On se réjouit du lancement de la 5ème édition de la Quinzaine Stupéfiante à Marseille ce samedi 26 mars. Elle courra jusqu’au 8 avril, pour deux semaines d’événements participatifs, festifs, créatifs, réflexifs, autour de toutes les questions liées aux drogues, dans huit lieux emblématiques de la culture associative de la ville.
Alors que le gouvernement mène une politique particulièrement répressive contre les drogues, autant au niveau de la vente que de la consommation – notamment par la mise en place des amendes pénales pour les consommateurs de cannabis –, l’équipe de la Quinzaine Stupéfiante se propose d’ouvrir des espaces de dialogue et de réflexion, par et pour les personnes concernées. L’objectif : briser le discours binaire selon lequel l’usager·e est soit délinquant·e, soit malade, ou, pour reprendre les termes du ministre de l’Intérieur en septembre dernier, que « la drogue, c’est de la merde ». Il reste tabou de parler de drogues, le sujet est peu présent médiatiquement sauf pour évoquer de temps en temps une potentielle légalisation du cannabis. Pourtant les drogues font partie de nos vies, affectent notre vie sociale, nos fêtes, nos santés, nos équilibres psychologiques. On vous invite au passage à découvrir le dernier épisode de cette série documentaire radiophonique sur l’usage thérapeutique des drogues.
La Quinzaine Stupéfiante est donc une période d’échanges précieuse. Depuis cinq éditions, elle organise des événements de rencontres autour de ces sujets, dans plusieurs lieux marseillais. Elle est organisée de façon complètement autonome et indépendante, autant que le plan institutionnel que financier. Le public peut contribuer à son financement à prix libre. L’équipe, bénévole, travaille en lien avec des associations et surtout des lieux qui s’impliquent fortement. Ces bars, espaces culturels, théâtres, cinémas, radios et ateliers, ne se contentent pas d’accueillir les évènements, ils les co-organisent, permettant de toucher, au delà des passionné·es du sujet, les habitué·es de ces espaces qui ne se seraient peut-être pas spontanément déplacé·es pour des évènements consacrés aux questions de drogues. La Quinzaine Stupéfiante privilégie une approche communautaire et participative, dans un horizon d’éducation populaire et de réduction des risques (RDR) – démarche globale consistant à trouver avec les usager·es de drogues les solutions pour réduire les risques auxquels ils·elles s’exposent.
Au programme, d’abord des fêtes, puisqu’elles nous ont bien manqué ces deux dernières années. La soirée d’ouverture, la Starting-Block Party, nous aura permis de se mettre en jambe sur de la techno et des live machines, à la Dar ce samedi 26 mars. Une Mouillette en pyjama, soirée queer marseillaise tant attendue, aura lieu samedi prochain à l’Embobineuse et sera précédée d’une discussion sur le sexe et les drogues, animée par Fifi et Muriel, une dragqueen et une psychiatre.
Le Cinégraphe x Atelier l’Amiante sera ouvert trois jours – dimanche 27 mars de 14h à 18h, jeudi 31 mars et mardi 5 avril de 18h à 22h – pour des sessions d’arpentage de textes, de créations collectives ou d’ateliers artistiques, autour du thème du « grand soir », soit comment se prépare-t-on à la fête ? Un concert de rap sillonnera la thématique du cannabis le mardi 29 mars à 19h au théâtre de l’Oeuvre. Le Marseille Underground Film & Music Festival proposera une carte blanche sur la figure archétypale du·de la drogué·e ou la contre-culture liée à la consommation de cannabis, au Vidéodrome 2, mercredi 30 mars à 20h.
La deuxième semaine ne nous laissera pas plus le temps de nous ennuyer, avec une discussion sur une approche féministe des drogues à la Corderie le lundi 4 avril à 18h, une émission spéciale du Gang des Gazières sur Radio Galère mercredi 6 avril à 20h, un karaoké au Sing or Die le jeudi 7 avril à 20h ainsi que la restitution des ateliers le vendredi 8 avril à la Cinégraphie x Atelier l’Amiante.
Et bien sûr, des stands de RDR seront présents à tous les évènements !
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Image mise en avant : © Pawel Czerwinski