C’est l’histoire des Naive New Beaters qui débarquent en 2007 avec des tubes puissants comme « Bang Bang » et « Live Good », à la croisée de l’électroclash et de la pop rapée. Ils se font appeler David Boring, Eurobelix et Martin Luther BB King, se sapent avec les pulls de leurs mamans et font pogoter les filles en Wayfarer rouges. Dix ans après, le trio sort À la folie, un album résolument plus mature qui navigue autour des relations hommes/femmes et des chagrins d’amour, parfois porteurs d’espoir. Rencontre.
Manifesto XXI – Dans quelles conditions avez-vous réalisé ce dernier album ?
David Boring : Des conditions un peu précaires, un isolement dans des manoirs ardéchois. Il faisait froid et on se chauffait uniquement au feu de bois.
Eurobelix : Donc ça, c’est pour ce qui est de la température et de la géographie (rires).
David Boring : C’était une sorte de resourcing.
Eurobelix : On s’est tous les trois fait quitter par nos copines à peu près au même moment et on s’est dit qu’on allait se casser et faire un disque.
David Boring : On avait besoin de se retrouver entre mecs et de manger des boulettes de restes et du pot-au-feu.
Martin Luther BB King : Le premier qui ramenait sa copine était viré du groupe.
Cela m’amène à la question Ardisson : comment ça va la vie sentimentale, aujourd’hui ?
David Boring : (rires) Ça va mieux, on remonte la lourde pente de l’humiliation, on est en reconstruction. On a tous retrouvé l’amour exactement au même moment, comme si on était des triplés.
Le morceau « Heal Tomorrow » parle de rupture, mais c’est aussi un message d’espoir.
David Boring : Oui, car finalement on a fini par guérir. Comme tout ce que tu peux être amené à traverser dans la vie, c’est souvent un cycle où les problèmes finissent par se résoudre.
Eurobelix : C’est un grand message d’espoir pour tous les hommes.
Martin Luther BB King : Lorsqu’on dit « I can do it solo », c’est intéressant car c’est aussi en rapport avec le disque que l’on a réalisé en étant célibataires et sans label. On a voulu dire qu’au moment où tout le monde te lâche, tu peux y arriver seul. Par la suite, on a trouvé Capitol qui nous a donné un coup de main pour finir de financer la production de l’album.
Vous avez joué dans un épisode de la web-série Le Meufisme. Comment vous êtes-vous retrouvés là ?
Eurobelix : On ne va pas se mentir, c’est clairement une histoire de gros sous (rires).
Ah, ça paie bien les vidéos YouTube ?
Eurobélix : Ouais, 34 € chacun.
David Boring : C’était une chouette expérience, les filles sont très cool. Camille Ghanassia est une bonne copine de mon cousin et comme j’aime beaucoup mon cousin, j’ai accepté de tourner la vidéo.
Le choix de tourner cette vidéo était-il aussi motivé par des velléités féministes ?
David Boring : Nous, on met vraiment la femme en avant, et d’ailleurs sur scène on joue avec deux musiciennes. Deux filles valent bien trois mecs.
Martin Luther BB King : Dans cette vidéo, on a le rôle opposé à celui d’un féministe, mais à la fin on rentre dans le rang en voyant la lumière et en accédant enfin à la vérité. Récemment il y avait une grosse polémique sur l’égalité des rémunérations entre hommes et femmes. Il a été décrété que théoriquement, à temps de travail égal, les femmes, en étant payées 15% de moins que les hommes, pouvaient arrêter de travailler dès maintenant pour les vacances de Noël (rires).
David Boring : Moi je ne sais pas si je suis féministe, mais en tout cas je préfère les femmes.
Eurobelix : Rocco Siffredi aussi (rires).
En parlant d’égalité des salaires, elles sont payées autant que vous vos musiciennes ?
À l’unisson : Oui !
Eurobelix : D’ailleurs, elles sont payées plus que nous.
David Boring : Si avec ça on n’est pas féministes…
Eurobelix : Elles ne portent même pas le matos !
Martin Luther BB King : On va les traîner aux prud’hommes si ça continue.
Revenons-en au titre « Heal Tomorrow » que vous n’interprétez pas seuls mais en la compagnie d’Izia.
Eurobelix : On la connaît depuis qu’elle est ado, on l’a vue grandir.
Martin Luther BB King : Avec Izia, c’est d’abord une amitié et des affinités musicales communes. Elle est venue chanter à des concerts, ensuite on l’a invitée à venir chanter sur notre mixtape qu’on avait réalisée entre « La Onda » et « À la folie ». C’est à ce moment-là qu’on a bâti les prémices de « Heal Tomorrow ».
Entre le sketch du Meufisme et le clip de « Heal Tomorrow » tourné à 360°, vous êtes très présents sur YouTube, du coup une question me taraude : quel est votre youtubeur préféré ?
Martin Luther BB King : Moi j’aime beaucoup Masculin Singulier, que l’on a invité à « La Onda Radio Show » d’ailleurs, avec son acolyte Pierre Lapin.
Eurobelix : Il y avait un truc que j’adorais sur Vine mais je n’arrive plus à le retrouver.
David Boring : Moi je n’aime pas trop les youtubeurs.
Eurobelix : Mon guilty pleasure c’est de regarder Norman, il m’a toujours fait marrer.
Vous avez sorti la Naive New Beer. L’idée est-elle venue des groupes de métal qui sortent leur bière comme Megadeth et Slayer ?
Martin Luther BB King : Oui, exactement !
David Boring : J’ai vu que Motörhead avait sorti un vibromasseur.
Martin Luther BB King : On était à un festival en Suisse où on buvait de la Trooper, qui est la bière d’Iron Maiden, et on s’est dit qu’on voulait faire la même chose.
On la boit où cette Naive New Beer ?
David Boring : Au Mansart, au Sans Souci, au Supercoin et dans de nombreux autres bars.
Vous avez prévu de sortir d’autres alcools ?
Eurobelix : Je faisais de la poire à un moment donné mais elle était un peu dégueulasse. Ça vaudrait peut-être le coup d’en refaire mais mieux.
Martin Luther BB King : La Naive New Pear ! C’est un bon merch ça !
En parlant de merch, vous êtes sur tous les fronts avec des projets qui touchent à beaucoup de domaines différents. Pourquoi cette volonté de s’éparpiller autant ?
David Boring : C’est surtout pour gagner de l’argent, étant donné qu’on n’arrive pas à vendre de CD (rires). C’est aussi pour apprendre de nouveaux métiers !
Martin Luther BB King : En faisant du porte-à-porte pour vendre de la bière, on découvre la prospection commerciale.
David Boring, toi qui as grandi à Los Angeles, tu as un petit mot à dire sur l’élection de Drumpf ?
David Boring : J’étais assez choqué mais ça m’a donné l’espoir de devenir moi aussi président un jour. Comme quoi il ne faut pas grand-chose : un bon acteur, de gros muscles, quelques bonnes opérations immobilières et puis bam !
Sur scène, vous êtes toujours très énergiques et passionnés, mais y a-t-il eu un concert où vous n’étiez pas dans votre assiette ?
David Boring : À Toulouse, on devait jouer au Bikini mais avant le concert on a mangé une entrecôte de 700 grammes et un confit de canard. Là, nos mouvements étaient nettement plus lents. Il y a aussi eu un concert qui a débuté notre tournée d’été à Millau et c’était catastrophique.
Martin Luther BB King : Il y a eu des galères logistiques incroyables. On jouait le matin même à Paris et on a dû traverser toute la France.
David Boring : Eurobelix est tombé dans un trou et a dû faire le concert sur un tabouret. Le régisseur est venu nous dire d’arrêter alors qu’il nous restait quatre morceaux à jouer (rires).
Martin Luther BB King : Il faut préciser que l’on a joué une heure en retard, qu’il n’y avait plus personne dans la salle et que quinze minutes avant le concert, ils avaient fermé le bar.
David Boring : Tout a joué contre nous.
Eurobelix : En plus on n’a même pas été payés, sauf… Devine qui !
Les filles ?
Eurobelix : Exactement !
Sur scène vous portez un « constard », mix entre la combinaison et le costard. J’ai comme l’impression que votre style s’est émancipé depuis vos débuts en total look Guerrisol.
David Boring : C’est vrai qu’on a l’air plus classe. On ne s’habille plus avec les fringues de ma maman donc c’est une forme d’émancipation.
Eurobelix : On n’est quand même pas encore au top de la classe.
David Boring : J’ai des phases où j’oublie les fripes et des phases où j’y reviens. Là, je suis dans un pic de fripes.
Y a-t-il des artistes qui ont retenu votre attention ou pour qui vous avez eu un coup de cœur en ce moment ?
Martin Luther BB King : J’étais au Pitchfork Festival et j’ai vu un groupe belge qui s’appelle Robbing Millions. Au début j’ai cru que c’était Robbie Williams et ça m’étonnait qu’il joue au Pitchfork (rires). Bref, c’était vraiment très cool ! Sinon j’aime beaucoup FIDLAR même s’ils sont là depuis un moment.
David Boring : Moi j’aime bien Ratboys, je trouve ça hyper original.
Eurobelix : Il y a LA Priest que l’on a découvert récemment. Sinon j’écoute beaucoup de vieux trucs.
Les Naive New Beaters seront en concert le 22 mars prochain à l’Olympia!
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