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INÜIT, le sextuor électro-acoustique nantais qui monte

INÜIT, le sextuor électro-acoustique nantais qui monte

Le sextuor nantais INÜIT, pourtant en activité depuis déjà quelques années, et repéré entre autres par Les Transmusicales, Les Inouïs du Printemps de Bourges ou encore Le Chantier des Francos, sort enfin son premier EP, Always Kevin. Une démarche peu commune, à l’heure où les stratégies des projets se façonnent longuement entre le studio et les rendez-vous avec des spécialistes de l’image et de la communication avant de se confronter à la scène. Un choix qui s’explique par une certaine volonté de revenir à l’essentiel. INÜIT, c’est avant tout un groupe d’amis qui partagent une passion et des compétences communes pour la musique, et plus particulièrement pour le live. Et c’est déjà beaucoup.

Rencontre avec ces artisans qui fusionnent électronique et acoustique dans un univers aussi singulier qu’enivrant.

Manifesto XXI : Où et comment s’est monté ce projet de groupe ? 

INÜIT : Le projet est né entre Rezé et Nantes, on se connaît tous depuis longtemps, et le projet s’est monté assez naturellement, par amitié et envie de jouer ensemble.

Et tout le monde a un rôle, une place égale au sein du projet ? Vous êtes en démocratie ? 

(rires) C’est très coopératif oui, on fonctionne tous ensemble, c’est pour le groupe, on essaie de mettre chacun en valeur dans le respect, l’écoute, et avec un même objectif. On fait tous plein de choses pour le projet, que ce soit dans l’aspect créatif ou tous les à-côtés.

Quels types de parcours avez-vous les uns et les autres ? 

C’est très varié, il y a des musiciens autodidactes, et d’autres qui viennent de parcours plus classiques.

Qu’est-ce que vous pensez de la scène nantaise ? 

On a toujours fonctionné pas mal tous seuls, on n’est pas vraiment liés à des communautés ou des réseaux de groupes, même si on a plein d’amis qui jouent dans des projets autour de nous, et que plein d’assos font des choses très bien. Nous on s’est rapidement branchés avec La Maison des Arts à St-Herblain, c’est là-bas qu’on répète et qu’on travaille, et on y est aussi accompagnés.

On a été beaucoup soutenus par des structures, mais pas forcément nantaises. La première salle qui nous a aidés dans la région c’était le VIP à Saint-Nazaire par exemple.

Pensez-vous avoir des choses à envier aux musiciens parisiens, dans ce pays centralisé ? 

Ça nous semble être plus une force qu’une faiblesse, parce qu’à Paris quand tu es un groupe en développement comme le nôtre, c’est très dur de jouer, limite il faut payer pour jouer. Les structures accompagnent moins ces projets-là car il y a de l’argent à se faire sur des projets plus ‘faciles’. Il vaut sans doute mieux se faire d’abord une place en province, puis ensuite partir à Paris.

Maintenant on y a beaucoup de partenaires, mais on ne se voit pas bouger tout de suite car Nantes est une ville moins chère, et plus pratique pour nous techniquement et matériellement parlant. On est trop à l’aise ici pour penser bouger. Certes on passe à côté de certaines choses aussi, mais ce n’est pas envisageable pour l’instant. Et Nantes a une assez bonne réputation à Paris aussi.

© Paul Rousteau

Stylistiquement vous vous retrouviez d’entrée de jeu, ou vous êtes partis de goûts très variés que vous avez tenté de concilier ? 

On a des goûts très variés, mais on s’est retrouvés sur des influences communes, comme par exemple Porshes, Radiohead…

Vous composez à six ?

On essaye d’être tous les six à chaque fois qu’on compose. On se retrouve dans notre local à Saint-Herblain, on sort nos instruments et on voit ce qu’il se passe. On co-écrit souvent les textes aussi ensemble dans ces moments-là. On se demande quelles sont nos influences du moment, ce qu’on a envie de raconter…

Et ça ne vous semble pas complexe de travailler comme ça ? 

Si bien sûr, c’est plus long et plus difficile de travailler tous ensemble que tout seul, mais en même temps on ne s’est jamais vus faire ça autrement. Quand un morceau naît, on a tous autant envie de le défendre. Sur scène ça se ressent qu’on est tous au même niveau dans notre sentiment d’appartenance au projet.

Vous entremêlez instruments classiques et modernes ; quel rapport entretenez-vous avec cette dialectique tradition/modernité ? 

C’est un mélange, on écoute un peu des deux. On aime beaucoup les instrumentations électroniques, mais on a pas du tout envie de jouer cadrés par un ordinateur, donc on s’arrange pour pouvoir tout jouer live sur chaque morceau. L’acoustique nous touche beaucoup aussi, pour sa sensibilité, son côté brut, donc on aime avoir des sources acoustiques sur scène, ça transfère une énergie différente.

En choisissant de jouer à la fois des instruments organiques de manière métronomique et des synthés ou des pads de manière plus organique, on annule un peu l’opposition historique qu’il peut y avoir entre les deux. On mêle les deux par goût, mais ce n’est pas forcément conscientisé.

Sur le moment, on va chercher les sonorités et les timbres qui font partie de nos panels de possibilités en tant que musiciens, pour servir au mieux le propos du morceau qu’on élabore tous ensemble. L’instrumentarium qu’on a à l’heure actuelle s’est naturellement imposé à nous. On fait de la musique avant de se préoccuper du matériel, donc le dispositif instrumental pourra évoluer.

Vous sortez actuellement votre premier EP ?

Oui, c’est un aboutissement de ce qu’on fait depuis deux ans, et les prémisses de l’album qui va arriver normalement en 2018.

Cet album sortira sur le label Cinq Sept ; comment s’est faite cette rencontre ? 

Quand on a commencé à réfléchir à enregistrer, on s’est dit qu’on aimerait faire un travail de production, et on s’est demandé quelle patte nous plaisait. Et on a pensé au groupe The Shoes. On a envoyé un mail, et Benjamin nous a répondu, ça lui a beaucoup plu, et on a signé en édition avec lui. Il a souhaité aider le projet, et nous a mis en lien avec Cinq Sept.

Jusqu’ici vous avez fait plein de concerts sans avoir rien sorti, un parcours original aujourd’hui…

Oui c’est ça, on avait juste deux titres en vidéo live session sur internet.

C’est vrai qu’on prend beaucoup de temps pour que tout nous plaise à six. On fonctionne énormément à l’envie, donc on n’a pas forcément suivi un schéma traditionnel, car originellement on avait envie de jouer, donc on a cherché à faire des concerts. Le reste est venu ensuite.

Puis aujourd’hui non seulement on est six, mais on est aussi très entourés, donc tout prend du temps. On se rend compte peu à peu de ce que c’est que ce métier-là, qu’on est un produit également, qu’il y a plein de gens qui travaillent sur le groupe, l’image du groupe, comment le faire émerger. On est presque une entreprise maintenant ! (rires)

Est-ce qu’il vous dérange cet aspect ‘entrepreneurial’, ‘commercial’ qui entoure la vie d’un groupe ? 

Il y a un côté entreprise, mais au même titre que des gens qui sont en économie sociale et solidaire, à côté du salariat etc. Il y a une conscience de l’aspect mercantile de ta pratique, mais tu fais quand même quelque chose qui te motive à te lever le matin. Ce n’est pas l’entreprise au sens traditionnel du terme ou tu trimes et tu produis quelque chose qui ne t’appartient pas.

Mais en ayant des nouveaux partenaires, il est là aussi l’enjeu, à quel moment ça t’appartient, à quel moment ça ne t’appartient plus, où s’arrête ta capacité à décider pleinement de ce qui t’arrive. Aujourd’hui, on est dans ce genre de questionnements. Puis c’est vrai qu’on aime bien tout maîtriser, comme on a tout fait tous seuls depuis le début.

Est-ce que vous avez profité des bénéfices de certains tremplins ou parcours d’accompagnement cette année ? 

Oui, notamment Le Chantier des Francos et Les Inouïs du Printemps de Bourges.

Le Chantier nous a beaucoup apporté, il y avait une approche scénique, de la technique vocale, on a travaillé le corps, la scène, les relations entre nous… On en s’attendait pas à ce que ça nous fasse autant évoluer, et en bien. On a grandi, et ça se ressent sur scène et entre nous. Ça débouchera sur un concert au festival des Francofolies cet été, avec un accueil sur trois jours pour profiter des autres performances. C’est génial !

Le Printemps de Bourges nous a apporté une très belle date, et en a sûrement entrainé d’autres parmi les nombreuses qui tombent en ce moment. C’est rempli de professionnels, donc c’est très stressant, mais ça peut facilement déclencher des choses.

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Vous avez déjà fini de composer l’album ? 

Non, on est en cours de composition. On a déjà beaucoup de morceaux, mais on veut avoir un maximum de matière pour ensuite garder le meilleur.

Qu’est-ce qui vous plaît le plus et le moins dans votre carrière actuellement ? 

Parmi les choses géniales, il y a le fait d’aller jouer loin de chez toi et d’avoir la bonne surprise de voir plein de gens que tu ne connais pas venir assister au concert, et même chanter les paroles.

Il y a des accueils géniaux aussi, un certain confort qui s’installe au fur et à mesure que ton projet avance.

Le moment où on arrive à composer tous ensemble aussi, qu’il y a de la bonne humeur et qu’on s’entend bien, qu’on ressent une énergie commune.

Dans les points négatifs, ce serait les longs trajets, les avant et après concerts qui font perdre du temps et de l’énergie. L’idéal serait de se téléporter sur scène directement !

Est-ce que vous suivez beaucoup l’actualité musicale ? Est-ce que vous vous sentez appartenir à une scène particulière ? 

On s’est fait quelques potes au Chantier des Francos, Nusky & Vaati, Thérapie Taxi, After Marianne, Palatine… On aime bien Las Aves aussi. En fait à partir du moment où on croise des musiciens régulièrement sur des dates, et qu’en plus on aime ce qu’ils font, des liens se nouent facilement. C’est une question de feeling aussi, bien sûr, suivant les personnes.

On suit aussi beaucoup ce qu’il se passe à l’étranger.

Sinon dans ce qu’on apprécie en France, mais qui ne sont ni des connaissances ni des projets vraiment émergents, il y aurait Gaël Faye, Camille, Emilie Loiseau, Arthur H… cette scène plutôt chanson à texte, et organique.

Quel type d’identité visuelle cherchez-vous à développer avec INUÏT ? 

Pour l’EP on a travaillé avec un photographe, à qui on a laissé une grande liberté.

On va creuser cette question pour l’album, on y réfléchit.

On s’intéresse tous à divers degrés aux arts visuels, mais comme on est quand même six, avec des personnalités différentes, le cœur de notre identité, et qui peut se décliner visuellement, c’est qu’on est des musiciens, un groupe d’amis qui font de la musique, tout simplement. Même si ça va à contre-courant de ce qui se fait aujourd’hui, ou chaque projet a une image ultra travaillée. Notre métier c’est la musique, on ne va pas vendre ce qu’on n’est pas.

L’important c’est aussi de bien s’entourer, et de faire confiance aux gens dont on s’entoure, qui eux sont spécialistes de leur discipline.

Quelques mots pour décrire votre EP ? 

Il présente un panel de ce que qu’on peut faire en live, et c’est une bonne représentation de la musique qu’on compose actuellement. On y présente notre univers, bienvenue dans notre monde !

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