La COP 21 vient de s’achever sur un accord « historique » de 195 États en faveur d’une réduction nette du réchauffement climatique. Mais la COP 21 ça a aussi été une programmation culturelle riche et une occasion pour les artistes d’afficher et d’exprimer leur engagement en faveur de l’environnement. Manifesto XXI a donc choisi de jeter un coup de projecteur sur les plasticiens qui s’engagent ou se sont engagés pour la planète. Nous sommes ici allés à la rencontre de Régine Raphoz, une land artist qui interroge notre rapport à la nature et au monde.
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Manifesto XXI – Pourriez-vous m’en dire plus sur votre parcours et ce qui vous a amenée au Land Art ?
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Régine Raphoz – J’ai commencé par le travail autour de la sculpture textile, mais malheureusement cela ne tenait pas au niveau technique. De plus, j’avais de moins en moins envie de faire le tour des galeries : la plupart des gens ne se sentent pas concernés par la peinture et la sculpture et n’en poussent jamais les portes.
Ma passion pour le végétal et le naturel remontait déjà à longtemps et cela m’a amenée naturellement au travail en extérieur. Pour moi, l’intérêt principal est qu’il permet d’aller à la rencontre de tous types de populations, notamment ceux qui n’ont pas l’habitude d’aller au musée.
J’ai des origines paysannes et pour moi le Land Art est une manière d’être à la conjonction entre mon cursus artistique et mes racines.
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Manifesto XXI – Quel message essayez-vous de faire passer à travers le Land Art ? Quel est le lien entre vos œuvres de Land Art et votre relation à l’environnement ?
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RR – Le Land Art permet de travailler sur le terrain, c’est fait pour parler de l’environnement au plus grand nombre.
L’environnement est pour moi un combat personnel que j’aborde dans mes œuvres dès que j’en ai l’occasion. Cela peut paraître dérisoire mais comme dirait le colibri « Je fais ma part ».
C’est aussi un combat que j’essaie d’appliquer à mon quotidien : je trie mes déchets, je suis attentive à ma consommation…
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Manifesto XXI – Quel processus vous a inspiré votre œuvre « ¿ On marche sur la tête ?! «
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RR – Cette œuvre est emblématique : elle est ouverte, lisible et facile d’interprétation. C’est un symbole de l’incohérence, de l’expiation, elle est à l’envers comme le fou du jeu de tarot.
Chaque arbre est nommé par ses coordonnées géodésiques : je souhaiterais en semer le plus possible dans différents lieux. Le but serait d’ainsi relier entre elles des communautés et des villes qui agissent pour la préservation de l’environnement.
Je souhaiterais à terme faire publier un livre qui réunirait les photos de tous les arbres à l’envers et présenterait toutes les communes et les associations qui ont financé et accueilli ce projet.
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Manifesto XXI – Beaucoup d’artistes ont participé à la programmation culturelle de la COP21 : qu’en pensez vous ? Un artiste doit-il participer à ce type de rassemblements politiques ? Seriez-vous prête à participer à des rassemblements de ce type si vous en aviez l’opportunité ?
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RR – Toutes les opportunités de s’exprimer doivent être saisies. Je pense que les artistes ont leur place dans ce type de rassemblements au même titre que tous les autres participants. J’irais probablement si un jour on me le proposait, même si j’ai bien conscience que cela ne se fera sans doute pas sans compromis.
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Pour en savoir plus : http://www.regineraphoz.com/
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