Projet du français Julien Barthe (Plaisir de France, After l’Amour, Sweetlight/Abusator), et du franco-suédois Leo Hellden (Tristesse Contemporaine, Camp Claude), Slove s’apprête à dévoiler son deuxième album, baptisé Le Touch. Si ce nouvel opus regorge de clins d’œil rétros plus savoureux les uns que les autres, il ne s’enlise toutefois pas dans le simple revival, en fondant cette touche vintage dans une production résolument moderne. On plonge dans cet album avec euphorie et délice, à mi-chemin entre la soirée disco-pop et le parc d’attraction de synthétiseurs. Tout au long de ce voyage qui semble lier passé et futur, les invités de marque viennent embellir la fête, de John and The Volta à Maud Geffray en passant par Sourya. Amateurs de french touch et de vibes lumineuses, les pépites feel good de ce binôme inspiré ne devraient probablement pas tarder à rejoindre vos meilleures tracklists.
Release Party – 29.03 – Café La Perle, Paris 3 – entrée libre
Le troisième single de l’album à découvrir en exclu avant la sortie de l’album le 30 mars :
Dans une ère musicale dominée par le spleen urbain moderne, vous êtes à l’inverse dans un esprit très feel good. C’est quoi votre objectif numéro un avec cet album ? Faire danser les gens, transmettre des bonnes vibes ?
Julien : Pas forcément, on aime autant les slows que la musique à danser, mais oui sur ce projet on est plus sur un esprit positif et mélodieux.
Leo : Je trouve que c’est assez équilibré, après c’est sûr que ce n’est pas du rap urbain, on essaye de faire des choses dans lesquelles on est à l’aise plutôt que de se forcer à suivre des tendances. On aime aussi le mélancolique, mais ce n’est pas forcément l’expression qu’on a sur cet album. Notre mélancolique à nous ici se situe plus dans des balades, des voix féminines…
Vous êtes plus dans une forme de nostalgie rétro que de mélancolie…
Julien : Oui, c’est un peu ambiance mellow–love-nostalgie.
Leo : La nostalgie de balade que j’aime bien moi c’est par exemple Twin Peaks, qui n’est pas forcément le genre le plus coté en ce moment, mais on ne s’en préoccupe pas, on fait ce qu’on aime dans une certaine niche.
Pour autant on retrouve ce côté groovy, éclatant, chaleureux que vous avez sur cet album dans certains projets français du moment ; est-ce que vous avez l’impression d’appartenir à une scène particulière ?
Julien : On est plus des électrons libres.
Leo : Au moment de créer le disque, on ne pense pas forcément à l’air du temps… C’est plutôt une fois le travail fini qu’on analyse ce qu’on a fait et qu’on s’intéresse à comment ça va être reçu. Sur le moment, on n’a pas spécialement cherché à se placer quelque part.
Julien : C’est plus une digestion de tout ce qu’on a écouté depuis 20 ans,
mais réactualisé.
Leo : On espère être actuels, on ne se sent pas coupés du monde, c’est juste notre point de vue du monde.
Quand vous avez décidé de travailler ensemble et de lancer ce projet, est-ce que vous aviez une charte esthétique en tête ?
Leo : L’idée c’était de faire du Bloody Valentine.
Julien : Et même si on ne l’a pas fait, ce sont ces goûts en commun qui nous ont rapprochés, on s’est dit tiens on va faire ça mais au synthé.
Leo : Le nom « Slove » vient d’un titre que Julien avait composé tout seul, qui imitait justement ces guitares au synthé, et qui m’a beaucoup inspiré, je me suis dit qu’on pouvait créer d’autres morceaux dans cette veine-là.
Julien : Puis finalement ça a tourné autrement, plus club que prévu.
Leo : Il y avait quand même un peu plus de guitare sur le premier album, là il y en a moins mais c’est toujours un peu la même recette quelque part, avec un son quand même légèrement différent et plus homogène. Après quand on invite un chanteur ou une chanteuse sur un morceau, on essaie aussi de suivre son univers, ce qui donne un côté éclectique aux albums.
Comment ça s’est passé d’ailleurs pour choisir les featurings ?
Leo : Ça a été très naturel, ce sont des gens qu’on connaissait, qu’on aime bien, avec qui on a travaillé… C’est des gens qu’on a rencontrés un jour, dont on a beaucoup apprécié la voix, avec qui on s’est dit que ce serait bien de faire un morceau à un moment donné, et Slove s’est présenté comme un cadre idéal pour concrétiser ça.
Cet album démontre un véritable savoir-faire en termes tant de composition que de production, comment avez-vous acquis ces compétences ? Que conseilleriez-vous aux jeunes padawans qui se lancent ?
Leo : Je pense que c’est plus facile aujourd’hui pour les jeunes parce qu’il y a plein de tutoriels en ligne, et d’ailleurs moi aussi je me retrouve à en regarder de temps à autre. Nous au départ on est tous les deux autodidactes.
Julien : Comme à l’époque c’était pas facile les logiciels, j’ai appris avec un ami ingé son, et mon entourage.
Pour ceux qui débutent,
je dirais qu’il faut marcher au feeling,
ne pas avoir peur et y aller.
Ce n’est pas forcément crucial de faire une école d’ingé son, même si bien sûr ça aide. Récemment, et c’est tout nouveau pour moi, je vais à des démos de logiciels, de synthétiseurs…
Leo : Moi j’avais fait un peu de musicologie, donc j’ai eu une mini base théorique, mais pas technique. Je pense que le Conservatoire par exemple n’est pas très utile pour la musique électronique, mais une formation d’ingé son plus déjà. Le plus enrichissant ça reste d’écouter la musique des autres. Personnellement j’ai aussi appris plein de choses en faisant partie d’autres projets, où tu n’es pas leader mais instrumentiste, interprète.
Julien : Être autonome,
ça prend du temps.
Leo : Au final l’essentiel c’est d’avoir envie, d’être curieux, et d’avoir pas mal de temps.
Dans tout le processus de composition et de production, qu’est-ce que vous préférez et qu’est-ce que vous aimez le moins ?
Leo : Ce que j’aime c’est justement tout le cheminement : écrire les morceaux, finir les morceaux, sortir les morceaux, les défendre en live, puis recommencer. C’est ça que je trouve agréable, ce cycle.
Le plus excitant c’est de commencer un morceau, le finir ça peut-être
plus douloureux.
Mais si on ne faisait que commencer des morceaux, il y aurait une frustration car on n’irait nulle part. C’est une balance entre l’euphorie de commencer un morceau et la satisfaction d’accomplir quelque chose.
Comment vous vous partagez le travail ?
Julien : Sur le premier album on partageait un studio, donc on faisait un peu tout à deux. Sur le deuxième, comme on a chacun un studio différent, on a pas mal bossé à distance. On se fait écouter plein de choses, on s’envoie des mélodies, des lignes… Et après on finit ensemble. S’il doit y avoir un chanteur on lui envoie le morceau, puis on refait le mixage ensemble derrière.
Vous avez tout mixé vous-mêmes ?
Julien : Oui.
De plus en plus d’artistes, notamment de la nouvelle génération, préfèrent faire tout eux-mêmes plutôt que de chercher absolument à s’entourer, qu’en pensez-vous ?
Julien : Moi je serais quand même content d’avoir un super mixeur meilleur que nous, mais c’est que là on n’a pas le choix.
Leo : Moi j’aime bien les deux. Aujourd’hui, on peut si on veut tout faire soi-même. On a la chance que la technologie nous le permette. Pour ma part j’aime bien l’échange, donc idéalement j’aurais une équipe de vingt personnes qui travaillent avec moi, mais c’est pas vivable. Donc on n’est plus ou moins forcé aujourd’hui quand on a un projet d’être assez autonome.
Julien : Du coup ça va plus vite aussi.
Leo : Quand tu travailles avec d’autres ingés son par exemple, il faut un échange régulier, car tu n’as plus le projet sous la main, et il faut essayer de communiquer avec les gens pour qu’ils comprennent ce que tu veux. Il faut déjà qu’ils aient envie de te comprendre, ce qui n’est pas toujours évident, et ensuite il faut réussir à utiliser les bons mots pour transmettre ce qu’on veut. C’est une histoire de communication.
Quel rapport vous avez à l’aspect visuel de votre projet ?
Leo : C’est quelque chose de très important, mais c’est très dur d’en avoir un contrôle absolu. Il faut déjà que nous on se mette d’accord, puis avec le label et l’artiste qui réalise. Des fois ça peut être plus conflictuel que la musique.
Comment vous résumeriez en quelques mots votre identité visuelle ?
Leo : Le côté un peu rétro-nineties. Quand on a montré les premiers jets du nouvel artwork on nous a dit que ça faisait penser à un vieux flyer de house, on s’est dit ah ouais on a réussi ! Mais comme pour la musique, ce n’est pas un trip de nostalgie pure, c’est moderne aussi, on a l’ambition de vivre avec notre temps.
Votre CD est bourré de clins d’œil, de connotations rétro… est-ce que vous vous mettez des barrières parfois sur ces références qui peuvent frôler le kitsch ?
Julien : Oui il y a plein de clichés, on aime bien ça ! (rires)
Leo : Ça nous rend heureux quelque part, on essaie de jouer avec ces références, c’est des clins d’œil qui nous amusent, et on essaie aussi de sortir de notre petite zone de confort.
Julien : Par exemple le morceau un peu blues, c’est un souvenir d’adolescence où j’apprenais la guitare, je me suis dit tiens avec de l’électro why not… Il y en a un autre à l’inverse c’est un morceau dream tout en plastique que j’adorais, et je me suis dit tiens si on en faisait un plus actuel…
On dirait un album photo avec plein de souvenirs de jeunesse que vous amenez ensuite vers autre chose…
Leo : Je ne l’avais pas complètement formulé comme ça mais c’est bien vu oui !
Quel matériel vous avez utilisé pour composer cet album ?
Leo : Il y a des synthés, de la guitare, et beaucoup de softwares, pas mal de choses de chez Native Instruments. Les batteries sont entièrement programmées à la souris, StayCasino: https://onlinecasinos-australia.com/staycasino.html et si tu veux tout savoir je joue même mes synthés virtuels sur le clavier de l’ordinateur…
Donc vous profitez vraiment des outils qu’offre la modernité… Rétro esthétique mais pas technologique.
Julien : À fond oui !
Toujours entre le passé et le futur,
c’est très important.
Leo : J’ai résisté très longtemps, j’ai été très puriste, avec les guitares, etc… J’avais plein de principes, et j’en ai encore un peu, mais je vois aussi de plus en plus les capacités des softwares.
Julien : Ça a énormément évolué, avant c’était cheap…
Leo : … Et maintenant c’est vraiment impressionnant. C’est bien parfois d’avoir une touche vintage ou analogique, mais aujourd’hui il y a plein de softwares qui sonnent très bien. Nous on essaie d’être pragmatiques. Il y a plein de nouveaux plugs impressionnants qui sortent, ça donne envie de tester. Il faut rester curieux, éveillé.