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Les Nuits Secrètes : le festival des premières fois

Les Nuits Secrètes : le festival des premières fois

Le week-end du 29, 30 et 31 Juillet avait lieu la 15ème édition du festival Les Nuits Secrètes, événement auquel Manifesto XXI était bien sûr présent. Pour cela, nous nous sommes rendus dans le village d’Aulnoye-Aymeries, à la frontière belge du Nord-Pas-De-Ca… pardon, des Hauts-de-France.

Dans la lignée des festivals que nous avons couverts cet été, les Nuits Secrètes n’est pas une usine à têtes d’affiches et à festivaliers mais avant tout un projet culturel et musical dont la recette semble faire des merveilles chaque année. Avec un savant mélange d’artistes de variété populaires et de découvertes musicales de l’année, on ressent avant tout le désir des organisateurs de faire plaisir.

Derrière ce nom mystérieux, les « Nuits secrètes », se cache une idée géniale qui, associée à une programmation de qualité, a rendu ce festival unique.

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Bienvenu(e)s dans l’univers des parcours secrets et des dépucelages musicaux

Pour vous expliquer le principe des parcours secrets, je vais essayer de faire simple, mais je reconnais que je n’en ai vraiment compris le fonctionnement qu’après y avoir participé.

Généralement, on va à un festival parce qu’on connaît des artistes de la programmation et qu’on apprécie le genre musical proposé. Rien d’étonnant puisqu’on investit de l’argent, du temps de déplacement et beaucoup d’énergie pour affronter l’épreuve du camping. Mais cela a deux effets pervers : le public devient de plus en plus homogène et les programmations des festivals se ressemblent tristement. Bref, ça manque un peu d’audace et on y perd en découvertes et rencontres inattendues.

La programmation officielle …

Pour remédier à ce problème, Les Nuits Secrètes proposent une double programmation. D’abord, il y a la prog’ officielle. De ce côté, rien de très original même si on distingue une volonté de brasser des publics variés. Pendant trois jours, une quarantaine d’artistes vont se succéder sur les trois scènes principales.

Sur la grande scène, c’est plutôt mainstream et intergénérationnel : Alice on the Roof, Lilly Wood and the Prick, Selah Sue, Alain Souchon et Laurent Voulzy, The Shoes

J’avoue pour ma part avoir passé l’essentiel de mon temps à la scène du Jardin qui correspondait plus à mes affinités musicales. Pour ma défense, je ne suis pas pour autant restée en terrain connu et les concerts auxquels j’ai assisté étaient tous des « premières fois ». En effet, le Jardin était essentiellement dédié aux jeunes talents et à la scène alternative française. Il y avait donc beaucoup d’artistes que je rêvais de voir depuis longtemps, et d’autres dont j’avais à peine entendu parler mais de la meilleure des façons. La scène du Jardin accueillait, parmi d’autres : Odezenne, FKJ, Flavien Berger, Thylacine, Bachar Mar-Khalifé et Mansfield TYA. Dans l’espace du Jardin, un petit carré façon « plage et cocotiers » accueillait des dj sets pendant la journée. Si j’en avais le pouvoir, j’attribuerais une palme d’or du dj le plus chill à celui qui a mixé du haut d’une chaise de surveillant de baignade.

dj set au Jardin
dj set au Jardin

Enfin, les Nuits secrètes proposent une scène qui n’ouvre ses portes qu’à la nuit tombée, une fois que les autres concerts prennent fin. Pour les noctambules, la fête se poursuivait donc à la Bonaventure, avec une programmation plus dancefloor : Andre Bratten, Verlatour, Arnaud Rebotini, the Hacker

Il y en avait pour tous les goûts, ce qui a fait la joie des visiteurs originaires de la commune qui venaient profiter de la fête en famille comme des publics plus avertis.

… versus la programmation secrète

En marge de cette programmation se déroule l’autre facette du festival. Le principe : les spectateurs peuvent acheter des places pour la modique somme de 6 euros. Ces billets correspondent à un « parcours secret » dont on ignore tout. A l’heure indiquée, on est invité à rejoindre un bus qui nous achemine vers un endroit inconnu pour assister au concert d’un artiste dont l’identité reste confidentielle jusqu’au dernier moment. C’est l’occasion de découvrir des groupes et d’assister à des performances dans des lieux intimistes. Cette année, la liste des artistes participant aux parcours secrets nous apportaient au moins la garantie d’une bonne surprise : Flavien Berger, Vanessa Wagner, C.Duncan, General Elektriks, Mansfield.TYA, O., François & the Atlas Mountains et Sébastien Martel. Enfin, on n’est jamais à l’abris d’une situation inhabituelle. J’ai notamment appris que pendant un de leurs concerts secrets, les filles de Mansfield.Tya avaient face à elle une troupe de personnes qui étaient venues célébrer un mariage (ndlr : les chansons de Mansfield.Tya parlent souvent de choses pas très joyeuses comme la fin, l’ennui, la solitude …). Pas vraiment le groupe qu’on passe à inviter pour jouer à son mariage.

Notre itinéraire coup de coeur

Ce qui est fantastique aux Nuits secrètes, c’est que personne ne vit le même festival. Notre itinéraire n’est qu’une expérience parmi les mille autres parcours possibles.

Samedi. – Arrivée Samedi, je débute le festival par un acte manqué. Après quelques mails flatteurs envoyés à l’organisation, je réussis à obtenir l’horaire du parcours secret de Mansfield.TYA et une accréditation pour y assister. C’était sans compter sur le temps d’attente pour récupérer ladite accréditation, les fouilles répétées des policiers et mon retard légendaire … Le destin a donc voulu que je ne triche pas en assistant à un parcours secret pas si secret. Déçue mais motivée à tenter autrement l’expérience, je me rend donc à la billetterie afin de me procurer une place pour le prochain parcours. Me voilà en possession du ticket pour le parcours n°14, départ de la navette dans 20 minutes.

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Je m’installe dans le bus, curieuse mais méfiante. Et si c’était le concert d’Alain Souchon et Laurent Voulzy et que je me retrouvais prise au piège ! A ce moment, je ne connaissais même pas la liste des artistes qui proposaient des concerts secrets. Au cours de ce trajet, j’en apprendrai beaucoup sur moi-même et ma crédulité. J’avais beau avoir lu que des compagnies de théâtre faisaient des performances dans les navettes quelques jours auparavant, quand je me suis retrouvée en face d’un mec avec un cordon enroulé autour du visage et un regard pervers, j’y ai cru.

Quand une nana habillée en agent de sécurité a commencé à l’insulter, j’y ai cru aussi. Jusqu’à ce qu’elle utilise son pistolet (à eau). Nous débarquons dans un village désert, accueillis par une horde de militaires. Mais ça, ce n’est plus la performance, c’est l’état d’urgence … Nous arrivons face à une salle des fêtes aux faux airs de chapelle. Suite à un arrêté préfectoral, en raison de l’état d’urgence, les concerts secrets auront uniquement lieu dans des salles. Finis les granges, jardins d’été et autres endroits insolites. On entre dans la salle, le groupe entame directement son premier morceau, et là, surprise … Je ne connais pas ces mecs ! J’écoute, j’observe, je tend l’oreille au cas où quelqu’un dans le public prononcerait leur nom. Ils finissent par se présenter : Frànçois & the Atlas Mountains.

Après avoir entré leur nom sur facebook et aperçu que beaucoup de mes amis connaissent ce groupe, je suis ravie de les découvrir à mon tour. Cependant, aujourd’hui je m’attendais à voir Mansfield.TYA et je me retrouve face à quatre joyeux lurons qui chantent des textes légers sur des mélodies entraînantes. Il me faut donc un peu de temps pour m’acclimater mais lorsqu’ils entament leur morceau La Vérité, c’est le coup de coeur. Frànçois & the Atlas Mountains, c’est une pop légère, psychédélique et dansante, mais pas naïve pour autant (oui, depuis je suis devenue experte du groupe). Je commence à peine à m’amuser que c’est l’heure de retourner au bus. Les comédiens sont encore là, mais cette fois je ne me ferai pas avoir.

Retour à la scène du Jardin. Il y a 500 mètres de queue pour entrer, c’est l’heure de Petit Biscuit et bientôt de Flavien Berger. On entend que la Grande scène, au contraire, n’est pas remplie. Comme dirait mon voisin de queue, c’est pas très sympa pour Laurent Voulzy et Alain Souchon (allez j’arrête c’est promis). En fait, on doit attendre car le détecteur de métaux de la sécurité ne marche plus. Il commence à prendre de la place cet état d’urgence. J’apprendrai même que la scène tremplin a dû être déplacée car elle gênait le passage des chars d’assaut. Je m’éclipse tôt ce soir, juste après le live planant de Flavien Berger.

Dimanche. – Petit tour au carré plage et dj set du Jardin avant mon interview avec Mansfield.TYA prévue à 18 heures. J’ai la bonne surprise de tomber sur un set qui change un peu de ce qu’on a l’habitude de voir. Le dj est perché sur une chaise de surveillant de baignade et passe des titres parfois solaires parfois inattendus. Difficile de croire qu’on est dans le Nord-Pas-de-Calais.
Ensuite, direction la scène du Jardin pour Bachar Mar-Khalifé sur les conseils d’un copain. Deuxième coup de coeur de la journée. Les chansons Lemonade, Layla et Laya Yabnaya ont directement rejoint mes top titres Spotify. Chanteur et compositeur franco-libanais, il est signé sur le label Infiné et nous transporte entre ballades lyriques orientales et morceaux électroniques plus festifs. Il déploie une telle énergie sur scène qu’on approchait parfois l’état de transe.

Enfin, c’est l’heure de Mansfield.TYA. Pendant un peu plus d’une heure, le duo offre un live acoustique de leur nouvel album Corpo Inferno. Doux et émouvant au début, les deux filles entament le concert par leurs voix sensuelles qui murmurent en écho avant d’entreprendre la mélancolique BB. Puis, plus le temps passe, plus elles vont se révéler joyeuses et malicieuses, notamment avec Bleu Lagon dont elles font une interprétation encore plus second degré que l’originale.

Je suis restée pour écouter le début de Vitalic, mais lui, je l’avais déjà vu. La fin des découvertes sonne l’heure du départ.

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