Le festival lyonnais Mirage, consacré aux arts et aux cultures numériques, est revenu cette année pour sa cinquième édition. Dolus & Dolus et Les Subsistances nous ont concocté cette année un programme sur le thème « (Im)matérialités » : une envie de remettre de l’humain et du sensible dans le monde en apparence froid du numérique. Un pari relevé avec élégance par la majorité des artistes invités cette année. On vous fait découvrir trois artistes à suivre d’un peu plus près.
Empreintes, grande installation posée dans l’écrin du réfectoire du Musée des Beaux-Arts, impressionne par sa taille mais surtout par l’atmosphère paisible qu’elle impose. Chacun attend patiemment son tour avant d’aller composer lui-même une œuvre, grâce à un bloc noir rempli de capteurs qui enregistrent les mouvements des mains : des empreintes apparaissent sur l’écran interactif et composent une multitude d’œuvres polymorphes et éphémères.
Béatrice Lartigue est une artiste parisienne fascinée par les grandes questions métaphysiques que sont le temps et l’espace. Ses installations sont donc des expériences complètement immersives qui sollicitent la participation du spectateur. En 2012, elle invitait des enfants à créer leurs propres niveaux de jeux vidéo dans Super Mario Brush. Son installation Bain de Midi appelait à déambuler dans un espace rappelant une station balnéaire en plein été.
Béatrice Lartigue crée des capsules d’atmosphère plus que des œuvres. Elle sait aussi bien s’entourer puisqu’elle fait partie du collectif Lab212, fondé par des anciens des Gobelins, qui expose des installations immersives partout dans le monde.
Shadow In The Woods fait partie des rares installations engagées du festival. Face à une forêt plongée dans le noir, projetée sur un écran photosensible, le spectateur joue le rôle d’un passant, une lampe torche à la main, qui éclaire différents éléments du paysage. Au fur et à mesure, on découvre que des animaux se cachent dans cette forêt et que tous ont une réaction hostile face à la lumière. On prend ainsi lentement conscience des enjeux de la pollution lumineuse, en devenant un intrus perturbant la sérénité initiale de la scène.
À seulement 25 ans et encore étudiant à e-artsup à Paris, Florent Chau commence déjà à se faire un nom dans le design graphique. Shadow In The Woods a déjà remporté un prix à la Maker Faire de Rome en 2014. Il travaille actuellement sur un prototype d’application pour retrouver ses potes en festival et il a aussi illustré les goodies du clip « Turn Down for What » de DJ Snake. En bref, un touche-à-tout dont on va sans doute recroiser le nom…
L’installation Red Horizon est une des propositions visuelles les plus fortes de cette édition. Des petites lampes blanches accrochées à des pendules alignés sur deux rangées se balancent dans une salle plongée dans le noir. On entend des sons de bruissement, une vague composition musicale. Une sorte de ballet étrange parvient à se distinguer. Les lumières semblent avoir une conscience propre, communiquer entre elles. Elles ont même l’air de se moquer de nous quand elles tournent si vite que leurs mouvements restent imprimés sur la rétine. On ressort de la pièce, éblouis par le tour de manège.
Gabey Tjon a Tham est une artiste néerlandaise vivant à La Haye. Son travail, toujours chorégraphié avec précision, utilise l’énergie cinétique ainsi que le son et lumière pour explorer les harmonies et les conflits entre la nature et la technologie. Son autre installation phare, Les Monades, joue elle aussi avec notre perception en s’inspirant du mouvement du vent, à partir de haut-parleurs suspendus au plafond. Son exploration de différentes technologies l’a emmenée en résidences dans des lieux disparates : un studio de musique électro, le Museum of Transitory Art en Slovénie et un laboratoire urbain belge consacré au travail. En espérant la retrouver en France très prochainement…