Avec son EP Kimchi Slap riche de quatre titres, le DJ sud-coréen Marcus L s’affirme face à la concurrence de la techno industrial, l’acid et la trance. Kimchi Slap sors sur Intrepid Skin, le label de SPFDJ et assure à quiconque saura le mixer, de faire bondir ses foules.
Dans le milieu de l’industrial, les sets et le travail de SPFDJ n’a désormais plus rien à prouver. En tant résidente de la Herrensauna à Berlin et sur Rinse FM, ainsi que se produisant aux festivals Dekmantel et Re-Textured, elle lance le label Intrepid Skin. Aujourd’hui c’est Marcus L que le label décide de mettre en avant avec SKIN004 Kimchi Slap. Cette sortie est précédée par celles de VTSS, Schacke et Nene H. La sortie SKIN004 « Kimchi Slap » produite par Marcus L nous vient tout droit de Corée du Sud. Au-delà de la reconnaissance du pays dans le domaine du cinéma, la Corée du Sud a su se frayer une place assurée dans les charts via la notable house de Peggy Gou, la techno Lo-Fi de Yaeji, ou encore la darkwave de Park Hye Jin. Cette fois-ci, c’est à travers de la techno industrial tambourinante que l’on découvre la scène musicale dud-coréenne. Loin des clubs luxueux et lustrés de Gangnam, c’est à Itaewon que l’on retrouve les clubs les plus niches et expérimentaux de Séoul. Marcus L est résident au Faust, club iconique qui se trouve dans ce quartier où prône l’expérimentation et la fête libre.
N’oublions pas que la Corée du Sud reste un pays dans lequel la censure n’a pas de limite. Depuis la présidence de Lee Myung-Bak en 2008, le pays souffre d’une énorme vague de censure. Le tatouage, par exemple, reste symbolique de modes de vie vécus en marge de la « norme », comme les criminels et gangsters. Souvent, la télévision se voit dans l’obligation de brouiller les dessins corporels. Dans un tel environnement, la musique en tant qu’acte de résistance ne peut que prendre de l’ampleur. Les titres de cet EP, sorti en vinyle et en digital, annoncent la couleur. On y retrouve les termes « slap » (« gifle »), « hardcore ». Mais cette férocité est contrebalancée par un bon sens de l’humour qui, selon VTSS, est la spécialité du jeune DJ. « Kimchi slap » est un joli clin d’œil au met culinaire utilisé dans une variété de plats coréens. Le chou fermenté devient métaphore de l’acidité du track. Le chou sera même photographié au microscope pour devenir la couverture de cet EP. Selon son communiqué de presse, on remplace volontairement le « s » de psycho dans « P for phycho », afin de possiblement illustrer l’américanisation de la société locale. L’anglais devient une langue mondiale et a tendance à être automatiquement utilisée afin que les différentes sociétés puissent communiquer de façon fluide. Cela se fait souvent brutalement et sans période d’ajustement. Les locaux se voient donc parfois obligés d’apprivoiser cette langue afin de faire face à la mondialisation soudaine qui se colle à leur identité. Marcus L pratique donc l’auto-dérision et critique en même temps les clichés de sa société qui sont perpétrés par le regard occidental. Il s’impose via cet EP en utilisant des titres anglais, mais en y ajoutant des erreurs méticuleusement travaillées pour montrer à quel point il faut s’accommoder du monde occidental afin d’y percer.
Marcus L propose des sons virulents et exutoires sans répit. Les accords sont saccadés et sont prêts à tester la capacité de notre rythme sur le dancefloor lorsque l’on oscille entre trance, acid, industrial, et techno 90’s. En un peu moins d’une demi-heure, on se laisse emporter dans une atmosphère un peu inquiétante et parsemée de folie. Surtout dans « Kimchi Slap » ou l’on retrouve Kill.gone, rappeur reconnu en Corée du Sud. Simple mais efficace : il y répète ces deux mots incessamment afin d’accentuer l’aspect délirant de la composition. Pour séduire les âmes plus sensibles, Marcus L fait appel à Hadone pour livrer un remix plus groovy du titre. « Kimchi Slap » s’emplit alors de mélancolie et d’ecstasy pendant que la voix de Kill.Gone se transforme en voix féerique. On vous laisse déguster cette recette sonore ci-dessous.