La rentrée aura consacré Marseille comme la seconde capitale de l’art contemporain en France avec le succès grandissant du salon Art-O-Rama, des résidences d’artistes de plus en plus prisées mais surtout suite à l’inauguration de l’espace Chevalier Roze.
Chevalier Roze est une rue entière consacrée à l’art contemporain avec plus de 800 m² d’espaces d’exposition cumulés. On y retrouve des grands noms comme Catherine Bastide qui y a ouvert son antenne marseillaise et des sudistes pur sucre comme la maison d’édition Tchikebe. Un lieu à part qui est donc idéal pour la scène émergente aussi bien locale qu’internationale.
Sabrina Röthlisberger : South Way Studio
La galerie South Way Studio participe à l’inauguration de Chevalier Roze avec une expo statement réunissant uniquement des artistes femmes sous le commissariat de Julia Marchand, également curatrice à la Fondation Van Gogh. Intitulée « Sueurs chaudes », l’exposition est articulée autour du thème de l’adolescence, du corps en mutation et plus particulièrement du corps féminin. Sabrina Röthlisberger nous propose un retour aux sources avec un banc tagué similaire à ceux qu’on peut trouver dans les cours de lycées. Une œuvre à la fois nostalgique et très actuelle avec ses messages sur l’empowerement féminin.
D’origine suisse, Sabrina Röthlisberger intègre les Beaux Arts de Genève après une adolescence passée en maison de redressement. Là-bas elle rencontre l’artiste Gaia Vincensini et elle fonde le collectif féminin LGG$B. Ses œuvres parlent de son identité en tant que femme d’origine algérienne : elle invoque une féminité empreinte de sang, faisant référence à la wicca, à Kahina et à Tori Amos.
Chourouk Hriech , Mary Pupet : Tchikebe
L’atelier et maison d’édition Tchikebe accompagne les expérimentations de jeunes artistes contemporains depuis 2009 : il inaugure une nouvelle boutique et un espace d’exposition à Chevalier Roze où des éditeurs indépendants présenteront quatre nouvelles expositions par an. La boutique propose aussi à la vente ses propres éditions d’artistes dont celles de Chourouk Hriech et Mary Pupet.
Mary Pupet est une artiste à l’humour acide. En 2011, elle commence le projet « Pupet Monkey’s Bank » ou elle crée et vend littéralement de la monnaie de singe. Contrairement à la plupart des Français, Mary Pupet n’hésite pas à parler frontalement d’argent en utilisant des matières comme l’or ou des billets de banque ou dans des mises en scène chocs autour des notions de valeur ou de propriété.
Chourouk Hriech, également marseillaise, explore la jungle urbaine à travers des dessins et des fresques en noir et blanc. Sa vision singulière de l’espace et la pureté qui se dégage de ses lignes lui ont valu d’être sollicitée pour de multiples projets, notamment avec la RATP ou des communes. Quand elle ne s’attelle pas à son travail de commandes, Chourouk explore des cités imaginaires fourmillantes sous les traits d’une jeune fille aux faux airs de madone.
Laura Porter & Valentin Lewandowski : Sessions
SESSIONS est un espace d’exposition exclusivement dédié à l’image-mouvement : il mettra en lumière six artistes par an pour des shows inédits. La première exposition est dédiée à un duo : Laura Porter et Valentin Lewandowski. Le duo expose l’installation « Slunder » composée de deux écrans qui à eux deux racontent une histoire enfantine et burlesque où des objets, des animaux et des choux-fleurs vivent de multiples aventures sur une bande-son composée uniquement de bruitages.
Laura Porter est une Parisienne originaire de Louisiane, diplômée en architecture de l’Université de Pittsburg avant de changer de voie pour rejoindre les Beaux-Arts de Paris. Elle travaille depuis bientôt dix ans sur des installations et des sculptures qui mettent en scène des objets de consommation et de la nourriture dans des atmosphères tortueuses et sibyllines.
Valentin Lewandowski est un Parisien diplômé des Beaux-Arts de Paris et de l’EHESS : cette double-casquette artistique et scientifique explique le côté très intellectuel de ses performances où il se met souvent lui-même en scène dans une posture de « Professeur Tournesol » entouré d’étranges machines.
Les deux artistes travaillent ensemble depuis 2013 : ils explorent surtout leur travail autour de la vidéo, notamment en expérimentant la 3D et le double écran.