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Morgan Delt, dans la brume ou dans l’espace ?

Morgan Delt, dans la brume ou dans l’espace ?

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Il y a peu, nous écrivions sur l’âge d’or psychédélique malouin. Oui, Morgan Delt était là, le 14 août à la Route du Rock et les mélodies versatiles s’étiraient comme de la mozzarella fondue. Nous ne pouvions en rester là. Aussi sommes-nous partis à sa rencontre, au travers des brumes d’une tournée de plus de deux semaines, pour parler de son second album, Phase Zero, sorti le 26 août sur Sub Pop, mais aussi de musique psychédélique et de films de science-fiction.

Manifesto XXI – As-tu toujours écouté de la musique psychédélique ?

Oui, plus ou moins… Au moins depuis le début de mon adolescence.

Manifesto XXI – Tu n’es pourtant pas né dans les années 60, si ?

Ah ah ! Non, bien sûr que non ! Je ne sais pas, je crois que j’avais juste l’habitude d’écouter les radios « oldies ». Tu sais, ces radios qui passent de vieilles musiques ? C’est là que j’ai entendu les Beatles, Donovan, Jefferson Airplane, ce genre de groupes. Je pense que c’est ce qui m’a attiré vers le rock psychédélique.

Manifesto XXI – Ennio Morricone est très souvent cité lorsque l’on parle de ton morceau « Barbarian Kings », c’était une inspiration ?

Oui, complètement, Morricone est une très grosse influence ! En réalité, je suis très influencé par les bandes originales, même par les banques sonores, les sons génériques que l’on peut utiliser dans les films ou les séries télé. J’adore créer des atmosphères, que ma musique puisse vous faire visualiser des paysages ou même des scènes de films.

Manifesto XXI – Si l’album Morgan Delt était une bande originale, comment serait le film ?

Oh wow, c’est une question vraiment difficile ! Idéalement je dirais… Tu connais Holy Mountain ?

Manifesto XXI – Non, pas du tout.

C’est parfait dans ce cas je dirai juste ceci : Holy Mountain.

Manifesto XXI – Je comptais te demander de nous recommander un film, mais peut-être que tu peux nous en dire plus sur Holy Mountain ?

Oui, c’est complètement dingue. C’est un film tourné à Mexico dans les années soixante par un réalisateur chilien, qui vit d’ailleurs actuellement à Paris (ndlr : Alejandro Jodorowsky), et… C’est fou. L’histoire parle de tarot et d’alchimie, c’est très étrange et vous devriez absolument le regarder !

Manifesto XXI – Tes compositions consistent principalement à créer des atmosphères et des paysages, mais pour le moment tu n’as réalisé aucun clip, pourquoi ?

En réalité il y en a un, à paraître très prochainement, mais ce n’est pas encore en ligne, je ne peux pas en dire beaucoup plus…

Manifesto XXI – Ta musique est pleine de structures et de rythmes complexes, tu la décrirais tout de même comme « pop » ?

Oui, j’espère vraiment que c’est de la « pop ». J’aime bien les musiques pop accrocheuses et j’espère que ce que je fais y ressemble, même si c’est un petit peu étrange parfois. J’essaie d’inclure des éléments pop à chaque fois.

Manifesto XXI – Es-tu attiré par cette idée de faire quelque chose d’encore plus « catchy », peut-être un peu facile, à la manière de la collaboration entre Mark Ronson et Kevin Parker de Tame Impala ?

Je ne crois pas avoir entendu celle-là mais oui, c’est l’idée. J’aime bien certains des morceaux de Mark Ronson que j’ai entendu. Mais surtout, la pop ne se limite pas à la pop contemporaine, j’aime bien regarder en arrière et si on y réfléchit, les Beatles étaient pop, The Hollies, The Monkees, The Turtles, tous ces groupes étaient des groupes de pop, basiquement.

Manifesto XXI – Lorsque l’on pense à Los Angeles ou à la musique psychédélique en France, c’est toujours ensoleillé, brillant, pourtant d’après les paroles, ton album est plutôt sombre parfois. Est-ce que la musique psychédélique devrait être toujours ensoleillée ?

Non, je ne crois pas que ça devrait être ensoleillé. Même s’il y a un soleil sur la pochette de mon album… Sur les deux d’ailleurs ! Non, pour moi, la musique psychédélique paraît ensoleillée à la surface, mais il y a quelque chose de bien plus sombre en dessous.

Morgan Delt Covers

Manifesto XXI – Parle-nous de ton processus de composition… Il semble que c’est un travail très méticuleux, mais est-ce que tout est réellement calculé ?

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C’est un peu des deux. Habituellement je commence avec quelque chose de vraiment basique comme un riff de guitare, une ligne de basse ou une mélodie vocale. Après, je n’arrête pas d’ajouter des trucs et les idées viennent juste à moi. Parfois ça peut prendre beaucoup de temps, mais au final ça arrive, je crois.

Manifesto XXI – Je sais que tu as joué à Liège au Micro Festival il y a environ une semaine, qu’est-ce que tu as fait entre ces deux dates, tu es resté en Europe ?

Oh, c’était un chouette festival ! Mais oui, basiquement on a fait des concerts tous les jours. Je ne peux même pas m’en rappeler… Hambourg, la nuit dernière nous étions… Oh, où étions-nous la nuit dernière ? Je ne m’en souviens même pas, c’est complètement flou. Nous avons fait Liège, Amsterdam, on est allés en Suisse… On en est à peu près à la moitié, on a encore une semaine de tournée en Europe.

Manifesto XXI – Que penses-tu de venir ici, en Europe ?

C’est un peu dur à réaliser tu sais, c’est tellement flou. On a à peine dormi la nuit dernière, nous étions en train de boire une sorte d’étrange gin hollandais sur la route dans le van… Je ne me souviens pas de grand-chose, mais c’est vraiment bien de venir par ici ! Tous les festivals sont vraiment cool et on s’amuse bien !

Manifesto XXI – Ton second album sorti sur Sub Pop est intitulé Phase Zero, il faut comprendre que le premier album éponyme Morgan Delt n’était pas le commencement ?

Non, en fait je pensais l’appeler « Number Two », « Volume Two » ou « Part Two », et puis alors j’ai pensé « Phase Two »… Alors ça m’est venu, pourquoi pas « Phase Zero » ? Ça sonne comme un film de science-fiction ou quelque chose du genre ! Je l’ai tapé dans Google pour voir ce que c’est et c’est en fait un terme en stratégie militaire. Après une guerre, il y a un moment de paix, ça signifie juste que l’on est en train de planifier la prochaine. C’est le cycle sans fin des guerres.

Manifesto XXI – Alors tu es déjà en train de planifier la prochaine ?

Ah ah je suis en train de planifier le prochain album ! Mais surtout, ça semblait s’accorder avec les thèmes dont j’essayais de parler et ça sonne comme un film de science-fiction étrange, c’était juste parfait !

Manifesto XXI – Merci Morgan !

Merci !

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