Rencontre avec Suuns à la Route du Rock

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Dernière interview à la Route du Rock où on a eu quinze minutes top chrono pour poser quelques questions à Joe Yarmush et Max Henry de Suuns, groupe canadien qui, avec son troisième album Hold/Still, offre une musique énigmatique à la croisée du rock et de la musique électronique, avec des morceaux de plus en plus minimalistes et quelques expérimentations bizarroïdes. Rencontre.

Manifesto XXI – Rentrons dans le vif du sujet, comment s’est passé l’enregistrement du dernier album ?

Joe : C’était assez facile. John Congleton a produit l’album, il habite à Dallas où il a un studio. On voulait quitter Montréal parce qu’on a tout produit là-bas et c’était intéressant d’ouvrir de nouveaux horizons. Travailler avec John était une très bonne idée et c’était une chance de pouvoir se retrouver dans un endroit où on pouvait se concentrer davantage. À Montréal, on a enregistré les premiers albums avec Jace Lasek. Il n’a pas vraiment « produit » les albums, mais plutôt il intervenait comme ingénieur sans nous imposer ses opinions comme le ferait un producteur en règle générale. Son studio était vraiment un endroit où l’on passait beaucoup de temps à se poser entre amis et en travaillant au Texas on cherchait avant tout à sortir de notre zone de confort.

Manifesto XXI – Par rapport aux albums précédents celui-ci est nettement plus électronique. D’où vous est venue cette envie ?

Max : Avec nous, il y a toujours un fond de musique électronique, notre philosophie lorsque l’on compose en est proche. J’imagine que c’était juste une progression logique au moment de l’enregistrement.

Joe : On a beaucoup été inspirés par des artistes de musique électronique minimale comme Andy Stott et ses compos de synthé. En tant que groupe c’est plus facile d’aller vers des choses plus minimales, ça paraît plus sensé. En solo, tu peux faire ce que tu veux mais en groupe il faut occuper un certain espace.

Manifesto XXI – Vous avez enregistré l’album en live ?

Joe : Oui, exactement. On trouve que cet album ressemble vraiment à ce que l’on est et capture exactement le son que l’on a produit à ce moment donné. À chaque fois que l’on amène un album en tournée on le modifie forcément, pour le rendre plus grandiose ou plus fou, mais sur celui-ci on tenait vraiment à ce qu’il ressemble à ce que l’on entend en concert. Aussi, le temps qu’on avait pour enregistrer l’album a eu un certain impact. C’était carrément fou, on l’a produit en trois semaines.

Manifesto XXI – Vous avez joué au Berghain en mai dernier, ça entérine votre mutation électronique ?

Max : C’était cool d’y être mais l’environnement est vraiment différent de celui du club. C’est la même salle, le même système de son que le club mais, de mon point de vue, le vrai Berghain c’est les soirées techno. Avec les lumières allumées, ça ne prend pas le même sens.

Manifesto XXI – Et à ce concert, tout le monde a pu rentrer ou le chien Cerbère faisait sa sélection à l’entrée ?

Max : (rires) Le truc drôle c’est qu’on peut jouer là-bas mais je ne suis pas sûr qu’ils nous laisseraient entrer à une soirée techno. Tu trouves qu’on a l’air cool toi ?

Manifesto XXI – Absolument pas.

Joe : (rires) C’est parce qu’on n’a pas mis nos lunettes de soleil. Sinon, avoir joué au Berghain est plutôt chouette parce que le lieu est mythique mais bon… Ça reste un simple concert.

Manifesto XXI – En concert, à quoi ressemble le set par rapport à l’album ?

Joe : Il y a des titres que l’on rallonge ou qui sont… attends, c’est quoi le mot ?

Max : Pires ? (rires)

Joe : Non mais des trucs plus bruts. On fait beaucoup de noise en live, ne serait-ce que pour les transitions. On aime que le concert soit fluide, sans arrêt trop brutal entre les titres, ce qui amène à quelques improvisations. On a fait beaucoup de tournées avec les deux derniers albums, et c’est assez dur de se remettre en selle en proposant uniquement de nouveaux morceaux.

Manifesto XXI – Vous avez déjà joué à la Route du Rock il y a cinq ans, puis deux ans après ; vous en gardez de bon souvenirs ?

Max : La première fois on était incroyablement chanceux d’avoir eu l’opportunité de jouer ici. On venait de sortir le premier album et c’était une expérience incroyable. C’est probablement le plus gros concert qu’on ait jamais joué, en termes de volume du public.

Manifesto XXI – Vous ne vous êtes pas toujours appelés Suuns. Au début c’était Zeroes. Pourquoi ce changement de nom ?

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Joe : On est partis faire du tourisme sexuel en Thaïlande (rires). Non je plaisante. En vrai on a commencé le groupe en 2007, on ne savait absolument pas ce qu’on faisait, c’était un peu bizarre. Enfin ça, c’est une autre histoire (rires). Zeroes c’est le nom qu’on avait choisi parce qu’on devait s’inscrire à un festival le jour même. On a décidé ça sans trop y réfléchir, juste parce qu’on devait respecter la deadline.

Manifesto XXI – Vous n’avez pas vérifié sur Google si le nom du groupe était déjà pris ?

Joe : Google n’existait pas en 2007 (rires). Non, mais on a appris à apprécier le nom et on a passé trois ans en s’appelant Zeroes. On a dû le changer justement parce qu’on n’avait pas vérifié sur Google, et on voulait s’en débarrasser avant la sortie de notre premier vrai EP. Il y avait deux groupes qui s’appelaient Zeroes : un des années 1970, et un des années 1980. On cherchait une alternative à laquelle personne d’autre n’aurait pensé, et qui voudrait signifier à peu près la même chose. « Suuns » veut dire « zéros » en thaï, donc ça collait bien.

Manifesto XXI – Vous auriez pu vous appeler « Tourisme sexuel en Thaïlande ».

Max : Oui, ça aurait été pas mal. Ou alors « Architecture à Helsinki ». (rires) Je me souviens qu’il y avait beaucoup de groupes qui avaient deux lettres dans leurs noms, c’était un peu la mode. Mais « suuns » c’est vraiment un mot qui a un sens donc on espère que c’est plus légitime.

Là, le manager arrive : « Sorry to interrupt but guys, we gotta goooo. »

Manifesto XXI  Bon, last question, quelles sont vos prochaines dates de concerts en France ?

Max : On n’a pas de dates précises mais en octobre/novembre on sera présents en France !

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Retrouvez Suuns au Pitchfork Festival le 27 octobre prochain !

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