Rencontre avec Darius Zoltan, dj, producteur, et fondateur du label Brain Washer Records.
MXXI – Quand le label a-t-il été fondé, et avec quelle volonté ?
D : Il a été fondé en août 2010, puis à partir de là il s’est passé beaucoup de choses en cinq ans. J’ai commencé par être manageur et booker pour de petits artistes parisiens, beaucoup de rock indé, j’aimais ça, mon père m’en avait beaucoup fait écouter. C’est lui d’ailleurs aussi qui m’a peu à peu fait découvrir la musique électronique, et un jour – j’aime bien raconter cette petite anecdote – j’étais en soirée en train de pisser au fond d’un jardin, et là je me dis : « Demain, je vais monter mon label ». Je retourne en soirée raconter ça à mes potes, ils me disent : « -Mais… Tu sais comment ça marche ? -Non je sais pas trop, mais bon, on va voir ! ». Le lendemain j’ai créé la page Facebook, puis de fil en aiguille j’ai commencé à recruter des artistes, et ça a peu à peu pris de l’ampleur. J’ai sorti ma première release trois mois après, une track originale d’un duo espagnol avec un ensemble de remixes, qui a bien marché, puis ensuite tout s’est enchaîné…
MXXI – Le label était plutôt orienté techno initialement ?
D : Pas du tout, je n’avais aucune culture techno à ce moment-là, je me suis intéressé tardivement aux musiques électroniques. J’ai vraiment découvert la techno il y a peut-être deux ans, c’est vraiment tout récent pour moi, je n’ai pas du tout été formé à ça. Mon père me faisait écouter des musiques psychédéliques, du classique… C’était vraiment hyper diversifié, mais c’est seulement très tard qu’il m’a fait découvrir les musiques électroniques. Donc non, la volonté de base ce n’était pas ça, c’était surtout de faire découvrir des artistes que les gens n’écoutent pas, proposer une alternative à la musique massivement médiatisée, pousser les gens à être curieux, à s’intéresser.
MXXI – Pourtant parmi ce qu’on peut trouver sur le site de Brain Washer Records, il y a quand même beaucoup de techno… ?
D : C’est parce que depuis mars 2015 on a lancé un sous-label nommé Blue Brain, spécialisé techno. C’est mon acolyte et bras droit tourangeau Charly DKN qui gère cette partie. Elle a été créée car je recevais énormément de démos techno, qui est un style très en vogue dans la production, notamment d’après moi car il est plus accessible que d’autres genres musicaux. Or je ne voulais pas développer un label techno, je voulais promouvoir des musiques électroniques en général, avec des choses éclectiques. Donc j’ai créé Blue Brain pour en faire une entité techno forte, axée club, avec une identité très simple. L’idée était d’avoir un rendement important du fait de la popularité de ce style, et que cette section permette aussi de porter le reste du label.
MXXI – Quelle sont les prochaines sorties de prévues sur le label ?
D : La prochaine sera une sortie de Naux, un producteur lyonnais. Il a sorti un EP il y a six mois chez nous, sous le pseudo Hiernaux, car cet artiste a deux projets – comme quoi ça prouve que les gens sont très touche-à-tout ! – , Naux c’est son projet un peu plus house, sensuel, avec des gros vocaux eighties, et Hiernaux son côté plus techno. Donc comme moi j’ai déjà beaucoup de techno sur Blue Brain, je lui ai dit que je préférais sortir quelque chose avec Naux. Et sinon en décembre on va sortir notre premier album, celui de Sedecimo, qui est angevin lui, puis ensuite il y aura une sortie d’Exupery.
MXXI – Est-ce que le label a aussi une activité événementielle ?
D : Oui on en fait pas mal, avant il y avait les Brain Washer Live, mais c’était encore une sous-section qui complexifiait la lisibilité pour les auditeurs, du coup maintenant on le fait simplement sous la forme « Brain Washer Records présente… ». Donc c’est le label qui présente tels artistes à tel endroit. On organise des soirées à Tours, Nantes, Angers, avant on en faisait pas mal à Paris mais c’était pas pratique car surtout dans des bars, sinon on souhaiterait se développer à Rennes progressivement aussi…
MXXI – Les artistes signés par le label peuvent être de n’importe quel espace géographique ou vous avez certains critères ?
D : Je me suis beaucoup restreint au fur et à mesure, au début je signais beaucoup d’étrangers, mais comme c’était difficile de les mettre vraiment en avant, aujourd’hui je préfère me restreindre à des artistes français. C’est beaucoup plus agréable d’avoir le contact humain direct avec les artistes, et c’est plus facile aussi pour les programmer.
MXXI – Ce projet de label tu l’envisages à long terme, et dans une optique professionnelle ?
D : J’espère ! Après c’est toujours un gros challenge de vouloir promouvoir des choses un peu différentes. Puis gérer un label c’est aussi avoir un certain sens du commerce, savoir être au bon endroit, s’entourer des bonnes personnes… Il y a beaucoup d’aspects que j’ai envie de développer, c’est un vrai défi. J’espère vraiment pouvoir développer tout ça, et tant que je pourrai je ne lâcherai rien.
MXXI – Est-ce que tu portes une attention particulière à l’aspect visuel du label, tant sur internet qu’en live ?
D : Évidement, c’est même hyper important. Rien que la pochette d’un CD, c’est ce que la personne va voir en premier, avant d’écouter la musique, donc si tu veux qu’on s’intéresse à toi il faut avoir un visuel qui tape, tu n’as pas le choix. Moi j’aime beaucoup travailler avec des graphistes, qui ont eux aussi leur propre patte, car une fois de plus si tu arrives à être éclectique dans le graphisme – même s’il ne faut pas trop partir dans tous les sens pour que les gens puissent te reconnaître – tu leur fais découvrir autre chose. D’ailleurs le nom « Brain Washer » exprime bien cette idée de faire découvrir aux gens des choses qu’ils ne connaissent pas, c’est à dire leur infliger un « lavage de cerveau », à la fois visuellement et musicalement.
MXXI – Est-ce que tu as des mots-clés qui décrivent ce que tu souhaites promouvoir visuellement ?
D : Pas du tout. Je marche au coup de cœur. Il faut à la fois ne pas trop s’éparpiller, et en même temps laisser de la place à l’expérimentation. Après en termes de labels qui m’inspirent visuellement, j’admire beaucoup Sound Pellegrino, parce qu’ils ont une identité repérable et efficace.
MXXI – Combien d’artistes sont actuellement signés sur Brain Washer Records ?
D : Actuellement on est 11 sur Brain Washer. Après sur Blue Brain on démarche d’autres artistes.
MXXI – Une info à ajouter pour conclure ?
D : Alors je m’excuse auprès de toutes les personnes qui suivaient l’évolution de notre collection de vêtements Arpège, car à cause de mon manque de temps je n’ai pas pu donner suite à la première collection. J’aimerais bien pouvoir la relancer à l’occasion de la Quartz qu’on va organiser à Angers, ce serait l’opportunité idéale pour mélanger arts visuels, musique & vêtements. Il y aura un retour en force plus pointu et travaillé qu’avant. Des nouveaux collaborateurs viennent s’ajouter au projet et nous sommes partis sur une optique clairement plus originale que ce qu’on a fait à l’époque. Vous aurez plus d’infos d’ici très peu de temps !
MXXI – Un mot de la fin ?
D : Big up à la mifa Manifesto pour cette interview et vive les PEZ !
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