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Parris, alchimie électro indé et pop catchy. Rencontre

Parris, alchimie électro indé et pop catchy. Rencontre

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Le 25 octobre sortait le premier EP du nouveau duo Parris, un projet de construction tout récent, mais porté par deux musiciens à la carrière déjà consistante. Exploitant l’ambivalence entre un producteur électro-rock indé et un chanteur féru de britpop, Parris nous offre avec Chemical un quatre titres qui donne déjà envie de connaître la suite. Ça tombe bien, un beau live se prépare.

Rencontre avec Thibault, la moitié « production » du duo.

Manifesto XXI – Comment vous êtes-vous retrouvés à faire de la musique ensemble ? Quels sont vos parcours respectifs ?

Thibault : Alors Alexandre, lui, est claviériste et chanteur. On a un petit écart de génération, il est plus jeune que moi. Lui s’est fait beaucoup sur scène, avec son groupe Colours In The Street, très pop rock à l’anglaise.

Pour ma part, ça fait une dizaine d’années que je bosse dans la musique en tant qu’ingé son, en studio de mastering, et en live. J’ai pas mal travaillé dans la scène métal, mais pas que.

Je fais aussi du mix et de la réalisation artistique (Jabberwocky, BLOW…). Le fait d’avoir fait tout ça pour d’autres groupes m’a donné envie d’appliquer toutes ces choses à mon propre projet. L’idée c’était : finalement pourquoi pas moi ?

Duquel de vous deux est venue l’initiative de Parris ?

À la base c’était suite à cette rencontre en studio avec Alex sur le mastering de l’album Royaume de CITS, après avoir entendu sa voix et l’avoir vu en live aussi, parce que c’est vraiment un mec qui a une personnalité en live, qui dégage un truc.

J’avais toujours eu envie de monter un projet électro alternatif. J’avais déjà fait de l’électro tout seul au préalable (dubstep, glitch-hop), mais je trouvais que ce n’était jamais assez pertinent, je me sentais bloqué dans des codes, cherchant à coller à tel ou tel style.

L’idée de travailler avec un chanteur qui a une vraie patte, ça permet aussi musicalement de prendre plus de libertés, parce qu’il y a toujours la voix en empreinte. L’identité se fait grâce au chant, et ça te permet d’un seul coup d’avoir beaucoup moins peur de sortir des sentiers battus, et d’y intégrer des éléments plus personnels, comme ce qui a fait mon passé musical, des influences type Nine Inch Nails, Deftones, ou encore Lorn… Grâce au chant, qui est le pilier central, j’ai un champ d’expression plus important.

Les fonctions sont bien distinctes entre d’une part la production pour toi et d’autre part le chant pour Alex, ou bien vous vous partagez le travail de composition ? 

En général, les premiers jets de maquette je les fais souvent seul, et dès qu’Alex vient on teste des lignes de chant. L’un ou l’autre propose une idée, c’est vraiment une interaction totale. Il est en studio, il a le micro à la main, on balance les sons en boucle, il tente des choses. Et on décide : « Ça on garde, ça on ne garde pas… »

Puis en fonction de ce que le chant amène, on va du coup recorriger la production pour mieux s’adapter à l’émotion qui ressort du chant. C’est un va-et-vient permanent. Il y a toujours une base, qui peut être des fois très minimaliste, et ensuite c’est un travail en binôme.

Vous aviez une volonté esthétique et des influences communes au moment de la création du projet ?

Les artistes sur lesquels on tombe d’accord dans ce qu’on aime, c’est James Blake, Flume, Moderat, Apparat. Voilà, ça c’est les quatre grands noms qui, je pense, se ressentent un peu dans ce qu’on fait.

Alex, lui, il vient vraiment de la pop, plutôt le côté shiny ; avec moi qui assure plutôt le côté sombre, on essaie d’opérer cette combinaison, y compris dans la recherche des textes d’ailleurs. On peut avoir parfois des chants très légers, alors que les textes sont plutôt badants. On essaie d’équilibrer les deux.

Après, la culture électro-pop, personnellement j’avoue que je ne l’ai pas forcément, même si je bosse pour des groupes de ce style, ce n’est pas forcément mon courant de prédilection.

On essaie juste de faire de bons morceaux – comme tout le monde, évidemment –, mais dans tout ça si le background plus indé peut se sentir, c’est aussi bien.

C’est pour ça qu’on aime bien Moderat dans l’esprit, c’est un groupe parfaitement reconnu dans l’indépendant, mais ça ne les empêche pas de composer des morceaux qui ont une teneur très tubesque. Mais un tube n’est pas nécessairement un morceau facile. Ça peut être un morceau qui fait l’unanimité juste parce qu’il est hyper original, et d’un seul coup ça parle à tout le monde.

C’est le plus dur à faire, et c’est ce que tout le monde rêve de faire d’ailleurs.

Et évidemment, nous, là-dedans, c’est ce qu’on cherche à faire aussi. Pas systématiquement, comme tu as pu l’entendre dans l’EP : il y a des morceaux parfois hors format, il n’y a pas de couplet-refrain… On ne se pose pas de limites à ce niveau-là. Et ça va continuer comme ça, le prochain EP qui se prépare est encore plus flagrant en ce sens, avec des morceaux beaucoup plus directs, et d’autres beaucoup plus barrés, ambiant, qui prennent du temps à monter. Les influences hip-hop sont aussi de plus en plus présentes.

Vous avez aussi un projet de live avec cette formation ?

Oui, c’est même ce qui nous a motivés au départ, surtout dans cette scène électro, qui est très vaste, un peu ovniesque pour plein de gens qui ne comprennent pas qui fait quoi, qui joue quoi, « est-ce que ce sont des mecs qui passent des disques », « est-ce qu’ils jouent de vrais instruments »…

C’est très compliqué de rendre ça lisible pour le public, et comme pour le coup on vient tous les deux de la grande famille du rock, c’est important pour nous de trouver une connexion live avec les gens, de partager ça en direct avec eux, de donner une énergie différente. Ou même d’ailleurs de structurer les morceaux totalement différemment pour le live, de les amener avec un fil conducteur, un peu comme si on montait un film, dans cette idée-là.

Donc le live est actuellement en cours de préparation ?

C’est en cours oui. La vidéo du titre « Chemical » a pour but de montrer la dimension live du groupe. Le premier concert aura lieu le 16 décembre à Niort (79), avec entre autres INÜIT.

Qu’allez-vous jouer comme instruments/machines sur scène ?

Alex chante et fait des claviers. Moi je joue des synthés, percus, je commence à cumuler des machines au fur et à mesure du temps.

Ce n’est pas exclu qu’à terme on ajoute quelqu’un, un batteur pour le dynamisme.

C’est vrai que les percus quand tu les joues partiellement, moi ça me frustre un petit peu ; mais par contre ça me frustrerait d’autant plus de ne devoir jouer que ça tout le temps.

Pour la formule live, ça se fait en famille. Le technicien son, Vincent, bosse aussi avec moi sur Jabberwocky en live, le lighteux David aussi… C’est que des potes, une famille, on fait ça vraiment dans cet esprit-là, en totale autonomie.

Pour l’instant on n’a pas de label, on n’y est pas non plus réticents, mais on n’a pas cherché.

Vous auriez des idées de labels sur lesquels vous aimeriez signer ?

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En vrai non, je ne pourrai même pas te citer de noms… Il y a bien quelques grandes maisons qui me plaisent par leur éclectisme, des Ninja Tune ou des choses comme ça, des espèces de labels « qualité systématique ». Mais de toute façon, ces labels-là tu ne les choisis pas, c’est eux qui à un moment donné s’intéressent à toi, ou pas.

Ce n’est pas toi qui détermines si tu produis une musique de qualité, seuls les auditeurs peuvent le dire. Malheureusement toi tu fais du mieux que tu peux, sans savoir si ça va toucher des gens ou pas.

Si ça te touche toi, c’est déjà bien. Puis après on verra, si ça plaît à d’autres gens tant mieux, évidemment on serait ravis.

La musique reste un langage, et quand on se rend compte que les gens en face le comprennent… C’est très gratifiant, de voir que d’autres ont pu comprendre le message qui passe derrière.

En plus si vous vous lancez dans un projet de live en prolongement du travail studio, c’est qu’il y a une véritable envie de partage de votre côté. 

L’idée est de faire écouter notre musique au plus grand nombre possible, et de rencontrer ces gens… C’est clairement ça : avoir la chance de tourner, parce qu’on aime ça.

Je passe mon temps à tourner, j’ai dû faire plus de cinq cent dates avec des groupes ces dernières années, et c’est ce qu’il y a de plus kiffant en fait. Tu voyages, tu rencontres des gens… C’est ce qu’il y a de plus enrichissant même musicalement parlant : tu tournes, tu vois d’autres groupes en live, tu découvres des méthodes, des manières différentes de travailler… C’est ce qui nourrit en permanence, beaucoup plus que d’écouter du son sur Internet.

C’est même d’ailleurs surprenant, tu joues parfois avec des groupes dont tu n’aurais pas du tout apprécié la musique sur Internet : tu aurais sûrement zappé dans les deux secondes, en mode « ça ce n’est pas pour moi », et finalement tu te retrouves à un concert, tu assistes aux balances, et là d’un seul coup tu te mets à saisir totalement ce qu’ils ont voulu dire.

Le live, il n’y a rien de mieux pour voir si quelque chose est sincère ou pas, je trouve que ça se sent directement.

Un petit message à faire passer pour finir ? 

Eh bien on invite les gens à aller découvrir l’EP, et le live !

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