« Marseille je t’aime » : les archives de Jacquemus

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On ne se lasse toujours pas de la success-story de Simon Porte Jacquemus, jeune provençal autodidacte, qui a créé sa marque à tout juste 20 ans et qui a conquis le monde en même pas dix années d’existence.

À l’occasion du festival Open My Med, qui met en avant les jeunes créateurs marseillais, Jacquemus investit Marseille avec un défilé, trois expositions et un beau livre. Son inspiration est toujours la même depuis la création de sa marque : la lumière du Sud, la tradition provençale, les champs de tournesols, l’art naïf…

Toutefois, après une consécration par le Prix LVMH et alors que le dixième anniversaire de la marque Jacquemus approche, on sent dans les œuvres de Simon Porte comme une envie de faire le bilan ainsi qu’une nostalgie de ses jeunes années sudistes.

Les titres des expositions sont évocateurs de ce retour vers le passé : « Archives », « Maisons » et « Images ».

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© Boris Horvat / AFP

« Maisons » est la première expérience en sculpture de Jacquemus. Les tournesols dans ce décor blanc immaculé évoquent effectivement ses « maisons » : Salon-de-Provence où il est né et Marseille, sa ville de cœur. Dans ce décor nostalgique sont accrochées quelques-unes des pièces fondatrices de la marque : elles paraissent plates, ternes, presque chiffonnées, dans l’éclat et la modernité du décor.

Paradoxalement, la mode n’est pas vraiment le cœur du propos de ces expositions. Elles retracent surtout le parcours d’un homme qui a su puiser dans ses racines pour engendrer une œuvre globale, dont la mode ne représente qu’une facette. Ce sentiment ressort encore plus dans la série de photos « Archives », directement inspirée de la performance Bodies in Urban Spaces de Willi Dorner.

Toutes les personnes représentées portent des vêtements de la marque Jacquemus. Ce ne sont cependant pas les pièces qui sont au centre mais le décor, non plus urbain, mais celui sec et minéral des calanques. Seule touche de douceur : les fleurs, jaunes toujours, posées au-dessus de la mêlée.

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« Maisons » et « Archives » sont toutes les deux réunies au musée d’Art Contemporain de Marseille, mais « Images » est présentée seule dans la chapelle du Mucem. Cette séparation est presque regrettable tant toutes les installations se répondent.

« Images » est une installation beaucoup plus ludique et accessible, qui consiste en un mur-écran sur lequel sont projetées de longues séries de vidéos retraçant la vie et le parcours de Simon Porte Jacquemus. On peut l’y voir petit garçon, déguisé, pensif, quand il ne fait pas carrément des doigts d’honneur à la caméra. À côté sont juxtaposées les images du créateur de mode, au travail, à Paris, en voyage… Le vêtement est là, mais les images de défilés ou de shootings sont absentes : ce sont des mannequins libres, courant dans la rue ou dans les champs, qui témoignent du cheminement créatif de la marque. Toutefois, ce que cette installation prouve surtout, c’est que Simon Porte Jacquemus n’a que deux amours dans sa vie : la Provence et sa maman, qui crèvent l’écran et sont présentes à toutes les étapes du parcours.

Les hardcore fashionistas qui s’attendaient à une rétrospective de la marque Jacquemus seront peut-être déçues par cette série d’expositions ; les autres seront émus par l’homme-enfant naïf caché derrière le créateur surdoué.

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