Que serait le cinéma sans musique pour s’habiller? 2018 aura été marquée par de véritables chefs-d’oeuvre du septième art : des long métrages innovants, originaux et esthétiques. Mais également par des bandes originales et des sélections de morceaux musicaux justes et sublimes, qui auront tout autant marqué les spectateurs que les films visionnés. Retour sur notre Top 5 des meilleures musiques de films de l’année.
N°5 : The Shape of Water (Bande Originale composée par Alexandre Desplat)
Ayant reçu l’Oscar de la meilleure bande originale cette année, pour le dernier film de Guillermo Del Torro, difficile de ne pas mentionner le compositeur français Alexandre Desplat. S’il fait (depuis plusieurs années) fureur à Hollywood, sa place dans ce classement n’a rien d’original – mais force est de constater que le compositeur livre une oeuvre originale, illustrant à merveille le monde fantastique de cette histoire d’amour entre Élisa et une étrange créature aquatique.
Avec un piano qui guide un orchestre symphonique tout au long du film, avec un thème marquant aux flûtes traversières et à l’accordéon (on pourrait même s’y méprendre et découvrir une BO d’Amélie Poulain 2.0), l’oeuvre s’écoute parfaitement bien toute seule, ce qui est rare pour un une musique de film hollywoodien très codifié. Pari réussi !
Le morceau que l’on retient: « You’ll Never Know », composé par Alexandre Desplat et chanté par Renée Fleming. Un morceau aux sonorités Jazz qui nous plonge instantanément dans l’époque et dans l’ambiance du film.
N°4 : Under The Silver Lake (Bande Originale composée par Disasterpeace)
Under the Silver Lake, réalisé par David Robert Mitchell
Un film qui aura marqué la croisette de Cannes cette année par sa photographie, sa mise en scène, un Andrew Garfield au top, et une bande originale angoissante, oppressante et mélancolique. Avec beaucoup de cordes rappelant les sonorités des films Hollywoodiens de la première moitié du XXème siècle, Disasterpiece signe une BO plus classique que celle du film It Follows, aux sonorités plus électroniques, et ses nombreuses musiques de jeux vidéos.
Disasterpiece nous montre avec cette oeuvre qu’il excelle dans tous les exercices, qu’il est aussi à l’aise avec les instruments de hier que d’aujourd’hui, et qu’il rend hommage aux classiques du genre sans les plagier.
Le morceau que l’on retient: « Turning Teeth », du groupe fictif Jesus and the Brides of Dracula présent dans le film. Le morceau pop est l’exception de la bande originale de Disasterpiece, qui nous présente une pop légère, mais qui donne un relief intelligent à l’ensemble de la bande originale du film.
N°3 : Le Monde est à toi (Bande Originale composée par Jamie XX et SebastiAn et surtout une compilation de super morceaux)
Nous avions déjà fait une chronique dessus où l’on se penchait sur les liens entre la sélection des morceaux du film de Romain Gavras et l’histoire de la petite délinquance. Il nous est donc difficile du coup de ne pas la placer dans ce top 5. Même si les deux musiciens Jamie XX et SebastiAn composent une oeuvre originale pour l’oeuvre, la musique du film fait mouche par sa sélection de morceaux de différents styles à l’univers commun.
Le morceau que l’on retient: Alors que la plupart des morceaux appartiennent au registre du rap ou de la chanson française, il y a quelques pépites électroniques, comme celle qui accompagne la scène sur un zodiac avec Vincent Cassel – qui nous donne l’occasion de redécouvrir le morceau « Obvs » de Jamie XX.
N°2 : Les garçons sauvages (Bande Originale composée par Pierre Desprats)
En début d’année, Bertrand Mandico nous offre un chef d’oeuvre du cinéma de genre, qui marquera par sa beauté, ses plans de rêves, ses décors surnaturels, ses actrices au jeu impeccable, son message féministe fort… Et sa musique d’une puissance inouïe.
2018 aura été l’année de la consécration et du rêve de Pierre Desprats : avec une musique accompagnant l’oeuvre clé de la Nuit Blanche à Paris (le « secret » du rocher du zoo de Vincennes de Philippe Quesne) et en signant la bande originale du film Les garçons sauvages, le compositeur nous prouve qu’il accompagne l’Art en France, et le fait grandir.
Des sonorités électroniques, des mélodies dissonantes, des voix attirantes de sirènes… Voici le cocktail tout droit sorti d’un rêve qui nous plonge dans l’univers d’un film qui chamboule, dérange, et laisse un agréable souvenir dans nos oreilles.
Le morceau que l’on retient: le morceau qui accompagne le procès des garçons sauvages au début du film. Une introduction remarquable qui voyage entre la peur, l’épique, la tristesse, le courage… Six minutes qui nous plongent instantanément dans cet univers bien singulier.
N°1 : Sparring (Bande Originale composée par Olivia Merilathi)
Et à la tête du podium, un film que personne n’aura vu venir, tout comme sa BO. Sparring suit Steve (joué par Mathieu Kassovitz), boxeur raté, qui décide de devenir Sparring-parter d’un boxeur plus jeune. En plus d’être une véritable leçon de cinéma, le film traite d’un sujet beau, et peu évoqué dans le cinéma : l’échec.
Néanmoins, la musique de ce film n’a rien d’un échec, c’est une réussite efficace et simple. Olivia Merilathi (connue pour être la chanteuse du groupe The Dø, qui joue la femme de Steve dans le film) compose la musique majoritairement sur une seule mélodie, qui accompagne le film, utilisant la même sonorité de voix et les mêmes synthétiseurs comme véritable fil rouge, qui accompagne le boxeur au long du film.
Voilà pourquoi la musique de Sparring est tout simplement la meilleure musique de film de cette année. C’est avant tout une musique de film, qui retranscrit les émotions du personnage que l’on suit. La répétition retranscrit ses échecs périodiques (professionnels et personnels), pour aboutir sur les derniers morceaux (avec des mélodies de guitare floydienne), qui sont dévoilés comme une véritable libération du personnage. La BO de Sparring vous donne tout simplement l’envie de vous battre contre les obstacles de la vie et les échecs.
Le morceau que l’on retient: « Only Ally » est le morceau pop de l’album qui accompagne le générique du film qui rend hommage aux boxeurs avec le plus grand record de défaites. Un moment beau, et une musique épique où la chanteuse de The Dø laisse exploser sa voix enragée.