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Rencontre avec The Roaring 420s

Rencontre avec The Roaring 420s

Parmi les artistes présents au festival Rock in the Barn, on était particulièrement impatients à l’idée de voir The Roaring 420s, groupe de rock psyché venu de Dresde en Allemagne et qui, avec ses deux albums What Is Psych? et You Can’t Get Out Alive, a explosé dans toute l’Europe avec des mélodies sixties efficaces et une bonne dose d’instruments exotiques comme le sitar ou le tampura. Rencontre.

Manifesto XXI – Comment vous êtes-vous rencontrés ?

Lulu : On s’est rencontrés dans un vieux squat d’artistes où il y avait une lecture de poèmes. Je jouais de la batterie très fort à côté et apparemment ça gênait la lecture. Florian et Martin sont descendus voir ce qu’il se passait et on a commencé à discuter.

Florian : C’était à Dresde, Martin et moi faisions souvent des slams de poésie surréaliste. Pour être honnête, le public devant lequel on se produisait ne comprenait pas vraiment ce que l’on faisait, car souvent, ils venaient juste voir des humoristes faire du stand-up.

Manifesto XXI – Lorsque vous vous êtes rencontrés, avez-vous créé des liens autour de vos influences musicales respectives ?

Lulu : Oui, c’est ce qu’il s’est passé. On discutait de groupes en essayant d’analyser nos goûts respectifs, et on s’est vite rendu compte de notre passion commune pour des groupes comme The Velvet Underground ou The Kinks.

Manifesto XXI – En parlant du Velvet Underground, vous avez un titre dédié à Lou Reed sur le dernier album.

Lulu : On a tous les albums dans la voiture, donc on écoute ce groupe constamment lorsque l’on conduit. On se pose souvent dans le van en chantant à l’unisson les chansons du Velvet Underground. Florian a écrit la chanson lorsque Lou Reed est mort.

Florian : C’est assez amusant car ce mec nous a réunis et grandement influencés. C’est une figure tellement ambiguë qui a produit des albums plus que discutables. Il était en concert à Dresde pour la sortie de son dernier album Lulu et il y avait plein de posters « Lou Reed et Metallica ». C’était un peu n’importe quoi mais au moins l’album avait le mérite de s’appeler Lulu (rires). Son dernier album était assez mauvais et les gars de Metallica l’ont beaucoup critiqué après ce concert. Hélas, il est mort un an après.

Lulu : Pour la petite histoire, lorsque Lou Reed a joué à Dresde, on n’avait pas de tickets car c’était beaucoup trop cher. Du coup on s’est pointés au concert en prétextant qu’on était journalistes pour un magazine fictif et ils nous ont laissés entrer !

Manifesto XXI – Que pensez-vous de la scène musicale à Dresde ?

Florian : C’est plutôt cool, il y a beaucoup de groupes de genres différents. Tout est quand même très axé sur la musique électronique puisque la ville est structurée autour d’un centre où se trouvent tous les clubs et bars.

Lulu : C’est comme un petit village où vivent tous les artistes, musiciens et weirdos autour des concerts et des expos. Dans le reste de la ville, il ne se passe pas grand-chose.

Florian : Il y a quand même une bonne petite scène de musique psychédélique, comme par exemple Sir Robin & The Longbowmen, avec qui on a commencé à répéter à peu près au même moment. C’est un super groupe qui utilise des sitars et de l’orgue. D’ailleurs ils jouent au festival Reverberation en octobre.

Manifesto XXI – Dans quelles conditions avez-vous produit le premier album What Is Psych? ?

Florian : On l’a enregistré à la maison. On avait un métronome et Lulu commençait par jouer sa partie à la batterie, ensuite on posait la basse et ainsi de suite. On voulait tout de même que l’album soit un peu « produit » mais on a fait le mixage nous-mêmes.

Manifesto XXI – Vous êtes évidemment influencés par la musique des 60s, d’où vous est venu l’attrait pour cette période ?

Lulu : Pour moi ça s’est fait par des amis qui m’ont fait découvrir ce genre de musique. Mes parents ne m’ont jamais fait écouter quoi que ce soit.

Martin : C’est venu en écoutant The Doors, Bob Dylan et d’autres artistes fumeurs de joints. Après j’ai rencontré Florian et on a commencé à faire de la musique ensemble. Avant ça j’étais carrément plus 90s à écouter du grunge et de la noise. Ensuite, j’ai découvert plein de groupes géniaux de Californie, comme The Growlers, et ça a totalement changé mon état d’esprit.

Manifesto XXI – Vous vous appelez The Roaring 420s – le plus beau jeu de mots pour un nom de groupe –, qui a eu cette idée géniale ?

Lulu : Je suis surprise que tu aies compris le sens de notre nom, parce qu’en général en Europe les gens passent à côté du jeu de mots.

Florian : En Espagne, un mec pensait que 420 était la taille d’un calibre de balle (rires). Notre premier nom était Lulu and the Heartbreakers, ce qui n’a duré que le temps d’un concert. Lulu et moi venions tout juste de nous séparer de nos relations respectives lorsqu’on a formé le groupe donc c’est de là qu’est venu ce premier nom. C’est de l’humour morbide mais c’était surtout un nom bien ringard !

Manifesto XXI – Avec ce nom évocateur, vous fumez beaucoup de weed ?

Florian : Oui, assez souvent.

Manifesto XXI – Ça stimule votre processus créatif ?

Florian : Je dirais que oui.

Lulu : On fume tout le temps donc on ne peut pas vraiment savoir (rires).

Florian : Quand tu fumes tu es assis, tu ne te préoccupes pas d’organiser quoi que ce soit donc tu as le temps de réfléchir et de tâtonner sur ta guitare. Tu peux t’enthousiasmer pour un son alors que tu es juste en train de jouer un simple riff. Je pense que c’est similaire pour l’art, avec la marijuana tu peux te plonger plus profondément dans ce que tu fais.

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Manifesto XXI – Mais, tiens donc, où est Stefan, le quatrième membre du groupe ?

Florian : Il est au Danemark en ce moment, dans une école de cinéma.

Manifesto XXI – Il fait encore partie du groupe ?

Florian : Pas en ce moment. Il nous a dit que s’il revenait il serait ravi de rejouer avec nous mais pour l’instant il est au Danemark pour au moins neuf mois.

Manifesto XXI – Vous cherchez un membre pour le remplacer ?

Florian : C’est une possibilité. Ces derniers temps on a joué avec un mec des Blank Tapes. On a fait une tournée avec eux et ensuite le bassiste est resté avec nous à Dresde. Il sait aussi bien jouer de la basse que de l’orgue ou de la guitare donc c’était très intéressant de l’avoir avec nous.

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Manifesto XXI – Martin, j’ai une question pour toi : es-tu toujours un pirate ?

Martin : Un pirate ? Oh mince, ça date d’une interview pour Radio Campus d’il y a deux ans. On était complètement défoncés. Je ne comprenais pas ce que le journaliste me demandait, ce qui a donné des réponses bizarroïdes. L’histoire c’était que j’avais le projet de faire de la musique près de la mer Baltique, où il y a beaucoup de touristes pendant l’été, et de jouer dans la rue. C’est à ce moment-là que j’ai dû lui sortir que je faisais de la musique de pirate (rires).

Florian : Cette interview était assez drôle parce que le journaliste était un grand supporter du projet de son fils, un groupe de Mods 60s qui s’appelle The Arrogants, et comme on avait joué avec eux le soir d’avant, il n’arrêtait pas de nous demander ce qu’on en avait pensé, assez gênant (rires).

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Manifesto XXI – Vous avez un label appelé It’s A Gas!, comment ce projet vous est-il venu à l’esprit ?

Florian : On a créé ce label il y a un an en signant les Blank Tapes. C’était un peu un acte de désespoir (rires). On voulait sortir le deuxième album sur un autre label qui ferait une meilleure promotion. Tous les bons labels dans notre collimateur étaient à l’étranger et, même si nous vivons à l’ère d’Internet, les gens n’écoutent jamais les liens qu’on leur envoie. Pour être honnête, on avait vraiment du mal à trouver un label en Allemagne qui nous produirait.

Lulu : C’est marrant parce qu’un soir on a appelé Burger Records et on s’est retrouvés sur une émission de radio de Burger TV où ils parlaient d’éventuellement sortir notre album donc c’était assez fou.

Florian : Il y a très peu de labels pour la musique psychédélique moderne en Europe et lorsqu’il y en a, ils fonctionnent souvent entre eux avec leur réseau local. Si tu sors ton album sur un label français, ils vont faire en sorte que tu tournes surtout en France, ce qui paraît logique. Finalement on s’est dit « pourquoi ne pas le faire nous-mêmes » et trouver un distributeur. En faisant ça, on peut récolter plus d’argent des albums que l’on vend sur Internet. Au début c’était dur parce que personne ne connaissait le label, mais on a eu la chance de travailler avec Clear Spot, un distributeur européen.

Manifesto XXI – D’où vous est venu le nom It’s A Gas! ?

Florian : C’est une expression des 60s qui veut plus ou moins dire « C’est cool ! ».

Manifesto XXI – Vous avez des concerts prévus à Paris ?

Lulu : On viendra probablement en 2017. On travaille sur le troisième album en ce moment et on adorerait faire une grande tournée après l’avoir sorti !

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