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Moesha 13 et Cherry B Diamond. Un match d’émancipation par Johanna Makabi

Moesha 13 et Cherry B Diamond. Un match d’émancipation par Johanna Makabi

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Avec Match, la réalisatrice Johanna Makabi s’est penchée en vidéo l’espace d’un instant sur Moesha 13 et Cherry B Diamond, ces deux sœurs aux multiples talents, tour à tour dj, productrices ou rappeuses, aux styles affirmés et à la puissance commune indéniable.

Que cela soit dans un flow rap martelé ou dans des dj sets délirants et émancipés, elles ne peuvent laisser personne indifférent. Ici en miroir, flash d’intimité dans le quartier de leur enfance, elles nous parlent de ce qu’elles sont, de ce qu’elles font, et d’où elles vont. Et Johanna Makabi, co-réalisatrice de Méduse, cheveux afro et autres mythes, nous touche aussi deux mots de ce sujet très personnel.

« Cette vidéo était à l’origine un triptyque de trois vidéos dont Moesha 13 avait fait l’ensemble de la bande son. Il s’agissait de traiter du fait d’être une femme noire, queer et de grandir dans une cité. La vidéo a été tournée à Glacière, une cité HLM du 13ème arrondissement de Paris. C’est là que j’ai passé toute mon enfance et où s’est construit mon imaginaire. Au début je voulais filmer Cherry B que je connaissais bien et dont le style un peu goth et Kawaii me rappelait une période de ma vie. Puis elle m’a présenté sa sœur. Les filles ont grandi dans un quartier similaire au mien à Stalingrad. C’était intéressant de les mettre en scène et qu’elles me racontent leur histoire, qui est si proche de la mienne.

Elles sont jumelles et très différentes, et c’était une belle métaphore de la dualité dans le fait de grandir dans une cité : vouloir en sortir à tout prix et s’y raccrocher en tant qu’artiste.

Pour ma part il y a eu un effet de rejet et de retour très fort à mes origines sociales, je pense que c’est pareil pour les filles dans leurs influences musicales. J’y adresse également la richesse culturelle de ces espaces, la musique de Moesha nous transporte avec la Kora du Mali puis part en beats plus dark. La présence des petits garçons en arrière plan est une manière d’adresser le regard sur ces jeunes femmes dans les quartiers. Il y a des regards bien sûr, mais ça ne nous a pas empêchées de nous affirmer dans ces environnements-là et de naviguer. »

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