La troisième édition de l’Urban Art Jungle Festival est l’occasion pour nous d’en rencontrer les organisateurs. La fine équipe de Superposition – collectif artistique créé en 2016 – s’est en effet donné pour but d’investir tous les coins et recoins de la capitale des Gaules par le street-art et le dynamisme artistique. Prenant Lyon comme un véritable musée à ciel ouvert, il s’agit autant de revaloriser le territoire que de renouer les liens entre artistes et profanes. Véritable tremplin artistique et générateur de lien social, Superposition propose au grand public de découvrir gratuitement les coulisses du street-art, souvent méconnues, lors d’événements et de vernissages publics, grâce à la création de l’Urban Art Jungle Festival, première manifestation exclusivement dédiée à l’art urbain à Lyon.
Manifesto XXI : Comment avez-vous atterri à Lyon ?
SUPERPOSITION : De manière assez naturelle ! Pour ma part (Orbiane Wolff, présidente) Lyon a toujours été mon pied à terre, entre différents séjours aux quatre coins du monde. C’est une ville agréable, où nous avions envie d’insuffler un vent de nouveauté au niveau artistique. Pour les autres membres de l’équipe, qu’ils soient Lyonnais de sang ou d’adoption, c’est le lieu où nous nous sommes, par un moyen ou un autre, croisés au moment opportun, nous permettant de mener à bien nos projets !
La revalorisation territoriale est citée comme étant au cœur du projet, pourquoi ?
Alors c’est vaste sujet, mais pour ce qui nous concerne ce serait surtout à travers nos actions culturelles et artistiques. Notre approche de la valorisation du territoire se fait par trois dimensions principales (dixit Marion Rubellin, l’urbaniste de notre team) :
- La mise en relation d’une pluralité d’acteurs du territoire (y compris les habitants) autour de projets culturels.
- Le dynamisme territorial : on s’approprie un lieu le temps d’un événement, d’une expo, d’une action artistique, ce qui apporte du dynamisme et donc de la valeur à ce lieu. Cette dimension a encore plus d’impact quand de base le lieu est en perte de dynamisme (ex : la rue longue occupé par notre galerie).
- L’offre culturelle et artistique accessible à tous car on sort l’art dans la rue, on invite des artistes lyonnais talentueux mais qui peuvent être les voisins de tout le monde. C’est une façon de mettre en avant les atouts de la ville : à travers les talents des artistes mais aussi les échanges entre habitants et association(s).
Vos endroits artistiques de prédilection à Lyon ?
Tout ce qu’il se passe dans la rue, sur les murs et encore ailleurs est une inspiration, alors difficile de citer des endroits précis. Je pense qu’au-delà des lieux proposant une sélection artistique intéressante à Lyon (et ils sont nombreux !) c’est surtout une question de rencontres. À la galerie beaucoup d’artistes passent nous montrer leur travail, chaque personnalité est différente, chaque rencontre est enrichissante, et je crois que c’est cela qui nous booste et encourage à continuer !
Et le lieu qui accueille le festival ?
Il nous tient à cœur de présenter des lieux inédits aux festivaliers. Dans cette mesure nous aimons ré-attirer l’attention du grand public sur des lieux pas ou peu exploités pour l’évènementiel. Voilà comment naturellement nous nous sommes tournés vers le Croiseur, lieu en restructuration, proposant scène et école de danse ! Nous sommes ravis de pouvoir présenter des lieux, à la fois aux artistes et aux visiteurs, qui dénotent à Lyon !
Comment l’administration lyonnaise a-t-elle reçu votre projet au début ?
De manière positive ! Les mairies nous supportent et aiment ce genre d’initiatives. Il nous tient à cœur de travailler avec les collectivités, dans cette mesure nous sommes capables de déployer des ateliers pour petits et grands sur des évènements ou sur mesure pour les collectivités !
Pourquoi avoir choisi ce nom ?
SUPERPOSITION est venu très naturellement, il évoque premièrement le fait de réintégrer l’art urbain à la ville d’une manière différente. De plus, le mot « superposition » parle de manière signifiante aux artistes avec lesquels nous travaillons, la superposition de différentes couches, de techniques de matériaux…
Comment réagit le public ?
Le public réagit de manière positive car il n’est plus simplement spectateur mais devient acteur du festival en participant à une expérience différente en fonction des centres d’intérêts.
Je crois (OW) que ce que le public préfère lors de l’Urban Art Jungle festival c’est la proximité qui est donnée avec les artistes. En effet, chaque artiste présent pour un live anime également un atelier. Public et artistes sont à même de pouvoir échanger en toute tranquillité et en dépassant les barrières généralement établies à tort.
Qu’avez-vous souhaité améliorer cette année ?
Cette année nous avons vraiment mis l’accent sur la programmation des ateliers, nous avons innové dans les formats proposés et j’espère que cela va être une réussite. Nous avons également invité de très bons musiciens, et nous sommes fiers de la programmation musicale du festival !
Quels sont vos liens respectifs avec l’art urbain ?
Il me semble que le premier lien que nous avons avec l’art urbain est le fait d’habiter dans une ville d’une grande richesse culturelle. Il faut peut-être déjà se remettre d’accord sur la définition de l’art Urbain. Pour nous il s’agit de toutes les formes d’art que tu peux trouver dans ta ville, dans l’environnement dans lequel tu évolues. C’est pour ca que sur notre festival, il est normal de trouver aussi bien du graff, de la peinture, de la danse, des créateurs, et de la musique…
Nos attaches à l’art urbain sont étroitement liées à nos différentes curiosités. Nous avons tous et toutes des affinités différentes au monde qui nous entoure, et je pense que c’est aussi une de nos richesses. Ainsi au sein de l’équipe je vais gérer la programmation artistique, et par exemple la programmation musicale est du ressort de Loïs.
Un mot sur votre galerie d’art ?
C’est une galerie à ciel ouvert. La rue Longue – véritable extension de la galerie et nouveau playground des artistes qui viennent collaborer et exposer à Superposition – permet un compromis unique entre le concept traditionnel de la galerie d’art et le principe même du street-art. En effet, les expositions se déroulent aussi bien à l’intérieur que dans la rue, en permettant à l’artiste du moment de repeindre les rideaux de fer et les murs. Le pari est de rendre à l’art urbain ses lettres de noblesse, sans pour autant le dénaturer. Dans ce but, le collectif sélectionne méticuleusement des artistes talentueux qui auront le plaisir de venir « superposer ».
Un élément de l’organisation d’un festival qui vous a surpris ?
Cette année nous avons reçu énormément de candidatures d’artistes plasticiens, avec des propositions très qualitatives. Il a été difficile de faire un choix, nos refus ont été faits à contre-cœur…
After movie Urban Art Jungle #2 Février 2017