Pour signifier son retour, le duo américain Boy Harsher, formé par Jae Matthews et Augustus Muller, a fait le choix du court-métrage d’horreur et de la soundtrack du même nom avec The Runner. Un retour original et un film à l’énergie palpitante.
La personne qui court n’est pas toujours celle que l’on pense. Dans The Runner, c’est l’assassine tourmentée et non pas la victime – car ici, il est déjà trop tard pour les victimes. Esthétique à la Twin Peaks, village perdu en forêt, bar glauque, néons, sang et sexe. Le duo Boy Harsher vient se réapproprier les codes de l’horror movie esthétisé dans ce moyen format de près de 40 minutes. Un hommage brillant aux années 80-90 qui vient s’accorder aux beats captivants et aériens de leur musique.
C’est l’actrice Kristina Esfandiari, le regard brûlant et droit, qui campe le personnage principal de cette épopée. Baskets ensanglantées, innocence apparente et désir de fuite en ligne de mire. Sa figure centrale vient faire écho à la partie documentaire du film dans laquelle on suit le duo Boy Harsher en production / live. Jae Matthews vient alors laisser entendre une forme d’identification face à la détresse de cette femme perdue et tourmentée qui n’arrive pas à aller contre ses pulsions destructrices. Cette construction en deux parties parallèles – entre live et fiction – crée une imbrication judicieuse. La musique s’invite par les médiums mis à disposition dans le décor de l’intrigue, comme les écrans cathodiques ou des enceintes. Un monde à la fois proche et lointain.
La totalité de la soundtrack s’infuse ainsi ardemment dans le film jusqu’à en incarner un personnage à part entière, omniprésent. La bande son oscille entre des titres avec une grande profondeur instrumentale, qui accompagnent des courses perpétuelles et des extraits plus dansants qui eux correspondent au format single. C’est le cas de tracks comme « Give Me a Reason », premier extrait paru l’année passée, ou l’électrisant « Machina », en featuring avec la leadeuse du groupe BOAN, Mariana Saldaña. S’ajoute également « Autonomy », morceau qui vient clore dans un paradoxe joyeux le film. Ici, c’est l’artiste Cooper B. Handy, aka Lucy, heureux survivant de ce road movie gonflé aux synthétiseurs, qui donne la réplique au groupe.
Une belle réussite pour ce duo qui ne cesse de fasciner avec ses ambiances sonores et visuelles et ce, depuis sa formation en 2013. En composant avec les esthétiques, il nous guide dans de nouvelles dimensions vibrantes et sensorielles. Ce tandem musique / cinéma inédit – bien qu’un peu prévisible car dans l’air du temps – s’accorde de façon presque fusionnelle avec l’esprit de leur travail. Un univers attrayant qui pourrait tout aussi bien procurer une frénésie éreintante que des crises d’angoisse.
The Runner et disponible en streaming ici depuis le 21 janvier pour 5$, il sera également projeté dans différentes villes de la tournée internationale du groupe.
Boy Harsher sera en concert au Cabaret Sauvage à Paris le 27 août 2022, pour plus de renseignements rendez-vous ici.
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