Le week-end dernier se tenait la septième édition du festival Rock in the Barn à Giverny et, comme nous ne ratons jamais une occasion de s’encanailler en musique, nous y étions. Vu la programmation alléchante, nous aurions eu tort de nous priver. Seul bémol, ayant été enchaînée à une caisse de supermarché dont je tairai le nom pour cause de confidentialité, je n’ai pu me rendre au festival que le samedi. Par conséquent, je ne parlerai ni de Blondi’s Salvation, ni de Carpenter Brut, à mon grand désarroi. Pour vivre cette première journée de festival que j’ai boudée, allez jeter un œil à l’article de Spin the Black Circle.
Me voilà arrivée en gare de Vernon-Giverny où je me fais escorter dans une Renault Scénic blanche immaculée jusqu’à la ferme de Grande Île. J’essaye d’acheter une bière avec un billet de cinq euros et la serveuse me regarde avec des yeux ronds tout en agitant son bras vers le stand transformation-d’argent-en-tickets. Oops, je suis vraiment passée pour une novice, trop la loose. Ni une ni deux, je vais voir le premier concert du jour, The Blind Suns, qui jouent dans la grange. J’ouvre une parenthèse sur cette charmante grange qui donne indéniablement une valeur ajoutée à n’importe quel concert, même un medley de L.E.J passerait tout seul. Mais là c’est plutôt de la bonne dream pop venue d’Angers dont le dernier EP a tout de même été produit par Clive Martin, rien que ça, et en live c’est chouette. S’est ensuivi Libido Fuzz, un groupe de heavy psyché bordelais, et bien sûr il y avait une symphonie de guitares plongées dans la reverb et un batteur qui avait des airs d’Iggy Pop tout en chevelure blonde.
Après cette mise en bouche il y avait LE concert que j’attendais avec impatience, The Roaring 420s, et avec un nom pareil on peut être sûr qu’ils ne fument pas que des cigarettes. Avec un mélange de titres issus de leur dernier album et quelques tubes de leur très bon premier album What Is Psych?, ils ont envoûté la grange à coups de cithares et mélodies psychédéliques. Après une parenthèse d’interviews, je me retrouve sur l’herbe devant Forever Pavot, mené par Emile Sornin, le génial chef d’orchestre d’une pop onirique noyée dans les 60s. Une belle performance, un voyage pour les sens, une touche de poésie dans ce monde de brutes. Ensuite j’ai papoté avec Kaviar Special, avant de les voir déchaîner les foules lors de l’un des concerts les plus attendus du festival. « Eh les gars y a Kaviar Special qui commence, faut pas rater ça », clamaient quelques aficionados du groupe de garage rennais. Faut avouer que c’était pas dégueulasse de hocher de la tête en écoutant Starving, le tube qui met tout le monde d’accord. On finit en beauté avec Night Beats, avec leurs bolo ties et chapeaux de cowboys au cas où on avait oublié qu’ils étaient texans. Comme d’hab, les mecs ne sont pas venus pour rigoler et font vriller nos tympans et nos verres en plastique.
Point camping : j’ai réussi à m’infiltrer dans le dark side de Rock in the Barn moyennant cinq euros, la backroom me tendait les bras. Il y a eu un sympathique feu de camp autour duquel se dandinaient moult festivaliers sur des airs latino, ainsi qu’un jeune homme pas très farouche qui s’est déshabillé sous les regards médusés des fêtards invétérés. Sinon, comme à chaque festival bénéficiant d’un camping, il y avait le mec en sarouel, les dreads mousseuses et les écarteurs vissés aux lobes, qui venait passer de la grosse psytrance des familles dans son ghettoblaster.
Après une nuit à la belle étoile (quoi ? Je ne possède pas de sac de couchage), je n’étais que l’ombre de moi-même ; ma voix déraillant telle Janis Joplin, je contemplais la bouteille de Poppers vide, relique d’une soirée mémorable. J’ai aussi contemplé les trente tickets inutilisés, d’une valeur de trente euros en papier magique RITB. Flûte, j’aurais dû boire davantage.
Bilan : un shoot de concerts tip top dans un cadre idyllique, de bons sandwichs aux aiguillettes de canard et un camping chaleureux, que demander de plus ? Courez-y l’année prochaine, il y a des chances que la programmation soit encore plus pointue étant donné qu’elle se bonifie davantage au fil des éditions. Un grand merci à Rock in the Barn pour son accueil chaleureux et on se donne rendez-vous l’année prochaine pour encore plus de fun… Après tout j’ai trente tickets à dépenser.