Mon premier est une floraison printanière. Mon deuxième une référence féline à un auteur fantastique. Mon tout t’envoie dans le cosmos à dos de Totoro. Bienvenue dans l’univers onirique et luxuriant de Violette Lovecat.
Violette Bleu-Noir, Violette Chabanon, Violette Lovecat… Tu as changé plusieurs fois de nom en peu de temps sur Instagram, c’est parce qu’un hacker bipolaire a pris possession de ton compte ou ça fait juste partie de l’évolution de ton travail ?
Oh la la la question… Au départ, c’était Violette Bleu-Noir parce que j’étais apprenti là-bas. Maintenant, j’y travaille mais ce n’est pas moi qui ai fondé le salon donc ce n’était pas si légitime comparé aux fondateurs. J’ai toujours voulu m’appeler Lovecat, donc là je me suis lancée.
Raconte !
Ça combine deux choses qui m’inspirent: l’amour et les chats… C’est niais mais ça me fait kiffer, c’est une source d’inspiration illimitée. Bien sûr, c’est aussi un clin d’œil à l’écrivain Lovecraft, dont l’univers fantastique et onirique m’inspire beaucoup. Et c’est aussi un grand amoureux des chats. (sourire)
La semaine dernière, ton agenda a réouvert…en trois heures, tu as booké trois mois de tatouages, les gens se pressaient aux portes du shop des heures à l’avance. Ça t’a fait quoi ?
J’étais contente. J’étais impressionnée. Ce n’est pas quelque chose dont j’ai l’habitude, du coup j’avais un peu le bout des doigts qui tremblaient !
Pourquoi ton travail plaît, d’après toi ?
Peut-être parce que c’est fin et poétique. La nature, les animaux, l’espace, un petit côté kawaii, qui peut être à la fois dark et lumineux. Le côté impactant et structuré aussi…C’est peut-être ça qui parle !
Tu as le sentiment d’appartenir à un courant ?
On fait partie de la nouvelle génération de tatoueurs, parce qu’on n’a pas la prétention de savoir tout faire techniquement. On est plus orientés dans un style particulier, en l’occurrence pour moi le travail au dot, les aplats de noir, des lignes de contour, et cela uniquement en noir. La génération précédente pouvait répondre techniquement à n’importe quelle demande. Là, c’est un parti pris d’orienter son travail que dans un seul style. Mais il y a quand même des tatoueurs actuels, formés à l’ancienne, qui ont encore ce savoir-faire-là.
Qu’est ce qui vient nourrir tes dessins?
Ce qui me prends aux tripes. Je prends des choses en photos pour plus tard, et j’essaie de voyager une fois par an minimum pour m’enrichir, Japon, Mexique, Australie, Cambodge, Malaisie… et m’en mettre plein les yeux, des pays qui sortent de la culture européenne, à travers les gens, la faune, la flore, l’architecture, etc. Une ambiance peut être très inspirante. J’ai aussi un côté un peu geek et tout ce qui est jeux vidéos ou dinosaures m’inspire beaucoup.
Tu as commencé par tatouer des agrumes, maintenant tu tatoues un autre type de peaux d’orange, nos cuisses avides de tes dot. Ça te fait quoi ce chemin parcouru ?
Je pense que j’ai eu de la chance. Des petits détails ont fait que ça a évolué dans le bon sens, comme des publications Instagram partagées par de gros comptes alors que j’étais encore « petite ». Ça a plu et l’engouement a été exponentiel. Des bonnes rencontres aussi, des bons conseils. C’est beaucoup d’efforts, j’ai sacrifié pas mal de moments de plaisir pour en arriver là. Je suis heureuse d’avoir fait tout ça.
Le milieu est quand même très concurrentiel, comment tu tires ton aiguille du jeu ?
Il faut faire ce qu’on aime tout en gardant en tête ce que les gens aiment, trouver un entre deux. Plus on a de demandes, plus on peut se permettre des choses qui nous plaisent. La liberté va avec la créativité, c’est à dire qu’à partir du moment où les gens te font confiance, tu peux proposer à chaque nouveau projet des choses à la fois individuelles et audacieuses. Et ça c’est un vrai plaisir. Les gens vont vers les tatoueurs passionnés parce qu’ils ressentent cette passion, cette envie de bien faire. Et surtout, avoir un style que tu ne vois nulle part ailleurs.
C’est comment l’ambiance entre tatoueurs ? Parce que chacun a forcément envie de développer son business, mais en même temps il existe des guests, où des tatoueurs sont invités et mis en avant par d’autres shops…
Les tatoueurs sont des gens relax, curieux, et dans le partage, en tout cas ceux que j’ai rencontré !
Les guests ça permet de voir des choses nouvelles dans la technique, dans le matériel, et c’est super intéressant pour évoluer soi-même. Fréquenter d’autres artistes ça ouvre d’autres possibilités de création.
Le tatouage évolue, et l’image du tatoueur aussi. Le quai Branly a consacré une expo à « l’art » du tatouage… Mais au regard de la loi française, vous êtes des prestataires de service, il y a toujours un décalage fort.
Tin-tin, qui est le fondateur du Snat (Syndicat Nationale des Artistes Tatoueurs, ndlr), fait tout pour faire reconnaître le tatoueur comme un artiste, du coup une partie du tatouage est considéré comme de la création pure. C’est tout récent, et il a bien raison !
De plus en plus de gens se font tatouer, mais il y en a encore beaucoup qui disent « j’ai peur de regretter ». Tu leur réponds quoi ?
Je n’en vois pas ! Je ne vois que des gens ultra motivés. Ils le font parce qu’il y a une signification, pour quelqu’un, pour un événement, un petit animal, un sentiment fort ou une envie purement esthétique.
Parfois parce qu’ils ont un coup de cœur pour l’artiste et veulent l’avoir dans la peau. Certaines personnes collectionnent les tatouages et doivent peut-être considérer ça comme des œuvres d’art.
Justement, il y a un mec qui a vendu sa peau tatouée pour 150 000 €… envie de payer tes prochaines vacances ?
Est-ce que j’ai envie de vendre ma peau ? Je n’y ai jamais vraiment pensé. Je préférerais donner mes organes si ça peut sauver des vies, plutôt que d’être dépouillée et exposée.
Dans une précédente interview, tu disais que tu avais commencé par dessiner sur le corps de tes camarades… Est-ce que ça te plairait d’avoir un corps entier à ta disposition?
Mais tellement ! Ca serait génial. Par contre, ça serait des heures de travail mais je serais ravie de faire ça ! Donc s’il y a des gens motivés… (sourire)
Et si je le laisse mon corps tu fais quoi?
Un chat de dos la queue en l’air !
Magnifique, merci… Ton tout premier tatouage signifie « dieu destructeur d’obstacles », comme tu en as déjà franchi pas mal, quel sera ton dernier ?
Il n’y aura jamais de dernier parce si on a vraiment envie d’un tattoo on trouve toujours une petite place ! Au pire si un jour mon corps est rempli je pourrai toujours faire des blast over !