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Nelson Beer étincelle. Pop sphérique et électro avec Oblique II

Nelson Beer étincelle. Pop sphérique et électro avec Oblique II

Coup de cœur ultime de ces derniers mois, Nelson Beer prolonge Oblique d’un deuxième EP avec Oblique II. Nouveau chapitre, nouvelles pépites sonores, cette seconde release s’inscrit dans la continuité des premiers sons avec trois nouveaux titres très pop et narratifs.

On l’a découvert il y a un peu plus d’un an. On a d’abord discuté avec lui dans nos pages pour son passage aux Transmusicales, avant de se rendre compte qu’on l’aimait vraiment (vraiment) beaucoup. D’où notre envie, il y a quelques semaines, de l’inviter aux cinq ans de Manifesto. Ancien skateur, passé par l’art contemporain et la musique classique, Nelson Beer s’est fait remarquer en décembre dernier avec son premier EP Oblique et à peine quelques sons en poche. Pour celui qui pense la scène comme on ride sur deux roues, arrivé en musique un peu par hasard ; composer, chanter et performer sont avant tout le fruit d’une recherche expérimentale – presque philosophique.

© Andrea Murray

Pop, électro, textes en anglais et en français, Nelson Beer mélange les genres, se joue des codes. Sur scène, la performance prend une place toute particulière, pourvu qu’elle soit unique. Dans ses sons, on retrouve aussi des thèmes récurrents : sexualité ou genre remis en question, image de l’artiste masculin brouillée. Dans « I am a woman » ou « Nadya », il nous interpelle ainsi directement et interroge notre perception du genre, « I am a woman, how do you know ? ».

« Jaime, Jaime, laisse-moi t’aimer »

Avec Oblique II, plus aucun doute, Nelson Beer se confirme : le voilà qui étincelle, chante, détonne et nous reste dans la tête. Dans ce second volet, il se met encore plus à nu et nous embarque dans une transe pop et électro, au rythme d’une voix posée, légèrement aiguë, mais sûre. Portait d’un garçon qui s’esquisse, cet homme désiré, fantasmé, aimé peut-être, que la voix du chanteur nous présente au rythme de ce refrain en forme de souhait : « Jaime, Jaime, laisse-moi t’aimer ». Perception de biais, avec un « faciès aux mille visages », le Jaime de Nelson Beer explore les abîmes du familier et de l’amour qui se mue.

L’oblique, c’est ce qui n’est pas parallèle, c’est ce qui sort de l’ordre établi. Et c’est bien ce qui semble de rigueur pour qualifier ce triptyque musical, dont « Numb » et « FREEEEEEE » ouvre et ferme respectivement l’EP. Le premier est plus contemplatif et chante un engourdissement existentiel ponctué de doutes et de questions. A l’inverse, « FREEEEEEE » vient se décharger de l’énergie accumulée. Les samples deviennent plus aiguës, le rythme s’accélère, et l’on reste embarqués jusqu’au bout, pour le meilleur.

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Article : Bryan Ferreira

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