Après avoir frénétiquement tourné entre salles de concert et festivals, ici et ailleurs, avant que la pandémie ne mette un brusque coup d’arrêt au spectacle vivant, le duo de synthpunk Moïse Turizer a tiré avantage de l’isolement pour enregistrer son premier EP, Modern Light. Éclairage stroboscopique et compositions explosives.
Formé il y a quatre ans dans la capitale par Charles Eynaud de Faÿ (également membre du groupe Alpes) et Antoine Jannot, Moïse Turizer s’est rapidement fait connaître dans l’étroite scène rock indépendante au moyen de prestations fortes en décibels et à l’énergie toujours fiévreuse malgré un goût prononcé pour la cold-wave, captivant les foules quelles que soit leur densité. Au début de l’année 2019 paraît un premier opus de cinq titres compilant les morceaux lâchés sur Youtube, Bird Yard, sur le label indépendant Lofish Records (en partenariat avec Doggo Agostino Records).
Il ne s’agit cependant pas de l’ascension d’un bon groupe qui a sorti ses premiers succès sur un label indé, Charles Eynaud de Faÿ en plus d’être membre du tandem est le fondateur du label. Interviewé par Buzz On Web en 2019, l’artiste précisait : « Lofish Records n’est pas en soi un label à proprement parler, mais un collectif d’artistes centralisé sur le développement de groupes de musiques alternatives. Il regroupe aussi des vidéastes, des techniciens sons, des monteurs vidéo, des communicants, etc. ». La structure qui compte également Les Capsules, ramification qui propose aux artistes et groupes de la scène indépendante d’enregistrer des sessions vidéo en live, est donc avant tout un des nombreux projets artistiques de ce Niçois surmotivé et passionné, qui s’est exilé à Paris pour se retrouver au centre du circuit.
Coup de cœur d’Etienne Daho pour qui ils ouvrirent à la Salle Pleyel en décembre 2019, le célèbre chanteur franco-algérien avait partagé sur sa page Facebook leur titre « Pigalle » quelques mois auparavant. Trois mois plus tard, en 2020, on assistait tous incrédules au shutdown globalisé, nous menant à regretter inévitablement les concerts manqués, bourrés de remords aujourd’hui. Contraints au confinement, le tandem s’est décidé, situation oblige, à être plus qu’un groupe bête sauvage de scène, en enregistrant un premier EP officiel, Modern Light.
Caractérisé par ses synthés déments, mêlant les inspirations du meilleur des années quatre-vingts jusqu’à aujourd’hui, ce moyen-format de six titres s’ouvre sur le single éponyme « Modern Light ». Ses couplets guidés par la nonchalance d’un chant vaporeux, évoquent le style initié par l’iconique Ian Curtis, sur un fond épuré de boîtes à rythme et ligne de basse mises en socle. La comparaison avec la cold-wave du début des années 80 s’arrête néanmoins au refrain, où les pulsations saisissantes combinées avec le jeu des synthés, amènent le titre à son paroxysme, dansant et rédempteur, parfaite synthèse de la décennie précédemment évoquée.
Ce sont les influences canalisées sur l’album (l’introduction de « Who Knows » n’est pas sans rappeler celle de « Wrote For Luck » des Happy Mondays, symboles de la vague Madchester) qui en font une pièce de choix, moderne, décadente, dynamique et minutieusement travaillée. Moïse Turizer, outre des concerts survoltés, prouve qu’en arrière-plan, le duo-orchestre prend le temps d’étudier une réelle approche sonore. Le tandem a définitivement su tirer profit de l’isolation avec cette entrée discographique fracassante.
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Photo en Une : © Nicolas Despis
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