Le nouvel album de Rendez-Vous, Superior State, est sorti vendredi dernier. En attendant la release party à La Machine du Moulin Rouge le 9 novembre, Manifesto XXI est allé aux Rendez Vous.
Rendez Vous, c’est cinq garçons : Francis (chant, basse), Elliot (guitares, synthés, chœurs), Maxime (synthés, machines, chœurs), Simon (guitare) et Guillaume (batterie), qui les a rejoints pour cet album. Difficile de leur coller une étiquette : post-punk, shoegaze, neo-folk, inspirations black metal, cold wave… Superior State est très différent des deux EP sortis par le groupe en 2014 et en 2016. Il est plus bruyant, plus éclectique, et moins connoté années 1980, notamment parce que la batterie a pu remplacer synthés et boîtes à rythme.
Manifesto XXI: Alors cet album ?
Rendez Vous : Cet album, c’est un peu la conclusion de deux ans de travail. Quand on a fini de tourner, on a commencé à se poser pour composer l’album, on avait besoin de s’arrêter pour vraiment se concentrer dessus. C’était il y a un an et demi.
Vous composez tous ensemble ?
On compose principalement chez nous et ensuite aussi en studio. L’idée c’est de faire un début de morceau seul ou à deux, c’est plus simple. Après, si ça plait à tout le monde, on structure ça tous ensemble.
Superior State est très différent des deux EP que vous avez sortis. Qu’est ce qui a changé ? Et de quoi êtes-vous les plus satisfaits ?
On est satisfaits de tout. On est partis de zéro, on n’a pas refait la même chose qu’avant. On ne s’est pas reposés sur nos lauriers. C’est une volonté de notre part, de surprendre le public qui nous connait déjà. On a trouvé un batteur, on a changé notre manière de composer…
Sur cet album, il y a des musiques différentes de ce qu’on a pu faire avant, des ambiances qu’on n’avait pas produites jusqu’ici. Il y a des morceaux moins violents, beaucoup plus lents. Le rythme est différent, la composition des chansons et leur structure aussi.
10 tracks, ça ouvre un spectre assez large. Cet album, c’est une synthèse. Une synthèse de tout ce qu’on a pu écouter.
Vous avez dit « violent ». Comment on fait pour ne pas franchir la limite du « bourrin » ?
Le mot « bourrin » a une consonance péjorative mais ce n’est pas un gros mot. Je ne pense pas que l’album le soit. Il y a des trucs plus violents et des trucs plus légers, il est plus nuancé. La limite se fait dans la subtilité. On ne tombe pas dans des caricatures.
De quoi parlent vos chansons ?
C’est souvent métaphorique, tu imagines ce que tu veux, c’est ton interprétation. Tu peux avoir l’impression que ça parle d’une rupture amoureuse au premier abord, mais que tu peux transposer sur d’autres plans, voire identifier en vérité à quelque chose de plus général. Quelque chose de plus existentiel, comme un mal-être social parfois.
Pourquoi l’anglais ?
Parce qu’on a écouté de la musique anglosaxonne, beaucoup plus que de la musique française. Parce que le post-punk et tout ce qu’il y a autour est plus lié au monde anglosaxon. Parce que Francis, qui compose et qui chante, parle anglais avec sa mère, il a grandi aussi avec ça. Parce qu’on est plus sensibles à certaines sonorités. Et parce qu’il y a trop de groupes de merde qui chantent en français.
On a beaucoup aimé la chanson Crisis. Quelle est son histoire ?
La mélodie de base est un sample d’une musique de Crisis. Pas vraiment un sample : on a rejoué un morceau, avec les notes qui ne sont pas dans le même sens. Ça reste très inspiré de cette chanson du groupe, « Holocaust ».
Vous avez sorti le clip de la première chanson de l’album « Double Zero », dans lequel il y a des gros plans sur des morceaux de viande sanguinolente. Je suis végétarienne et mal à l’aise avec le sang, et je n’ai pas pu le regarder jusqu’au bout.
C’est le but.
Qu’on ne regarde pas jusqu’au bout ?
Par contre, c’est que de la viande humaine. Il y a pas mal d’autopsies. Il y a du bœuf aussi.
Vous en avez fait quoi de la viande après ?
C’est vraiment quasiment que de la viande humaine.
Je ne suis pas capable de dire si vous rigolez ou pas.
C’était un peu chaud à tourner du coup.
Non mais vous n’avez pas découpé des gens non plus ?
Non mais vraiment, je te jure, c’est, allez, à 80 % de la viande humaine.
Vraiment ?
Oui.
Mais pourquoi ?
Pourquoi t’es végétarienne ?
J’ai vraiment besoin de donner les raisons d’être végétarienne ?
Voilà pourquoi de la viande humaine. Parce qu’au final, on est tous de la viande. Ce n’est pas forcément un manifeste pour les végétariens : c’est marrant de se questionner sur la réaction des gens. Pourquoi on est aussi choqués de voir ces autopsies alors qu’on est confrontés à des images hyper violentes qui nous touchent moins ? On voit des tas de choses affreuses : des gens qui se font égorger ou planter… Alors qu’une autopsie, la chose est morte, ce n’est plus que matière. C’est exactement comme un bœuf ou un lapin, c’est une carcasse. Peut-être parce qu’une carcasse, ça nous ramène à qui on est. Des animaux, au même titre que ceux qu’on mange.
Dans le monde de la musique, qui sont vos favoris en ce moment ?
On écoute aussi bien du rap que du jazz ou que de la techno. En ce moment ça dépend de chacun de nous : Crowd of Chairs, Sextile, Poison Point, Bryan’s Magic Tears, le label Mind Records… et Eddy de Pretto.
Ironique ?
Non.
Une phrase de conclusion pour décrire l’album ?
Je ne sais pas si c’est à nous de le définir, c’est peut-être plus à ceux qui vont l’écouter […] Toi tu dirais quoi ?
… Inhabituel pour moi d’écouter ça.
T’écoutes quoi ?
De la soul, les Ronettes en ce moment.
Bah ce n’est pas les Ronettes.
Ça c’est bien pour décrire l’album. La suite ?
Le clip d’une chanson appelée « Sentimental animal » va sortir [est sorti]. On va cliper deux trois morceaux en plus, mais on a surtout une grosse tournée qui arrive et qui s’intensifie le mois prochain.
Les prochaines dates :
Le 20.10 à Nevers, Le Café Charbon
Le 25.10 à Mannheim (DE), The Forum
Le 26.10 à Metz, La Douche Froide
Le 27.10 à Strasbourg, La Laiterie
Le 30.10 à Budapest (HG), A38
Et bien d’autres à suivre, en France et en Europe.