quel point ces concours sont le reflet d’une bêtise humaine réactionnaire et sexiste qui fait de l’enfant féminin une mini-poupée maximaliste et pleine d’artifices.

Nina Pareja

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