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Un samedi pastoral en normandie au Festival Rock in the Barn

Un samedi pastoral en normandie au Festival Rock in the Barn

Le week-end dernier j’ai filé en Normandie, dans l’Eure, car j’ai été invité au Rock In the Barn, micro-festival de psych/Shoegaze/Garage/Rock, fondé à Giverny. ( Sisi Monet).

Les mecs qui l’organisent ont décidé d’investir un corps de ferme à Bionval, je vais donc passer un samedi rural à une heure de Paris. Tout se goupille plutôt bien, la SNCF m’offre un trajet sans contrôle, et à la gare m’attend une navette conduite par le père d’un orga’. C’est parti pour 25 minutes de voiture à travers la campagne verdoyante du Vexin. Arrivé sur le site, après deux contrôles consécutifs de police, qui s’assuraient minutieusement que je n’étais pas porteur de stupéfiants, j’atterris sur le parking de la ferme, pour rejoindre mes potes et descendre quelques canettes encore fraîches.

© Charlotte Romer

Au milieu des champs, j’entends au loin le son lourd d’une batterie, assimilable presque au brame d’un cerf frétillant au printemps. Le bracelet-festival autour du poignet, je m’approche de la scène et aperçois Whyte Sands, Indé folk qui ouvre le festival.

© Charlotte Romer

C’est doux, comme la sensation du velours, mais je suis attiré par un barnum, posté en sentinelle à l’orée du camping: c’est le psychotron. Sorte de capharnaüm musical à disposition, chacun peut s’imaginer musicien…

Autour de mes partenaires de babyfoot, je m’enquiers du groupe qui va passer à 19H dans la grange : c’est Baked Beans, un groupe rouennais oscillant entre le garage et le psyché. Ils sont quatre et cette année ils ont sorti Holy Wookie, 6 titres violents dont on gardera en tête the boyz.

Manifesto XXI- La scène rouennaise est-elle un vivier du rock français?

Baked Beans – Il faut savoir que il existe beaucoup de groupes de rock qui gravitent autour d’un même bar, le « 3 pièces », et qui font des concert ensemble. Certains groupes se sont rassemblés à l’intérieur d’un collectif «SOZA / Collectif 5024 », qui vont d’ailleurs lancer leur label cette année. Il y a beaucoup de groupes certes, mais on n’est pas en concurrence entre nous. Cette effervescence a démarré il y a 6-7 ans, on répétait tous au 106, en ayant le même objectif commun. Nous précisément on est un groupe de collège, on se connait depuis que l’on est tout petit!

On jouait ensemble avant de jouer de la musique ensemble

Du Garage de vos parents au 3 pièces, vous vous retrouvez à Rock in the Barn…?

Baked Beans – Ça fait 3 ans que l’on y va, en tant que spectateurs. C’est le seul festival dans le coin qui fait venir des groupes sympas. On a eu de la chance de pouvoir y jouer, c’est un peu comme une sorte d’accomplissement. Il y a peu de lieux en Normandie qui proposent aux groupes locaux de jouer.

Un mot chacun pour le résumer?

Baked Beans – Poussiéreux, cool, déglingue, un peu froid.

Ouais, le froid c’est sûr qu’on le sent. Les tentes montées sur l’herbe ont revêtu leur épais manteau de givre. Il fait froid mais les pintes à 5 balles vont vite nous le faire oublier. Érigée au centre du corps de ferme, me toise une tour cylindrique recouverte de tuiles plates sur lesquelles s’amoncellent du lichen. C’est un vieux colombier du XVIeme siècle,  aménagé en stand de ticket-boisson pour l’occasion.

© Charlotte Romer

Ce festival est assez petit, mais je m’y sens bien. J’ai le sentiment qu’il n’y a que des habitués, et même si chaque année le public se renouvelle, les novices s’immiscent parfaitement dans ce décor.  J’aperçois un type au loin qui tente de faire un tour de magie pour soutirer une bière au barman. Ça a l’air de fonctionner, la prochaine fois j’apporterai mes cartes.
Il est bientôt 2h et je rejoins Slift dans leur stalle équine, où il m’attendent sagement.

Manifesto XXI – Vous avez sorti un album il y a un jour, quelle direction vous prenez cette année?

Slift – Pour la Planète inexplorée, on jouera d’ailleurs à Bordeaux le 6 octobre et à  Bruxelles le 16,  ensuite on part en Italie,  pour revenir en France à Lyon et à Marseille et clôturer le premier tour le 10 novembre, à Paris, à l’espace B. On compte tourner un maximum jusqu’en avril/mai. Ensuite on enregistrera notre prochain album.

L’album de la maturité? (Rires)

Slift – (Rires) Exactement! Il sera plus profond, on va tenter une approche plus introspective entre nous.
Ça restera du Slift. On aime toujours jamer autour du squelette d’un morceau. On travaille avec Lo Spider, à Toulouse, qui lui bosse en analogique, avec un 16 pistes à bandes. Il touche jamais à un ordi et c’est une conception qui nous plait. Il écoute le son et il mixe en live, il peut quasiment rien retoucher, ça, ça nous plait.

Je me rappelle d’un concert à l’Espace B pour lequel vous avez plutot bien travaillé votre scénographie, en croisant des faisceaux de deux projecteurs différents…

Slift – C’est Gautier, le mec qui s’occupe de la scénographie et de la réalisation des clips chez nous!

Gautier – C’est un groupe qui m’a inspiré, il s’appelle Moon duo.

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D’ailleurs, vous pouvez me donner des noms de groupes qui vous transportent?

Slift – Actuellement on écoute beaucoup Miles Davis. Mais on se retrouve aussi beaucoup sur 10000 Russos, un groupe de Porto.

Trans Am aussi, écoute-les!

Vous jouez dans 30 minutes, c’est votre première fois à RITB?

Slift – Yes, c’est la première fois que l’on participe à ce festival. Pour tout te dire, on a joué à un festival à Compiègne, Le temps qui fuzz, et on a partagé l’affiche avec un groupe normand les  You said Strange. Et comme il font partie de l’organisation du Rock in the Barn, ils nous ont programmés. On a hâte de jouer!

Et moi de vous entendre ! Un mot chacun pour le résumer?

Slift – Grange, frais, beau, la ferme, « Bonnard » ( dans le sud c’est cool, ndlr).

Je siphonne les dernières gouttes de ma bière avant de les laisser se préparer à ce qui sera, selon moi, le meilleur concert du festival. Dans un box adjacent, les Whyte Sands me proposent un verre de Grant’s. Je fonce. Ça ne se refuse pas.
Entre deux rires éthyliques, ils m’annoncent qu’ils joueront à l’Olympic Café le 29 octobre. Contrairement au whisky et aux propositions de Don Vito Corleone, ça pourrait se décliner, mais me promet intérieurement de renouveler l’expérience.

© Charlotte Romer

Place ! De la place à la grange pour les pogos, les verres de bières jetés dans la foule, et les martèlements de chaussures en cuir noir poudreuses et délavées. En sueur, le cerveau en proie aux vertiges comme si j’avais inhalé un flacon entier de poppers, je me laisse entraîner par la houle aux vagues cataractantes dont les clapotis rejettent leur écume sur la grève du dernier atoll  de la soirée, Leopard da Vinci, qui nous attend de pied ferme, la main sur le controler, et l’autre pressant contre lui son saxophone. Cool.

– Crédits du public –

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