Par Costanza Spina & Gaëlle Palluel
La première fois, c’était au Pete the Monkey, l’année dernière. Nous retrouvons cette année le duo Pépite formé de Thomas (chant) et Edouard (composition) au Biches Festival. Notre discussion vogue au-delà de la musique pour aller à la source de leur création : la mer, le voyage, le bateau, la méditation. Sur un bateau, la vue de l’espace repoussant l’horizon stimule la nostalgie et la divagation. Un environnement et un état d’esprit qui se retrouvent dans leur univers visuel coloré et figuratif conduit par Baptiste Perrin, le frère d’Edouard, pour leur premier EP Les Bateaux, chez Microqlima. Pourquoi Pépite ? Sans doute une sonorité rappelant la mer scintillante sous le soleil…
Manifesto XXI : On n’entend pas souvent des voix masculines comme la tienne Thomas, d’où vient ce parti pris vocal ? C’est naturel ?
Thomas : C’est naturel, je ne chante pas comme je parle, mais je n’ai rien changé.
Pépite, c’est un univers lié au voyage, des histoires de bateaux. Vous avez voyagé ?
Thomas : Moi oui un petit peu. Pas beaucoup mais j’ai fait des voyages en bateau. Je suis parti en voilier, on était 5 ou 6. Je suis allé en Bretagne, en Corse, en Croatie.
Qu’est-ce qu’on ressent en bateau sur la mer avec ses potes ?
Thomas : C’est intéressant parce que l’espace et la vision sont grands mais le bateau est très petit. C’est un huis clos chaleureux, pour moi en tout cas. Il y a un côté ennui aussi sur un bateau donc ça te permet de te poser, de réfléchir devant une mer magnifique. Ça pousse à la réflexion. Et maintenant il y a des bonnes sonos dans les bateaux donc tu peux même écouter de la musique !
Il y a de la peur sur un bateau ?
Thomas : Oui parfois, mais il faut faire confiance à tes co-équipiers. Ce qui peut être angoissant surtout c’est que tu ne vois jamais la côte.
Vos textes sont romantiques. Quel genre de relation vous tisseriez entre le voyage, le bateau et les histoires d’amour ?
Thomas : C’est possible oui. À chaque fois que je suis parti en bateau j’ai écrit. Je dirais qu’il y a une double nostalgie : celle d’une histoire qui ne se passe pas bien dont on réfléchit sur un bateau, et la nostalgie du retour sur Paris. Ça m’a inspiré pour ce premier EP.
L’univers visuel de Pépite est coloré et catchy. Ça vient d’où ?
Edouard : C’est mon frère, Baptiste Perrin, qui réalise tous les visuels. Il fait beaucoup de peinture. C’est venu naturellement, une rencontre logique entre notre univers et le sien. Il y a un réel aller-retour entre lui et le groupe. Pour ‘Hiéroglyphes’, c’est lui qui a proposé des choses qui collaient parfaitement à l’univers.
Côté technique, c’est plusieurs peintures mises bout à bout, c’est ça ?
Edouard : C’est 4500 peintures. 6 petites vignettes par feuille A4. Il les scanne et les anime ensuite. C’est peint directement sur verre pour le scanner. Il n’avait jamais fait ça avant, il a expérimenté !
Votre peinture est figurative, alors que l’on voit beaucoup d’abstrait, d’art numérique, minimaliste. Associée à votre univers musical, elle peut aussi faire penser aux impressionnistes qui se posaient devant la mer avec leur chevalet…
Edouard : C’est un peu notre style, ça vient du style de Baptiste. On aime bien être un peu néo-impressionniste.
On peut avoir l’impression qu’il y a aujourd’hui une méfiance vis-à-vis du romantisme dans l’art. Quelle est votre idée du romantisme ?
Thomas : Pour moi c’est la manière naturelle de faire des chansons. C’est mettre en relation les rapports humains et la nature, des choses plus simples. Le réalisme c’est chiant.
Vous êtes Parisiens ?
Thomas : Oui, justement, on veut s’oxygéner, ça nous manque.
Vous avez des groupes qui vous inspirent?
Thomas : J’adore Charles Trenet mais c’est une influence indirecte, je ne me compare pas à lui. On a des références différentes. J’adore Michel Berger, Bob Dylan, etc.
Edouard : Moi c’est plus anglo-saxon, les Beatles par exemple.
Vous pensez quoi du Prix Nobel attribué à Bob Dylan d’ailleurs ?
Thomas : Je trouve ça bien, mais du coup je trouve que ça fait beaucoup de buzz pour pas grand-chose. J’ai beaucoup aimé son discours qui est incroyable. Moi je suis un grand fan, je pense par contre que tout ce qu’il ne veut pas lui arrive : il souhaite qu’on l’aime juste pour ses textes, mais ça devient une foire autour de lui depuis les années 60.
Vous pensez que le musicien a remplacé le poète ? Que la musique est une manière plus répandue de faire de la poésie de nos jours ?
Thomas : Oui mais je ne pense pas qu’on soit au niveau de la littérature. Aujourd’hui il y a peut-être plus de chanteurs que de poètes. Poésie c’est un trop grand mot je pense.
Quand on regarde vos inspirations et vos univers, on a l’impression que vous voulez revenir à une origine, aller à contre-courant de quelque chose. Vous revenez à la chanson, aux paroles, au figuratif. On est peut-être une génération post-numérique, les derniers éduqués sans internet, on a peut-être envie de revenir à des choses plus manuelles, directes. Est-ce que vous allez à contre-courant de quelque chose ?
Edouard : Il n’y a pas de contre-courant. Je pense que c’est aussi qu’on vient tous les deux de groupes de rock, voire hard rock. On a fait basse-batterie-guitare. Donc c’était normal pour nous d’avoir une guitare et voix naturelle. C’est une base que l’on a.
Vous vous êtes rencontrés comment ?
Edouard : En Bretagne, à Sable-d’Or-les-pins.
Encore la mer… Vous voyagez ensemble ?
Edouard : On est allés en Slovénie ! C’était un voyage initiatique, c’était au tout début du groupe !
Dans le paysage musical actuel on a beaucoup de musique très urbaine, on entend même parfois les bruits métalliques alors que vous, c’est comme une grande respiration…
Edouard : La notion d’espace anime notre musique.
Prochaines dates
17.08.2017 au Point Éphémère
24.10.2017 à La Maroquinerie
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