Cette année, le prix Sciences Po pour l’art contemporain revient aux valeurs sûres. L’idée : dédiaboliser l’art contemporain et son pseudo-hermétisme. Sept artistes, aux médiums divers, ont été sélectionnés par une crème de crème de jury et sont présentés dans les locaux de l’école pendant une semaine. On se souviendra notamment de l’orgasme cérébral que nous a donné l’œuvre ASMR de Caroline Delieutraz (visible ici). Manifesto XXI, partenaire du Prix, vous invite à la cérémonie de remise des prix, le mardi 25 avril 2017. En attendant, vous pouvez voter pour votre artiste chouchou (plus d’informations ici).
Agathe Rupp-Dahlem, membre de l’équipe du Prix, éclaire notre lanterne :
Pourquoi « Premier degré » ?
Pour cette huitième édition du prix Sciences Po pour l’art contemporain, nous avons décidé de mettre l’accent sur la relation de premier degré entre le public et l’œuvre d’art. Le « Premier degré » représente les émotions et les sensations premières ressenties par le spectateur devant une œuvre d’art, qu’elles soient positives ou négatives. Nous souhaitons valoriser ce rapport direct à la création – faire du « Premier degré » une porte d’entrée à l’art contemporain, à la fois simple et non simpliste. Le prix d’art contemporain de Sciences Po s’adresse à un public à majorité étudiant qui ne s’intéresse pas forcément à l’art contemporain de prime abord. Nous voulons grâce au thème du « Premier degré » leur montrer qu’il est possible d’apprécier l’art contemporain sans connaissance particulière et sans trop se prendre au sérieux.
Quel est le rapport de Sciences Po à l’art contemporain ?
Il peut être assez étonnant de constater que le premier prix étudiant d’art contemporain en France est aujourd’hui celui de Sciences Po – soit un institut d’études politiques et non artistiques. Le rapprochement de Sciences Po avec le monde de l’art contemporain date surtout de la création du prix Sciences Po par quatre étudiantes en 2010. Les sept éditions du Prix ont permis de créer des liens à la fois entre les étudiants, les amateurs et de grands professionnels du monde de l’art [ndlr : tel que Christophe Beaux, le directeur de la Monnaie de Paris, juré de cette édition 2017].
Sciences Po se veut donc une passerelle entre le monde universitaire et celui de l’art contemporain. L’école invite d’ailleurs des artistes de renommée internationale à venir rencontrer les étudiants, avec cette année Cai Guo-Qiang qui nous a tous charmés avec sa Sky Ladder (une immense échelle réalisée avec des feux d’artifices). Cette démarche s’effectue sur le modèle anglo-saxon où les universités constituent historiquement des acteurs de la sphère artistique.
Le concours est pensé dans un binôme artiste/étudiant. Comment avez-vous pensé ce projet ?
Le projet des binômes artiste/étudiant est né de nos réflexions autour du thème du « Premier degré ». Nous cherchions une application pratique à ce thème dans l’organisation du Prix et nous avons pensé à demander aux artistes de se faire parrainer par un étudiant pour pouvoir candidater au prix Sciences Po pour l’art contemporain 2017. Le parrainage était le suivant : l’étudiant devait écrire un texte exprimant sa relation au premier degré avec l’œuvre présentée pour le Prix dans le dossier de candidature de l’artiste. Nous avons été très touchés par la sincérité de ces écrits lors de la lecture des dossiers, et nous avons eu le plaisir d’apprendre que la constitution des dossiers de candidature a suscité des rencontres entre les artistes et le public. Les textes des étudiants sont présents sur les cartels dans l’exposition, afin que les visiteurs puissent partager leur expérience et en un sens, les rencontrer à leur tour.
Les jeunes ont-ils repris les rênes de l’art contemporain ?
Paris est un microcosme culturel faisant figure d’exception dans le monde, mais le poids de la culture dans cette ville peut s’avérer être un obstacle à la création de projets nouveaux et détonants. Ces dernières années, la perte de vitesse de Paris face aux autres scènes artistiques européennes a provoqué un sursaut des institutions – elles sont désormais plus enclines à dépasser les frontières culturelles et géographiques de Paris pour encourager des initiatives jeunes. Nous espérons que cette démarche sera amenée à se poursuivre !